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Par Carenews INFO - Publié le 15 février 2023 - 16:56 - Mise à jour le 28 février 2023 - 14:31
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Justice et démocratie alimentaires : que recouvrent ces termes ?

La démocratie alimentaire et la justice alimentaire : ces deux concepts caractérisent deux dimensions différentes de la sécurité alimentaire pour les acteur.rice.s du monde associatif. À quoi correspondent-ils ? Éléments de réponse.

37 % des foyers français rencontrent des difficultés pour manger des fruits et légumes quotidiennement. Crédits : iStock.
37 % des foyers français rencontrent des difficultés pour manger des fruits et légumes quotidiennement. Crédits : iStock.

 

En France, l’INSEE estime que 3,9 millions de personnes ont recours à l’aide alimentaire. Mais selon le Baromètre IPSOS/Secours Populaire 2022, 37 % des foyers rencontrent des difficultés financières à consommer des fruits et légumes frais quotidiennement et 29 % à se procurer une alimentation saine permettant de consommer trois repas par jour. Ces personnes connaissent une situation d’insécurité alimentaire. Ne pas souffrir de la faim ne suffit pas : l’accessibilité permanente, physique et sociale, la quantité, la qualité, la satisfaction des préférences et des besoins comptent tout autant. 

 

La justice alimentaire, contre l’insécurité alimentaire 

Se nourrir, ce n’est donc pas seulement manger en quantité suffisante. Pour notre santé, il est essentiel que ce que nous consommons soit de qualité et nutritif. Notre régime alimentaire influence également l’état de notre planète : à titre d’exemple, selon la FAO, le système alimentaire représentait 34 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2015. 

Mais ce n’est pas tout. Indispensable pour vivre activement, l’alimentation assure aussi une fonction sociale, en particulier à travers le partage des repas. Elle répond à des préférences individuelles et culturelles. Face à ce constat, la FAO adopte en 1996 une définition du concept de sécurité alimentaire qui intègre l’ensemble de ces éléments. 

 

« La sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active. »

Définition du Sommet mondial de l’alimentation, en 1996.

 

La justice alimentaire caractérise la situation dans laquelle les populations défavorisées ne connaissent pas l’insécurité alimentaire. Le terme naît pour désigner des initiatives menées dans ce sens en Amérique du Nord. 

 

« Assurer que les bénéfices et les risques relatifs aux lieux, à la nature et à la façon dont la nourriture est cultivée et produite, transportée et distribuée, à laquelle on accède et que l’on mange, soient partagés équitablement ».

Définition de la justice alimentaire par Robert Gottlieb et Anupama Joshi, Food Justice, 2010 (MIT Press).

 

 

La démocratie alimentaire 

L’association VRAC définit la justice sociale et la démocratie alimentaire comme les « deux piliers de l’accessibilité » à une alimentation de qualité. La justice alimentaire définit un objectif. La démocratie alimentaire caractérise un processus, celui de l’implication des citoyens dans l’organisation des systèmes alimentaires. Elle est un « préalable » à tout projet d’accessibilité à une alimentation durable. 

Le Conseil National de l’Alimentation rappelle dans son avis n°91 rendu en 2022 les « principes et finalités du concept de démocratie alimentaire ». Le chercheur Tim Lang l’emploie pour la première fois en 1996, « pour souligner la grande lutte au cours des siècles, dans toutes les cultures, pour permettre à tous les citoyens d’avoir accès à une alimentation décente, abordable et bénéfique pour la santé, cultivée dans des conditions dans lesquelles ils peuvent avoir confiance ». 

 

 La démocratie alimentaire « renvoie à un mouvement social qui s’incarne dans une multitude d’initiatives locales concrètes de réappropriation par les citoyens et les citoyennes des manières de produire, de se nourrir, de distribuer et de consommer (...) contre un système alimentaire industrialisé, mondialisé et monopolisé »

Conseil National de L’Alimentation, avis n°91 publié en 2022

 

 

Objectif : une Sécurité sociale de l’alimentation 

Le collectif pour une sécurité sociale de l’alimentation (SSA) promeut notamment le terme. Ses membres estiment que nos systèmes alimentaires « n’ont pour fonction principale que de produire du profit », au détriment de l’accès de tous à une alimentation saine et durable. Selon le site internet de la SSA, « Pour sortir de cet état de fait désastreux, il faut penser des systèmes alimentaires organisés autour d’un principe fondamentalement hors du capitalisme et de l’un de ses instruments, le libre marché. Ce principe est la démocratie ».

Pour ce faire, ils revendiquent notamment l’inscription dans la législation française d’un droit à l’alimentation, déjà reconnu par l’Assemblée générale des Nations unies. Afin que ce droit s’applique concrètement, le collectif défend le déploiement d’une carte vitale de l’alimentation distribuée à l’ensemble des citoyen.ne.s. Les produits qu’elle permettrait d’acheter seraient choisis démocratiquement

 

Célia Szymczak 

 

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