Les enfants victimes de l’explosion de la précarité, révèle le Secours populaire
Le Secours populaire publie son baromètre annuel sur la pauvreté en France et alerte sur une hausse record de celle-ci en 2022. Une précarité face à laquelle les enfants sont les premières victimes.
Un « panorama extrêmement sombre » et « l’année des records ». C‘est ainsi qu'Étienne Mercier, co-directeur du département Opinion et Santé d’Ipsos, qualifie les résultats du 16e baromètre sur la pauvreté et la précarité, mené par l’institut de sondage et le Secours populaire français.
À l’occasion du lancement de sa campagne « Pauvreté - Précarité » le 7 septembre, l’association révèle les résultats d’une enquête menée à l’été 2022. Elle alerte sur une augmentation record de la pauvreté en plein contexte de hausse des prix. Cette année, l’association, qui a aidé 3,5 millions de personnes dans le besoin en 2021, fait un focus sur la perception de la pauvreté par les enfants et leur donne la parole.
Des chiffres records en 2022
Un constat bien sombre se dégage de cette étude. En 2022, 65 % des Français connaissent au moins une personne de leur entourage familial ou amical confrontée à la pauvreté, soit une hausse de 10 % par rapport à 2021, indique le baromètre.
De manière concrète, cette pauvreté se traduit par 45 % des Français qui rencontrent des difficultés pour payer leurs frais de transport, 41 % pour payer leurs dépenses d’énergie et 37 % pour consommer des fruits et légumes frais tous les jours. Ces personnes vivent dans « l’angoisse de ne pas pouvoir payer l’indispensable », explique Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.
Les enfants, victimes les plus fragiles de la précarité
Face à cette réalité, les enfants sont souvent les premières victimes de la précarité. Selon les chiffres de l’INSEE, la France compte près de 3 millions d’enfants pauvres. Les enfants touchés par la précarité ont « plus de risques que les autres de connaître par la suite des situations défavorables », rappelle Malika Tabti, secrétaire nationale du Secours populaire.
Témoignant lors de la conférence de presse de rentrée, Édith, mère de quatre enfants accompagnée par l’association, est inquiète de la hausse des prix de « l’énergie ou de l’alimentation ». « On ne peut pas tout le temps leur faire plaisir », dit-elle en évoquant l’impact que ces difficultés financières ont sur ses enfants. « Les factures d’abord », conclut-elle.
Comme elle, les Français sont inquiets pour la jeunesse. En effet, 85 % d’entre eux craignent que les futures générations subissent davantage la pauvreté qu’eux-mêmes. Un niveau d’inquiétude jamais atteint depuis la création de ce baromètre.
Une jeunesse prête à s’engager
Les enfants sont conscients de cette précarité croissante. Interrogés par Ipsos, 50 % d’entre eux considèrent qu’il y a beaucoup de pauvreté en France, une hausse de 11 % depuis 2012. Ils observent la précarité dans laquelle vivent certains de leurs camarades de classe qui ne peuvent pas aller au cinéma, au musée ou bien n’ont jamais de nouveaux vêtements ou chaussures.
« J’observe beaucoup de familles à la rue », témoigne Mohammed, 14 ans, membre de Copain du Monde, un mouvement d’enfants de l’association caritative qui aide les personnes en difficultés. Comme lui, 9 enfants sur 10 aimeraient aider les enfants pauvres en France et dans le monde et 38 % de ceux interrogés sont prêts à s’engager pour cette cause.
Selon Amandine, 14 ans, elle aussi membre de Copain du Monde, les droits de l’enfant « devraient [être] enseignés à l’école ». « Si un jour ça nous arrivait, on aimerait qu’il y ait des gens qui nous aident », explique-t-elle avec beaucoup de lucidité.
Oihana Almandoz
