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Par Carenews INFO - Publié le 26 octobre 2022 - 17:00 - Mise à jour le 27 octobre 2022 - 11:12
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Les colocations solidaires, une réponse durable au mal-logement des plus précaires ?

Le vivre-ensemble n’a jamais été aussi indispensable. Le projet de l’association Lazare en est une illustration. L’organisation déploie depuis plus de dix ans des colocations solidaires entre jeunes actifs et anciens sans-abri. Ceux-ci y (re)trouvent une nouvelle famille. Détails.

Les colocations solidaires de l'association Lazare. Crédit : Louise Vittori
Les colocations solidaires de l'association Lazare. Crédit : Louise Vittori

 

Sortir du modèle traditionnel des colocations. Depuis plus de dix ans, l’association Lazare permet à de jeunes actifs et des personnes fragilisées et marginalisées de cohabiter dans des « maisons ». Ces colocations solidaires et intergénérationnelles redonnent à la « rencontre » toute sa place dans des lieux de vie singuliers.

 

Un projet social et solidaire 

 

Au cœur du projet, des familles bénévoles qui ont un rôle d’animateurs de la maison.  « La famille candidate pour entrer dans la Maison. Elle suit ensuite chaque personne qui arrive dans le lieu lors d’un entretien, pour voir si elle a bien compris le projet et si son profil est en adéquation », nous explique Aliénor de Sentenac, responsable communication de l'association Lazare. L’hébergement proposé aux personnes fragilisées est sans limitation de durée, contrairement aux hébergements d’urgence, ce qui laisse le temps de se reconstruire. 

 

Comment fonctionne la colocation solidaire Lazare ? 

 

La famille, les jeunes actifs et les sans-abri paient tous un loyer équivalent, plus une participation financière aux frais du quotidien (alimentation, etc.). 

 

Nous récupérons des bâtiments sous forme de concessions sur 30 ou 50 ans, qui nous sont prêtés. En échange, nous payons les travaux. Nous en faisons des colocations », détaille Aliénor de Sentenac.

L'association a récupéré une ancienne école à Nantes, qui était devenue un squat. « Nous avons levé des fonds auprès de mécènes et de fondations d'entreprise pour payer les travaux. »

La Maison de Nantes accueille 45 personnes. Une famille y vit durant trois ans et endosse un rôle particulier. Elle anime la vie de la maisonnée.  Les colocations solidaires sont composées de 6 à 8 personnes, la moitié comprend de jeunes actifs entre 25 et 35 ans.Ils y vivent pendant au moins un an, parfois deux. L’autre moitié comprend des personnes qui ont vécu une situation de grande précarité ou d’exclusion, des personnes sans abris pour la plupart.  La maison propose également un nouveau modèle de studios d’envol. Des gens qui vivaient en colocation depuis quelques années peuvent ainsi se reconstruire en vivant en toute autonomie. 

 

Le lien social avant le toit sur la tête 

Dans le projet, le lien social est primordial. La personne va retrouver une dignité et le goût de vivre avant même le fait d’avoir un toit. « Un ancien locataire, Michou, disait qu’il avait accepté les conditions de la colocation de l'association, pourvu qu’il ne soit plus dans la rue, sinon il allait “se jeter dans la Loire”. Il a retrouvé la joie de vivre en partant par exemple faire de la voile avec ses colocataires, » précise la communicante.

 

Au quotidien, les personnes qui arrivent sont très mal en point, mais elles réussissent à se relever rapidement. « Les personnes retrouvent aussi leur famille plus facilement. Le fait d’être dans un environnement sain et stable leur donne envie de faire des projets, loin de la survie de la rue », indique-t-elle 

Aujourd’hui, le projet Lazare s’est importé. Il existe au Mexique, des demandes arrivent du Canada. « Nous sommes présents en Espagne, Madrid et Barcelone. D’autres maisons devraient ouvrir très prochainement. Au total, cela représente 15 maisons en France et à l'international », souligne Aliénor de Sentenac.  

 

Un modèle économique innovant 

 

Une des raisons du succès s'expliquerait par un modèle innovant qui permet à l'association de viser l’autofinancement.

En effet l'association lève des fonds auprès de fondations et de fonds de dotation (71 %), d’entreprises (11 %) et de particuliers (18 %) qui lui permettent de financer la construction ou réhabilitation d’immeubles. Les loyers versés par les colocataires et les familles permettent de couvrir les charges des immeubles.

Pour atteindre l’autofinancement, il faudrait que tous les immeubles soient excédentaires. C’est cet excédent qui permet de financer une partie des frais de fonctionnement de l'association.  

Fin 2022, Lazare a prévu un autofinancement à hauteur de 75 % grâce aux loyers des colocataires et à l’ouverture de trois nouvelles maisons, peut-on lire dans le rapport d’activité de 2021.

L'argument de l’impact financier devrait questionner l'État : l’association perçoit très peu de subventions publiques (1,68 %) et les maisons de colocations solidaires ont un coût quatre fois moindre que des hébergements d’urgence. 

 

Christina Diego 

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