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Par Carenews INFO - Publié le 19 mai 2025 - 08:00 - Mise à jour le 19 mai 2025 - 14:41 - Ecrit par : Célia Szymczak
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La Balise, un lieu pour l’économie sociale et solidaire construit dans une démarche sobre et circulaire

Cet espace de travail pour des acteurs de l’ESS, situé à L'Île-Saint-Denis et géré par la coopérative Phares, est né d’un projet porté par l’association Halage et la foncière Bellevilles. Tous les acteurs du chantier de réhabilitation se sont engagés dans une démarche sobre, en ayant recours au réemploi autant que possible. C’est la coopérative Bellastock qui s’est chargée de l’architecture.

Le bardage en bois est fait à partir de matériaux de réemploi. Crédits : Bellastock.
Le bardage en bois est fait à partir de matériaux de réemploi. Crédits : Bellastock.

 

On passe une porte en fer et on arrive dans un patio très éclairé, aéré, où des salariés échangent. On n'imaginerait pas pouvoir profiter autant de la lumière naturelle dans ce grand bâtiment avec peu de fenêtres, deux anciennes halles industrielles situées à L’Île-Saint-Denis, près de Paris. L’espace vient d’être réhabilité à la demande d’une association engagée pour l’insertion, Halage, et d’une foncière dite solidaire, Bellevilles. L’idée : créer un nouveau lieu, appelé La Balise, pour les acteurs de l’économie sociale et solidaire du territoire. 

Ce besoin de locaux a à la fois été identifié par les collectivités locales et par Halage, qui est implantée en Seine-Saint-Denis. L’association a acheté il y a plus de vingt ans les locaux de Phares, qui réunissent diverses structures engagées autour de l’inclusion sociale et de l’écologie, géré par une coopérative du même nom. « L’idée du collectif créée une vraie demande et les prix sont bien en deçà du marché », souligne Massimo Hulot, chargé du projet pour Halage. « Il nous fallait donc davantage d’espace », indique-t-il. « Nous recensons aussi beaucoup de demande de bureaux », ajoute Coline Laugraud, responsable de programmes pour Bellevilles, qui s’occupe également de lieux destinés à des acteurs de l’ESS. 

 

Le patio
Le patio, éclairé par beaucoup de lumières naturelles. Crédits : Bellastock. 

 

 

Une volonté d'exemplarité écologique et sociale

 

Il y a trois ans, une entreprise de signalétique localisée à 200 mètres de Phares annonce qu’elle souhaite quitter la parcelle qu’elle occupait jusqu’alors. C’est une opportunité, pour répondre à ces besoins. Halage et Bellevilles l’achètent et entreprennent un projet immobilier, à l’aide de soutiens publics et de mécénat. « Nos projets s'insèrent de manière pérenne sur le territoire. Le projet a été pensé collectivement, avec les usagers et dès le départ, dans une optique de long terme », note Coline Laugraud.  

Pour l’architecture, les deux organisations pensent à Bellastock, une coopérative engagée pour la transition écologique de la construction, spécialiste du réemploi. « Nous avions vraiment une ambition de faire beaucoup de réemploi et d’adopter une démarche frugale dans la construction  », poursuit Coline Laugraud. « Nous voulions être particulièrement exigeants et exemplaires sur la méthode, en matière écologique et sociale », confirme Massimo Hulot.  

 

Une logique de « réversibilité » 

 

« Nous avons regardé les forces et les faiblesses du bâtiment existant, le but étant d’intervenir le moins possible », explique Esther Rejai, chargée de communication pour Bellastock. Les murs et le toit des halles ont été conservés et rénovés. À l’intérieur, Bellastock a imaginé ce qu’elle appelle des « boîtes » en bois, qui constituent les pièces. Celles-ci reposent sur une structure de béton : c’est le seul moment où ce matériau à l’impact environnemental élevé a été utilisé, afin d’égaliser le sol. 

Les pièces peuvent être facilement démontées, dans une optique de « réversibilité ». En effet, l’idée est de pouvoir faire évoluer le bâtiment aussi simplement que possible, en fonction de ses usages futurs, une fois que les occupants actuels partiront et au-delà. À l’intérieur des pièces, des cloisons modulaires réalisées avec des matériaux réemployés, issus d’un chantier parisien, ont été installées. 

Pour optimiser le confort thermique, l’intérieur des « boîtes » est isolé et chauffé, mais ce n’est pas le cas des halles dans leur ensemble, puisque celles-ci sont très hautes de plafond. La lumière naturelle perce par des plaques de polycarbonate, ajoutées au plafond des pièces et de la halle, reprenant la structure initiale du bâtiment.  

 

Le lieu avant les travaux
Le lieu, au début des travaux. Crédits : Bellastock.

 

Des ressources locales 

 

Les boîtes se situent de part et d’autre d’une « rue » qui traverse les halles, aérée et lumineuse. Elle fait le lien entre les deux entrées du bâtiment. Au sol, des planches en bois réemployées, provenant d’une commune de Loire-Atlantique, ont été installées.  

Ces planches, les cloisons à l’intérieur des pièces, leur bardage en bois et menuiseries, de l’isolant en laine minérale, des dalles de faux plafond… Un maximum des matériaux utilisés est réemployé et provient d’un rayon de 50 kilomètres. Quand les matériaux ne sont pas issus du réemploi, ils sont autant que possible biosourcés et géo-sourcés, ce qui signifie qu'ils proviennent de la terre, du bois ou de la paille par exemple, et du territoire local. «  Nous concevons au maximum avec la ressource que l’on trouve, ce n’est pas l’architecte qui arrive et décide des matériaux. Le choix dépend des territoires, les projets partent de la ressource et pas forcément de l’idée », détaille Esther Rejai.  

 

Photo au cours des travaux
Une photo prise pendant les travaux. Crédits : Bellastock.

 

Plus de flexibilité dans la méthode 

 

Compte tenu de la place accordée au réemploi, les méthodes de conception et de construction du projet évoluent par rapport à un chantier plus classique. Des entreprises ont été associées au processus plus tôt, en amont du démarrage des travaux. « Nous les avons beaucoup impliquées avec un dialogue sur les solutions techniques. Cela a permis de trouver de très belles solutions de réemploi et d’aller beaucoup plus loin sur la circularité des matériaux que ce qu’on pouvait envisager au départ », raconte Massimo Hulot. Sept entreprises en tout ont participé au projet, dont deux de réinsertion. 

Ce dialogue a fait évoluer les décisions de l’architecte en fonction des contraintes rencontrées par les entreprises et des imprévus rencontrés. « La réhabilitation demande de toute façon de la flexibilité et de l’adaptabilité sur la manière de rénover et de travailler », souligne Coline Laugraud de Bellevilles, qui privilégie la réhabilitation à la construction neuve. 

 

Des loyers modérés pour l’ESS 

 

Une centaine de personnes, salariées des structures d’insertion ou non, occupe désormais le lieu quotidiennement. Dans un premier temps, il s’agit des anciens résidents de Phares, puisque le bâtiment dans lequel ils travaillaient jusqu’alors va être rénové et surélevé. Les travaux devraient durer 18 mois.  

« Nous sommes vraiment satisfaits de La Balise », se réjouit Massimo Hulot, saluant la démarche et des travaux réalisés « en un temps record ». Une fois que les occupants actuels seront retournés dans leurs locaux, le bâtiment devrait être mis à disposition pour d’autres acteurs de l’ESS, mais toujours géré par la coopérative Phares, pour des niveaux de loyer modérés.  

 

La terrasse extérieur
L'espace extérieur, près d'une des entrées. Crédits : Bellastock.

 

Célia Szymczak 

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