Le Green Friday ringardise-t-il le Black Friday ?
Face au Black Friday, importé des États-Unis, le Green Friday se développe. L’objectif : refuser la surconsommation et prôner des modes de consommation plus responsables.
Cette année encore, de nombreux Français vont réaliser des achats en ligne ou en magasin lors du Black Friday qui se déroule le 25 novembre. Depuis 2016, l’événement commercial importé des Etats-Unis connaît un succès grandissant. Sept cyberacheteurs sur dix seraient prêts à y participer cette année, selon une étude réalisée par Harris Interactive.
Des Français tiraillés entre économies et écologie
Pourtant, la situation actuelle est paradoxale. Les Français sont tiraillés entre recherche de bonnes affaires et refus de la logique de surconsommation vers laquelle abonde la Black Friday. Selon d’autres chiffres de Harris Interactive, 83 % des Français voudraient que la consommation prenne moins de place dans leur vie alors que 70 % associent le Black Friday à la surconsommation.
Pour encourager cette consommation responsable, de nombreuses entreprises engagées ont lancé une contre-offensive en boycottant l’événement. Le mouvement Green Friday, lancé en 2017, réunit désormais 560 enseignes dont Dream Act ou Altermundi. Les entreprises participantes s’engagent, bien sûr, à ne pas participer au Black Friday, mais également à reverser 10 % de leur chiffre d’affaires de cette journée au profit d’associations engagées. En parallèle, des associations adhérentes organisent des ateliers de sensibilisation à la consommation responsable partout sur le territoire, mettant notamment en avant la réparation.
eBay refuse le Black Friday
Pour l’instant, côté distributeurs, la contre-offensive fait peu d’émules. Rater cet événement revient à se priver d’une partie importante de son chiffre d’affaires. La CAMIF, spécialiste de l’ameublement, a été précurseure en incitant dès 2017 au boycott.
Parmi les mastodontes de la distribution, seul le site de vente en ligne eBay.fr a franchi le pas cette année, évoquant auprès du média Clubic une « stratégie à long terme pour favoriser le prolongement de vie des objets et la lutte contre la surconsommation ».
Un premier pas alors que le commerce en ligne, mis en lumière par le Black Friday, représente une source importante d’émissions de gaz à effet de serre. Rien que pour le transport, l’avion a assuré 80 % des envois transfrontaliers de e-commerce en 2021 selon l’IATA.
Qu’est-ce que le Make Friday Green Again ?
Pour s’opposer au Black Friday, certains acteurs mettent en place des campagnes de sensibilisation pour le moins originales. Le collectif Make Friday Green Again, lancé par la marque Faguo en 2019, a mis sur pied une hotline téléphonique… Ou plutôt une greenline. En composant le +33972121234, le consommateur sur le point de craquer sur un achat inutile peut bénéficier d’un coaching d'urgence.
Réparation, seconde main, produits éthiques… Et si le Black Friday devenait paradoxalement un moment crucial pour les acteurs proposant des modes de consommation responsable ? S’il représentait une lumière braquée sur leurs activités ?
Des actions de sensibilisation
Le 25 novembre, l’ONG Max Havelaar France, en partenariat avec Fashion Revolution France, sera présente dans le quartier parisien des Halles pour distribuer de faux coupons de réduction et ainsi engager la discussion avec le public. De nombreuses autres actions se dérouleront dans l’Hexagone.
Même si ces initiatives donnent de la visibilité à des modes de consommation plus responsables, elle ne porte pour l’instant pas réellement préjudice au Black Friday. En France, en 2021, la journée a permis de réaliser un chiffre d’affaires de 748 millions d’euros.
Théo Nepipvoda