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Par Carenews INFO - Publié le 28 novembre 2023 - 18:41 - Mise à jour le 29 novembre 2023 - 10:42 - Ecrit par : Elisabeth Crépin-Leblond
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L’Observatoire des inégalités présente son rapport sur les discriminations en France

L’Observatoire des inégalités publie pour le première fois ce mardi un rapport sur les discriminations en France. Si les sentiments de discrimination reculent, ce n’est pas le cas des formes les plus violentes de rejet, note le rapport.

L'observatoire des inégalités présente son rapport sur les discriminations en France. Crédits : iStock
L'observatoire des inégalités présente son rapport sur les discriminations en France. Crédits : iStock

 

L’Observatoire des inégalités publie mardi 28 novembre son Rapport sur les discriminations en France. Le texte rassemble différents résultats de travaux menés par des chercheurs et des organismes publics, afin de les rendre plus visibles et accessibles. 

Le travail veut combler le manque de données accessibles sur le sujets des discriminations, pourtant fréquemment au cœur du débat public. « C’est la première fois qu’un tel document est publié sur le sujet dans notre pays », explique ainsi Louis Maurin, directeur de l’Observatoire. L’organisme privé indépendant publie également tous les deux ans un Rapport sur les inégalités en France, un Rapport sur la pauvreté en France et un Rapport sur les riches en France. 

Le rapport publié ce mardi rassemble des études portant sur les discriminations en fonction des origines et de la couleur de peau, du genre, du handicap, de l’orientation sexuelle et de l’appartenance syndicale. « Fautes de données fiables et récentes », il exclut les discriminations fondées sur l’appartenance religieuse, l’âge ou encore le poids. Carenews vous présente les principales conclusions.

 

Le sentiment raciste recule mais la violence et les discriminations persistent

 

60 % des Français déclarent « n’être pas du tout raciste », relate le rapport citant une étude de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH). C’est deux fois plus qu’il y a 20 ans, analyse la commission. Dans le même temps, la part de ceux qui pensent qu’il y a des « races supérieures à d’autres » est passé de 14 à 5 %, soit presque une division par trois. 

Pour autant, des violences persistent voire croissent. En 2022, la police et la gendarmerie ont enregistré 12 500 crimes et délits à caractère raciste. Un chiffre en hausse ces cinq dernières années, indique le ministère de l’Intérieur. 

Une opération de testing réalisée par le ministère du travail révèle également des discriminations à l’embauche fondées sur les origines. Selon l’étude, qui a envoyé près de 9 600 candidatures entre 2019 et 2021 portant sur onze catégories de métiers dans l’ensemble de la France, un candidat au nom français a près de 50 % de chances supplémentaires d’être rappelé par l’employeur par rapport à un candidat au nom maghrébin. S’appuyant sur les données fournies par l’Insee, l’Observatoire des inégalités montre que le taux de chômage est 2,25 fois plus élevé chez les personnes immigrées d’Afrique que chez les personnes sans ascendance migratoire. Il note également que 5 millions d’emplois en France sont fermés aux personnes étrangères. 

Les discriminations à l’embauche envers les candidats résidant dans un quartier défavorisé ne sont plus détectée note toutefois le rapport. 

Les discriminations fondées sur l'origine s’appliquent également au logement. Une autre opération de testing menée par le CNRS en 2016, conclut à 13,9 % de réponses positives pour visiter un logement envoyés au candidat au nom à consonance française contre 10 % pour la même candidature envoyée par un candidat au nom à consonance maghrébine et 9,4 % au candidat originaire d’Afrique subsaharienne. 

Une étude commandée par le ministère de la santé et le Défenseur des droits en 2019 montre quant à elle qu’un patient sans-papiers couvert par l’aide médicale d’État a 25 % de chances en moins d’obtenir un rendez-vous médical qu’un patient lambda. 

 

Les violences sexistes, une réalité importante

 

Comme pour le racisme, le rapport note une diminution du sentiment sexiste. Par exemple, une étude du ministère des solidarités montre que la part de celles et ceux qui considèrent que « dans l’idéal, les femmes devraient rester à la maison pour élever leurs enfants » est passé de 40 à 20 % en vingt ans. Les femmes ne sont par ailleurs plus victimes de discrimination à l’embauche, conclut une opération de testing réalisée entre 2019 et 2021 par l’Institut des politiques publiques (IPP) et le bureau d’études ISM Corum. 

Mais le sexisme reste la discrimination la plus génératrice de violence. En 2020, 200 000 crimes et délits à caractère sexiste ont été signalés aux forces de l’ordre, dont la quasi-totalité touche des femmes. 

Les discriminations se retrouvent également dans les salaires. Selon l’Insee, les femmes touchent 4 % de salaire en moins que les hommes, toutes choses égales par ailleurs. Elles souffrent également d’une moindre représentation. Par exemple, elles ne représentent que 39 % des personnes vues à la télévision selon une étude de l’Arcom ou 20 % des maires. Sur les plateaux, elle ne représente que 32 % des invités politiques. 

 

Selon le ministère de l’intérieur, les violences anti-lgbt en augmentation

 

Le rapport note également une évolution de l’opinion publique au sujet de l’homosexualité. En deux décennies, la part de celles et ceux qui considèrent que « l’homosexualité est une manière comme une autre de vivre sa sexualité » est passée de 67 % à 85 %. 

Mais dans ce domaine également la violence augmente. Le ministère de l’intérieur recense ainsi 2 400 crimes et délits anti-LGBT pour l'année 2022. Un chiffre qui a doublé en cinq ans, rapporte le ministère. Pour toutes les formes de violence, l'observatoire note cependant qu'elles sont aujourd'hui « plus souvent dénoncées et mieux enregistrées ».

 

Le handicap, un facteur de pauvreté 

 

Enfin le rapport met l’accent sur les discriminations vécues par les personnes handicapées. Selon les enquêtes de l’Insee, ces dernières ont un risque supplémentaire de 60 % de subir des violences physiques ou sexuelles par rapport aux personnes valides à situations identiques. 

Selon une étude du ministère du Travail datant de 2015, le risque d’être au chômage plutôt qu’en emploi est deux fois plus élevé pour les personnes reconnues handicapées que pour les autres. Elles courent également un risque 1,6 fois plus élevé d’être au chômage de longue durée. 

Selon une étude menée par le ministère des solidarités et l’Insee en 2019, 29 % des personnes handicapées sont pauvres en conditions de vie contre 12 % de la population totale. 40 % des personnes handicapées ne partent pas en vacances faute de moyens, soit deux fois plus que les personnes valides, rapporte l’Observatoire des inégalités.

Son rapport met également l’accent sur les discriminations indirectes dont sont victimes les porteurs de handicap, comme l’inadaptation des postes par les employeurs dont la Fonction publique d’État qui ne remplit pas ses obligations.

 

Elisabeth Crépin-Leblond 

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