Aller au contenu principal
Par Carenews INFO - Publié le 22 février 2023 - 17:50 - Mise à jour le 9 mars 2023 - 15:40 - Ecrit par : Lisa Domergue
Recevoir les news Tous les articles de l'acteur

La MESA, un tiers-lieu dédié à l'alimentation durable à Lyon

En plein cœur du VIIIe arrondissement de Lyon, les associations VRAC et Récup et Gamelles ont ouvert un tiers-lieu inédit dédié à l’alimentation juste et durable. La MESA, la Maison Engagée et Solidaire de l’Alimentation, abrite une épicerie sociale et solidaire et un restaurant antigaspi. Reportage.

La MESA, un lieu dédié à l'alimentation imaginé par et pour ses habitants. Crédit photo : Carenews.
La MESA, un lieu dédié à l'alimentation imaginé par et pour ses habitants. Crédit photo : Carenews.

 

Le 14 octobre 2022, deux associations lyonnaises engagées pour la justice alimentaire, inauguraient, en présence de l’ancien Président François Hollande, un nouveau tiers-lieu dans le quartier prioritaire Langlet Santy dans le VIIIe arrondissement de Lyon : la Maison Engagée et Solidaire de l’Alimentation, la MESA, un acronyme faisant référence à « la mesa » en espagnol et qui signifie « la table ». Lieu hybride installé dans une ancienne pharmacie, les habitants du quartier peuvent faire leurs courses dans l’épicerie sociale solidaire ou s’y restaurer et goûter à une cuisine bio et antigaspi. Coporté par VRAC et Récup et Gamelles, le projet de la MESA se veut être un laboratoire de la justice et de la démocratie alimentaires.

Dans le quartier Langlet Santy au 83 avenue Paul-Santy dans le VIIIe à Lyon, la MESA redonne vie à une ancienne pharmacie. Crédit photo : Carenews.
Dans le quartier Langlet Santy au 83 avenue Paul-Santy dans le VIIIe à Lyon, la MESA redonne vie à une ancienne pharmacie. Crédit photo : Carenews.

 

Il est 11 heures lorsque nous passons le pas de la porte et le lieu se remplit peu à peu de clients venus, pour l'heure, faire des achats à l’épicerie, ouverte trois matinées par semaine et gérée par l’association VRAC.

L’épicerie sociale et solidaire pour toutes et tous

Depuis 2014, l’association Vers un réseau d’achat en commun (VRAC) s’engage à rendre l’alimentation saine, durable et de qualité accessible à toutes et tous en développant, entre autres, des réseaux de groupements d’achat dans les quartiers prioritaires. Dans le prolongement de l’association, l’épicerie de la MESA propose ainsi aux habitants du quartier des produits bio issus de ses centrales d’achat, mais aussi des fruits et légumes – bio également – fournis par le Réseau Cocagne, un ensemble de potagers commercialisant ses propres fruits et légumes. 

Vendredi matin, l’épicerie se rempli des habitants du quartier venus faire leurs courses. Crédit photo : Carenews.
Vendredi matin, l’épicerie se rempli des habitants du quartier venus faire leurs courses. Crédit photo : Carenews.

 

Mais l’épicerie a une spécificité : elle expérimente la triple tarification avec un tarif « coup de pouce » pour les personnes redirigées par les partenaires sociaux, un tarif « quartier », pour les habitants du quartier ou d’autres quartiers prioritaires de la politique de la ville et un tarif « solidaire » pour les personnes extérieures. « Pour nous, c’est une tarification à perte, mais cela permet aussi d’alimenter un plaidoyer politique », défend la coordinatrice du lieu, Julia Lévêque.

Pour chaque produit vendu dans l’épicerie, trois tarifs. Une triple tarification qui garantie l’accessibilité à une alimentation saine et durable pour toutes et tous. Crédit photo : Carenews.
Pour chaque produit vendu dans l’épicerie, trois tarifs. Cette triple tarification garantit l’accessibilité à une alimentation saine et durable pour toutes et tous. Crédit photo : Carenews.

 

L’heure tourne et l’équipe de Récup et Gamelles, en charge de la partie restauration, s’active pour la mise en place du service du midi. Derrière les fourneaux, Brando et Marie, les deux cuisiniers et en salle, Lucas Bodet chargé de la coordination des projets et formation de l’association. Souvent des bénévoles viennent mettre la main à la pâte, en cuisine ou en salle.

Brando (à gauche) et Marie (à droite), en pleine mise en place quelques minutes avant le début du service ! Crédit photo : Carenews.
Brando (à gauche) et Marie (à droite), en pleine mise en place quelques minutes avant le début du service ! Crédit photo : Carenews.

Une expérience de restauration pour les habitants

Trois midi par semaine, l’équipe propose ainsi un menu végétarien complet, cuisinés à partir d’invendus alimentaires, l’ADN de l’association Récup et Gamelles : « L’idée est de montrer qu’avec ce qui est laissé de côté, on peut être à la fois très créatif en cuisine et servir de belles assiettes à quasiment 30 personnes chaque jour », se réjouit Lucas Bodet. 

Trois midis par semaine, Récup et Gamelles propose un menu entrée-plat-dessert, végétarien et antigaspi. Crédit photo : Carenews.
Trois midi par semaine, Récup et Gamelles propose un menu entrée-plat-dessert, végétarien et antigaspi. Crédit photo : Carenews.

 

L’objectif pour Récup et Gamelles est simple : « Faire vivre une expérience complète de restauration », soutient le coordinateur de l’association, avant de nuancer : « C’est comme dans un vrai restaurant, mais pas vraiment comme dans un vrai restaurant. » Pas vraiment, car comme pour l’épicerie, le restaurant a mis en place la triple tarification, allant de quatre à 12 euros pour un menu complet.

Des plats végétariens – parfois vegans – cuisinés avec des produits bio initialement destinés à être jetés à la benne… il y a de quoi surprendre les clients. C’est d’ailleurs le pari de Récup et Gamelles : « Souvent, on se rend compte que les personnes ont l’habitude d’aller au restaurant et de s’y faire plaisir en mangeant de la viande. On essaie de changer et de casser ce schéma. »

La recette du succès : la coconstruction avec les habitants

Casser les codes, casser les prix et démontrer qu’il est possible de manger mieux sans pour autant exploser son budget, le tout sans « rien imposer » aux habitants. Voilà la recette du succès de la MESA. « Nous venons sur la pointe des pieds », confie-t-il.

Car l’aventure n’a pas commencé le jour de son inauguration, mais bien avant. Lorsque le projet n’était encore qu’une idée, les deux associations ont eu à cœur d'embarquer les habitants dans sa construction – de la tarification, aux menus en passant par les horaires d’ouverture – grâce à des groupes de travail. Ce fut d’ailleurs l’idée des habitants d’ouvrir la cuisine sur un espace de jeux pour les enfants, permettant alors aux mères du quartier, bénévoles en cuisine, de surveiller leurs enfants. 

Une partie de la cuisine (qui se situe à gauche) est ouverte sur une zone enfant, permettant aux bénévoles d’y garder un oeil, même en cuisinant. Crédit photo : Carenews.
Une partie de la cuisine (qui se situe à gauche) est ouverte sur une zone enfant, permettant aux bénévoles d’y garder un oeil, même en cuisinant. Crédit photo : Carenews.

 

Le défi, pour le tiers-lieu, est désormais de casser cette image de « bobo » qui pourrait parfois lui coller à la peau. Mais Lucas est confiant : « Cela peut être un frein pour certaines personnes, mais elles passent la porte, on se rencontre, on discute et on voit qu’on aime tous la même chose : bien manger, mieux manger. C’est aussi ça l’intérêt de l’alimentation et de la cuisine, ça gomme beaucoup de choses. »

Faire revivre un quartier marqué par le renouvellement urbain

Avec cette maison dédiée à l’alimentation, VRAC et Récup et Gamelles répondent aussi au besoin de « faire revivre un quartier » qui se voit chamboulé par un projet de rénovation urbaine, en accompagnant « cette transition », explique Julia Lévêque. L’histoire de la MESA débute d’ailleurs avec un appel à projets lancé par l’ANRU, l’agence nationale en charge de la rénovation urbaine des quartiers prioritaires. France Relance, la ville de Lyon et la métropole du Grand Lyon ont rejoint le projet et ont notamment financé les travaux et la première année de fonctionnement du lieu.

Très engagée sur la question de la justice alimentaire, la ville de Lyon et la métropole du Grand Lyon ont soutenu le projet du tiers-lieu coporté par VRAC et Récup et Gamelles. Crédit photo : Carenews.
Très engagées sur la question de la justice alimentaire, la ville de Lyon et la métropole du Grand Lyon ont soutenu le projet du tiers-lieu coporté par VRAC et Récup et Gamelles. Crédit photo : Carenews.

 

Quelques mois après son inauguration, la MESA rencontre le succès espéré et est devenue le lieu d’expérimentation qu’elle a souhaité être. Mais les deux associations ne comptent pas s'arrêter là et projettent d’expérimenter d’autres dispositifs de justice et de démocratie alimentaires, toujours en suivant le principe de coconstruction avec les habitants du quartier. À l’instar de la ville de Montpellier qui vient d'instaurer une caisse commune de l’alimentation… et si la MESA l’impulsait au sein de son tiers-lieu ?

 

Lisa Domergue 

Fermer

Cliquez pour vous inscrire à nos Newsletters

La quotidienne
L'hebdo entreprise, fondation, partenaire
L'hebdo association
L'hebdo grand public

Fermer