L’ANTISÈCHE - Au fait, c’est quoi les solutions fondées sur la nature ?
Les solutions fondées sur la nature visent à répondre à des enjeux de protection et de restauration de la biodiversité, d’atténuation et d’adaptation au changement climatique, ainsi qu’à d’autres besoins sociaux.
Elles sont souvent mentionnées dans des textes portant sur la biodiversité et le changement climatique à l’échelle nationale et internationale, comme le Plan national d’adaptation au changement climatique publié le 25 octobre, la Stratégie européenne en faveur de la biodiversité à l’horizon 2030 ou le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal : les solutions fondées sur la nature (SFN) sont présentées comme un moyen de renforcer les services rendus par la biodiversité aux activités humaines, de lutter contre le changement climatique et de s’y adapter.
Mais en quoi consistent-elles exactement ? Il s’agit d’actions ayant des bénéfices pour la biodiversité et répondant dans le même temps à un ou plusieurs défis de société. L’Assemblée des Nations unies pour l’environnement les définit comme « des actions destinées à protéger, observer, restaurer, utiliser de manière durable et gérer des écosystèmes naturels ou modifiés territoriaux, d’eau douce, côtiers et marins, qui répondent à des défis sociaux, économique et environnementaux efficacement et de manière adaptée, tout en fournissant des bénéfices concernant le bien-être humain, les services écosystémiques, la résilience et la biodiversité ».
Préservation et restauration
Par exemple, des actions de renaturation des villes permettent de ramener de la biodiversité dans les espaces urbains. Pour les habitants, cela contribue à la lutte contre les îlots de chaleur et prévient les inondations, puisque l’eau peut s’infiltrer dans la terre. D’autres SFN peuvent contribuer à la sécurité alimentaire, à l’accès des populations à l’eau potable ou encore à l’adaptation au changement climatique ou à son atténuation.
Le Comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) distingue trois types d’actions : celles dédiés à la préservation d’écosystèmes « fonctionnels et en bon état écologique », à « l’amélioration de la gestion d'écosystèmes pour une utilisation durable par les activités humaines » et à la « restauration d’écosystèmes dégradées ou la création d’écosystèmes ».
Les entreprises sont aussi concernées
Plusieurs acteurs peuvent donc mettre en place et financer des solutions fondées sur la nature : l'État et les collectivités, mais aussi les associations et les entreprises. Attention, dans ce dernier cas, il ne s’agit pas simplement de mener des actions de compensation pour la biodiversité puisque celles-ci « s’inscrivent en réponse à des obligations réglementaires, ont pour objet de réparer des atteintes à la biodiversité générées par un projet [et] ne sont pas conçues comme la réponse à un défi sociétal », précise le comité français de l’UICN dans un guide intitulé « Entreprises et solutions fondées sur la nature ». En revanche, les entreprises peuvent proposer à leurs clients « la conception ou la réalisation de ce type de projets », réaliser une SFN dans le but « d’améliorer ses pratiques sur sa chaîne de valeur » ou soutenir une structure porteuse d’une SFN par du mécénat ou de l’investissement.
L’UICN a établi en 2020 un Standard mondial visant à identifier les solutions fondées pour la nature. Il fixe huit critères :
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elles répondent à un ou plusieurs défis sociétaux,
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elles sont adaptées à l’ampleur du problème, en prenant en compte l’échelle géographique, mais aussi les dimensions économiques, écologiques et sociétales,
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elles apportent un gain net pour la biodiversité,
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elles sont viables économiquement,
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elles sont fondées sur une gouvernance inclusive et transparente,
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elles trouvent un équilibre entre l’atteinte des objectifs à court et long termes et les coûts et risques éventuels du projet,
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leur gestion est adaptative,
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elles peuvent être mises en œuvre sur le long terme ou répliquées à grande échelle, en étant intégrées dans les cadres politiques et réglementaires.
Célia Szymczak