La philanthropie très secrète d’Elon Musk
Si les prises de position du patron de Twitter et Tesla sont très médiatisées, sa philanthropie l’est moins. Des activités à l’image de l’homme d’affaire sud-africain : troubles.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le patron de Twitter, Elon Musk, fait parler de lui. L’homme aux ambitions démesurées, souhaitant conquérir Mars avec son entreprise aérospatiale SpaceX, est controversé. Ses prises de position sont allègrement commentées partout sur la planète.
Une fondation créée en 2002
En revanche, les actions philanthropiques de celui qui est actuellement l’homme le plus riche du monde sont largement plus discrètes. Pourtant, la Musk Foundation existe bel et bien, et ce depuis longtemps. Elle a été fondée en 2002 par l’entrepreneur ainsi que son frère Kimbal. La fondation accorde des bourses et des aides dans cinq domaines : les énergies renouvelables, l’exploration de l’espace, la recherche pédiatrique, la science de l’éducation, ingénierie éducative, et enfin le développement d’une intelligence artificielle saine qui ait des bénéfices pour l’humanité.
En 2021, la fondation aurait distribué 160 millions de dollars à des organisations non-profit selon le média américain Bloomberg. Elle a reçu, la même année, de la part d’Elon Musk plus de 5,7 milliards de dollars en actions Tesla. L’année suivante, en 2022, Elon Musk a donné 1,95 milliard de dollars à la fondation. Des dons la faisant passer dans une autre dimension. Selon les experts de la thématique, ces dons d’actions lui ont cependant évité de payer des impôts sur le capital pour l’ensemble des actions données.
Très peu d’informations sont disponibles sur les activités de la fondation. Contrairement à la Bill & Melinda Gates Foundation sur laquelle il est possible de retrouver pléthore d’informations.
Une philanthropie vraiment désintéressée ?
En 2019, le média britannique The Guardian a publié un article montrant que certains financements réalisés par la Musk Foundation n’étaient pas totalement désintéressés. Par exemple, en 2010, il fait un don à Kitchen Community, une organisation caritative chargée de l’éducation des enfants dirigée par son frère. En 2012, la fondation réalise un don qui servira à la construction du Temple of Whollyness, la structure en bois brûlée à la fin du Burning Man, son festival préféré. Beaucoup de donations sont fortement liées aux secteurs d’activités dans lesquels les entreprises d’Elon Musk exercent, telles que l’intelligence artificielle. La fondation a par exemple réalisé un don de 10 millions de dollars à OpenAI, structure à l’origine de ChatGPT. Quoique questionnables, ces pratiques sont pourtant régulières dans l’univers de la philanthropie et légales.
Autre polémique : fin 2021, Elon Musk avait promis qu'il donnerait 6 milliards de dollars pour stopper la faim dans le monde si jamais l’ONU lui donnait un budget détaillé à ce propos. L’organisation l’a fait, mais Elon Musk n’a jamais réalisé de don.
SPACEX et TESLA : des activités philanthropiques ?
En 2012, Elon Musk a signé The Giving Pledge. Il s’agit d’une campagne lancée par Warren Buffett et Bill Gates qui encourage les personnes les plus fortunées des États-Unis à s’engager en donnant la majeure partie de leur argent à des fins philanthropiques.
Mais l’homme d’affaires a une conception toute particulière de la philanthropie. Selon lui, ses entreprises sont des acteurs philanthropiques puisqu’elles participent à améliorer la société : « Que vous preniez SpaceX, Tesla, Neuralink ou The Boring Company, tous font de la philanthropie. Si vous dites que la philanthropie est l’amour de l’humanité, il s'agit de philanthropie. Tesla s'engage dans les énergies renouvelables. C’est un amour de la philanthropie. », a-t-il estimé lors d’une interview accordée à Chris Anderson, administrateur de la célèbre conférence TED.
Certes, ses entreprises ont pour but de répondre à des problématiques humaines comme Neutralink qui essaie de résoudre les lésions cérébrales. Pour autant, peut-on réellement parler de philanthropie alors que le milliardaire s’enrichit toujours plus grâce à ses activités ? Pas vraiment…
Théo Nepipvoda