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Par Carenews INFO - Publié le 3 juin 2024 - 16:45 - Mise à jour le 22 juillet 2024 - 17:45
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Halage, une association engagée dans l’insertion et la biodiversité pour fleurir les Jeux olympiques

L’association Halage, engagée depuis 1994 en faveur de la biodiversité en Île-de-France, a été choisie pour végétaliser les espaces olympiques et paralympiques de cet été. Organisme de formation, elle œuvre également à l'insertion sociale et professionnelle des personnes éloignées de l'emploi.

Halage est une association qui œuvre pour la protection de l'environnement et l'insertion en IDF. Crédits : Félicité Dussel.
Halage est une association qui œuvre pour la protection de l'environnement et l'insertion en IDF. Crédits : Félicité Dussel.

 

Il faut imaginer 3,6 hectares de béton utilisés comme entrepôt par la société Colas, un géant des travaux publics. Aux portes de Paris, à l'Île-Saint-Denis, un site pollué par des métaux lourds et des hydrocarbures. Voilà l’espace dont a hérité Halage il y a quelques années.  

En voyant la verdure s'étendre devant nous, difficile de l’imaginer… 

Créée en 1994, l’association Halage agit en faveur de la biodiversité sur quatre départements d'Île-de-France, de Paris au Val-d’Oise. L'ensemble de ses actions sont réalisées avec l’aide de salariés en parcours d’insertion, des personnes éloignées de l’emploi qui sont accompagnées et formées à des métiers d’avenir.  

Une cinquantaine d’entre eux ont été mobilisés sur des projets de végétalisation d’espaces dédiés à la réception des Jeux olympiques et paralympiques de 2024.   

En effet, Halage fait partie des 460 structures de l’économie sociale et solidaire (ESS) qui prennent part à l’organisation des Jeux. Une participation qui s’inscrit dans l’objectif du comité d’organisation de réserver 25 % des montants engagés par la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo) aux TPE, PME et structures de l’ESS. 

L’occasion pour l’association de mettre en avant quelques-uns ses projets innovants…  

 

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« Nous avons hérité de ces sols et nous faisons avec » 

 

Sur L’Île-Saint-Denis, Halage a donné naissance à la plus grande ferme florale d’Île-de-France, située sur une ancienne friche industrielle aujourd'hui baptisée Lil’Ô.

« Quand nous sommes arrivés ici en 2018, nous nous sommes demandé comment faire pour que la nature reprenne ses droits. L’idée a tout de suite été de la laisser faire ce qu’elle fait très bien toute seule, tout en l’aidant un peu. » À l’occasion de la journée portes ouvertes du lieu, Stéphanie Herbé, chargée de projets au sein de l’association, explique comment le pari a été tenu.  

En important massivement de la terre pour reverdir le terrain ? Certainement pas. « La terre que l’on décape en zone rurale pour verdir nos espaces urbains met des milliers d’années à se constituer », explique Stéphanie. Nous avons hérité de ces sols et nous faisons avec. »

Pour recréer de la biodiversité, les employés d’Halage ont donc décompacté le béton, c’est-à-dire qu’ils y ont percé des trous pour que l’eau s’infiltre, ont apporté de la matière organique et ont planté les espèces.  

 

Assainir le terrain grâce au compost made in Halage 

 

Le premier enjeu du projet mené par Halage est environnemental. Pour verdir des sites fortement dégradés, l’association s’appuie sur des expérimentations autour de nouveaux modes de refertilisation des sols. 1 500 m2 de la parcelle y sont alloués, accueillant notamment Les Alchimistes, une structure de l’économie sociale et solidaire qui développe un projet de compostage massif des déchets alimentaires. 

 

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« Sur Lil’Ô, jusqu’à 2 tonnes de déchets alimentaires par jour sont compostés, ce qui en fait le premier site de compostage semi-industriel de biodéchets », affirme Thibaut, le responsable des Alchimistes. Des contrats sont passés avec d’importants producteurs de biodéchets. « Ça, c’est ensuite vendu à des particuliers », nous dit-il en pointant la zone de stockage où se dressent une dizaine de sacs de compost.  

Tous les ans, l’association déverse une partie de ce compost sur ses sols afin de renaturer le lieu et de gagner en surface saine. « On a gagné 1 cm l’an dernier sur les pleins champs », lance Lamine, 47 ans et salarié en parcours d’insertion au sein d’Halage depuis maintenant sept mois. Celui qui a été intrigué à l’idée de faire pousser des fleurs sur du béton ne connaissait « aucun végétal » il y a à peine un an. Aujourd’hui, Lamine se rêve en responsable d’une exploitation agricole et a déjà beaucoup appris. 

« L’objectif n’est pas non plus de dépolluer entièrement le site », souligne-t-il. « Pour cela, il faudrait creuser sur plusieurs mètres et retirer toutes les couches de goudron déposées par Colas. » Autrement dit, un processus qu’Halage s’est interdit de mener, pour ne pas aller polluer ailleurs.  

 


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Cultiver la vie sur de la terre de chantier 

 

Ne rien exporter pour ne pas polluer autre part, d’accord, mais Halage a décidé d'aller plus loin : récupérer de la terre de chantier vouée à la décharge et la revitaliser avec d'autres matériaux recyclés - du compost issu de déchets organiques notamment. « Une boucle d'économie circulaire », explique Stéphanie, qui est également responsable de ce projet nommé « Faiseurs de terre ». 

Des chercheurs ont inspiré l’initiative ; Halage l’a mise au point. L’association a créé différentes « recettes » pour permettre aux plantes de se développer à partir de terres inertes. Dans le jargon, on parle de « substrats fertiles ». « En impliquant les salariés en parcours dans ce projet, on les forme à des techniques innovantes », souligne la responsable du projet. 

 

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Une technique innovante qui a été utilisée pour revégétaliser le Village olympique, situé, lui aussi, sur une ancienne friche industrielle. En collaboration avec les entreprises Néo-Eco et ECT, Halage a mené à bien ce projet de reconstitution d’un substrat fertile à partir des matériaux issus de la déconstruction du village. 

Le projet a permis d’éviter le décapement de 25 000 m² de terres en zone rurale selon l'association. « Il s’agit de la plus grande production de substrats en France actuellement », affirme le comité d’organisation de Paris 2024. 

 

Des fleurs 100 % franciliennes  

 

Sur Lil’Ô le site qui mobilise le plus de salariés est la ferme florale. Quinze salariés en parcours d’insertion sont impliqués dans ce projet qui vise à relocaliser une partie de la production des fleurs en Île-de-France, tout en faisant appel à l’économie sociale et solidaire. Un défi de taille, puisqu’aujourd’hui 85 % des fleurs vendues par les fleuristes en France sont importées… 

« La spécificité ici par rapport à d’autres fermes florales, c’est que l’on va de la graine au bouquet et que tout se fait de façon manuelle », explique Stéphanie. Autrement dit, pas de machine pour semer, pour repiquer ou pour rempoter. Les salariés sont impliqués du semis des graines en serre jusqu’à la conception de bouquet. Ensuite, « nous vendons chez des fleuristes responsables, mais aussi au Ritz », rigole la responsable de projets. 

 

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Pour cette édition des jeux, il n’y aura plus de bouquets décernés aux médaillés lors de leur montée sur le podium. Si les fleurs d’Halage ne pourront pas briller sur l’estrade olympique, les végétaux cultivés par l’association feront bien partie de la fête. 

En plus du marché d’expérimentation de substrats fertiles, Halage a obtenu quatre marchés pour des projets d’« espaces verts » autour des sites olympiques. En sous-traitance des « pépinières franciliennes », l’association a participé à la mise en pot et la préparation de végétaux livrés au Village olympique et au Village des médias. Halage a également participé à revégétaliser le Terrain des essences, un ancien dépôt militaire d'hydrocarbures situé à la Courneuve. Ce terrain d’où partira le marathon paralympique sera ensuite intégré au parc Georges-Valbon pour permettre aux résidents de se promener ou de faire du sport. 

 

Un tremplin vers l’emploi et la confiance en soi 

 

Le deuxième volet du projet porté par Halage est social, en employant des salariés en contrat d'insertion. Rachid, 45 ans et originaire de Cergy, en fait partie. « J’avais déjà fait des stages en milieu naturel à 17 ans, mais pour quelques semaines seulement. » Aujourd’hui, cet ancien médiateur de la SNCF et agent de sécurité s’épanouit dans sa formation d’horticulteur. « Ici on bouge, on est dehors. Avec la nature il y a de quoi faire », dit-il tout sourire. S’il aimerait rester plus longtemps, il est employé sur Lil’Ô pour une durée deux ans sous CDD. 

Chez Halage, qui porte des chantiers d’insertion, c’est le maximum qu’un salarié en parcours d’insertion puisse effectuer. Les travailleurs y bénéficient d’une formation pratique pendant 60 % du temps, les 40 % restants étant dédiés à l’accompagnement personnalisé. L’État délègue cette politique publique à l’association via une aide au poste, rémunérée 1 400 euros et d’une durée maximale de 24 mois. C’est le principe des dispositifs d’insertion par l’activité économique : accompagner pendant une durée limitée les personnes en difficulté sur le marché du travail, pour leur permettre ensuite de réintégrer durablement le marché du travail, et favoriser une rotation des salariés qui bénéficient de ce dispositif. « Nous avons eu sept nouveaux au mois de mars et trois en avril », nous dit Lamine. 

 

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Contrairement à Rachid, Lamine ne souhaite pas rester ici indéfiniment : « Halage c’est un tremplin, ça me permet de monter en compétences tout en ayant le droit de faire des erreurs ». Cela fait trois mois qu’il a intégré la production de fleurs après avoir suivi « Terre fertile », une formation indemnisée de quatre mois, destinée à acquérir les fondamentaux de l’agriculture urbaine.  

« L’objectif est de former les horticulteurs de demain », explique Stéphanie, tout en créant de nouveaux débouchés vers l’emploi. Plus largement, Halage est un espace qui permet aux salariés de regagner en estime de soi. Une confiance nécessaire pour redevenir maître de son avenir professionnel…  

 

 


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Félicité Dussel 

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