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Par Carenews INFO - Publié le 10 novembre 2025 - 10:00 - Mise à jour le 10 novembre 2025 - 12:23 - Ecrit par : Célia Szymczak
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L’impact social et écologique de l’épargne, toujours peu priorisé par les Français

L’épargne solidaire, qui permet de financer des projets à vocation sociale et écologique, est mal connue des Français, selon un baromètre publié par l’association Fair avec le réseau France active et Opinion way, à l’occasion de la Semaine de la finance solidaire. Dans leurs choix d’épargne, ils affichent d’autres priorités que l’impact social et environnemental.

Fair, France active et Opinion way diffusent depuis quatre ans un baromètre détaillant les pratiques des Français en matière d'épargne.  Crédit : Carenews.
Fair, France active et Opinion way diffusent depuis quatre ans un baromètre détaillant les pratiques des Français en matière d'épargne. Crédit : Carenews.

 

0,46 % de l’épargne des Français est placée dans des produits d’épargne solidaire, dont le but est de financer des projets à impact social ou écologique, auprès de banques ou d’assurances, dans les plans d’épargne salariale ou collectés par des entreprises reconnues « d’utilité sociale ». Cela représente 29,4 milliards d’euros. À ce jour, il s’agit d’une « goutte d’eau » par rapport au total de l’épargne, déclare Patrick Sapy, le directeur général de Fair, une association qui promeut ce type d’épargne et qui souhaite la démocratiser.  

À l’occasion de la Semaine de la finance solidaire qu’elle organise du 10 au 16 novembre pour mieux la faire connaître, elle publie avec l’institut de sondage Opinion way et le réseau de financement France active un baromètre intitulé « Les Français et la finance solidaire ».  

 

Crédit : Carenews, à partir des données de Fair, France active et d'Opinion way.
Crédit : Carenews, à partir des données de Fair, France active et d'Opinion way.

 


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L’enjeu de « passer à l’échelle » 

 

Premier constat : la nombre d’épargnants qui savent que leur argent peut servir à des projets écologiques et sociaux reste limité. Environ deux tiers des personnes interrogées se déclarent mal informées sur les produits d’épargne solidaire (66 %), leur rentabilité (65 %), les projets qu’ils financent (65 %) et les acteurs qui utilisent l’épargne (64 %). Les chiffres varient peu par rapport aux années précédentes.  

« Beaucoup », d’épargnants solidaires ne savent pas eux-mêmes qu’ils souscrivent à ces produits, souligne Patrick Sapy. « Nous avons un vrai enjeu de pédagogie pour mieux faire connaître l’épargne solidaire » et « passer à l’échelle », insiste-t-il. L’association souhaite doubler la part de l’épargne investie dans des produits solidaire, pour passer à 1 % de l'épargne totale. 

 

La disponibilité et la rentabilité priment 

 

« Il y a beaucoup d’idées reçues sur l’épargne solidaire », continue le directeur général de Fair. Elle ne rapporte pas forcément moins d’argent que d’autres types d’épargne, soutient-il. Les livrets solidaires ou de partage rapportent peu, « de l’ordre de 1 à 3 % d’intérêts avant impôt », mais « beaucoup de fonds [solidaires] performent autant » ou « légèrement moins » que les autres sur des supports comme les contrats d’assurance-vie, sur lesquels l’argent est moins disponible. L’investissement direct dans des entreprises d’utilité sociale ouvre droit à une réduction d’impôt de 25 %, à condition de conserver cinq ans les titres reçus, ce qui garantit aux yeux de Patrick Sapy une forme de retour sur investissement. 

La rentabilité est en effet une question centrale. Lorsque les auteurs du baromètre demandent aux répondants les deux premiers critères qu’ils appliquent dans leurs choix de produits, ils citent largement la sécurité du capital (53 % considèrent que c’est le premier ou le deuxième critère) et sa disponibilité (52 %), mais aussi son rendement financier (42 %). C’est bien davantage que l’impact écologique et social de l’investissement (24 %), même si ce critère connaît une augmentation de 4 points cette année par rapport à 2024. 

 


À lire aussi : L'ANTISÈCHE - Au fait, c'est quoi l'investissement à impact ? 


 

L’épargne est-elle politique ?  

 

De même, 73 % des répondants du baromètre disent que leur épargne a avant tout une finalité personnelle, comme sécuriser leur patrimoine ou rapporter de l’argent pour leurs projets. Ils ne sont que 24 % à affirmer qu’elle a avant tout une finalité qui arrive à lier rentabilité et solidarité (15 %) ou une finalité strictement solidaire (9 %). Une part stable depuis la première édition du baromètre il y a quatre ans, excepté l’année dernière, où elle est descendue à 20 %. 

Fair, Opinion way et France active ont aussi voulu savoir si les répondants considèrent l’épargne comme un acte politique, une forme de « vote ». En règle générale, 16 % des répondants considèrent qu’épargner est un acte citoyen et politique, 21 % que les choix d’épargne pèsent sur l’avenir des sociétés lorsqu’il s’agit d’épargne solidaire ou responsable. Mais une majorité estime que l’épargne doit rester un choix strictement personnel et financier (43 %) et que « le vrai vote se joue uniquement dans les urnes » (19 %). 

 

Créer des contraintes ?  

 

Dans ces conditions, la méconnaissance des caractéristiques de la finance solidaire est-elle la seule raison pour laquelle elle ne décolle pas ? « On voit quand même l’intérêt des Français pour investir dans des projets qui ont du sens sur leur territoire », estime Fanny Gérome, directrice générale adjointe de France active. Elle en veut pour preuve la réussite de Duralex, l’entreprise française emblématique fabricante de vaisselle, qui a largement et très rapidement dépassé ses objectifs de promesses d’investissement lors d’une levée de fonds auprès du grand public début novembre. « Je crois beaucoup à la connaissance » pour développer l’épargne solidaire, considère-t-elle donc. Elle appelle également à améliorer l’accès à l’épargne salariale dans les petites et moyennes entreprises (PME) à cette fin.  

Historiquement, l’épargne solidaire s’est développée grâce à l'amélioration de sa popularité, mais aussi grâce à l’instauration d’un « cadre contraignant », affirme de son côté Patrick Sapy. Par exemple, il est obligatoire de proposer au moins un produit d’épargne solidaire aux salariés dans les plans d'épargne salariale ou une unité de compte solidaire dans les contrats d’assurances-vie. « Les assurances-vie, c’est 2 000 milliards d’euros, illustre-t-il. Il faut qu’on arrive à flécher cette épargne en ayant un peu de contrainte, un peu d’incitation ». Le directeur général de Fair invite en règle générale à faire de l’épargne solidaire « un choix par défaut sur tous les produits d’épargne ». Ainsi, estime-t-il, « on flécherait beaucoup plus d’argent vers la transition écologique et sociale ».  

 

 


À lire aussi sur AEF info : « L’épargne solidaire a bondi de 7 % en 2024, ce qui représente 2 milliards d’euros supplémentaires » (P. Sapy, Fair) 


 

Célia Szymczak 

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