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Par Carenews INFO - Publié le 26 mai 2021 - 12:30 - Mise à jour le 18 mai 2022 - 11:24 - Ecrit par : Lisa Domergue
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Les monnaies locales favorisent-elles l’économie circulaire ?

Depuis dix ans, les monnaies locales se développent en France. On en compte aujourd’hui 82 sur le territoire. L’objectif ? Favoriser une économie locale et circulaire. Explications.

Crédit photo : andykatz.
Crédit photo : andykatz.

Près de dix ans après l’apparition des premières monnaies locales complémentaires (MLC) en France, le Mouvement Sol, un réseau qui fédère près de la moitié des MLC existantes sur le territoire, vient de publier, en avril dernier, une étude sur l’utilité sociale de cette forme de monnaie alternative. 

Réalisée auprès des utilisateurs, des professionnels et des associations de monnaies locales, elle révèle notamment que 69 % des utilisateurs interrogés ont augmenté leur consommation de produits locaux et 36 % leur consommation de produits bio. Autre enseignement : les MLC dynamisent l’économie locale puisque 22 % des professionnels observent un effet « visible » sur leur chiffre d’affaires.

82 monnaies locales complémentaires en France

Infographie sur les monnaies locales.

Avec 82 monnaies locales complémentaires en circulation sur son territoire, la France est le pays européen le plus avancé sur cette question de réappropriation citoyenne de l’outil monétaire. La doume dans le Puy-De-Dôme, la gonette à Lyon, la bou’sol à Boulogne-sur-Mer ou encore la Pêche à Paris, au total ce sont plus de cinq millions d’euros qui circulent en MLC dans quelques 13 000 communes. Elles rassemblent ainsi 40 000 « citoyens-consommateurs » et 10 000 entreprises et associations, selon l’étude du Mouvement Sol.

La Gonette est née à Lyon

Encadrées par la loi du 31 juillet 2014 relative à l’économie sociale et solidaire qui les reconnaît comme un titre de paiement, les monnaies locales doivent être émises par un acteur du secteur – souvent des associations. En 2015, les Lyonnais ont pu inaugurer le lancement de leur propre MLC : la gonette. Les 1 200 utilisateurs peuvent donc utiliser leur monnaie alternative dans près de 350 structures partenaires couvrant plus de 16 secteurs d’activités différents, de l’alimentation au prêt-à-porter en passant par la santé, les services B to B ou encore la culture.

Chaque utilisateur peut échanger ses euros en gonettes dans les structures partenaires, mais également, depuis 2019, dans sa version numérique via une application. Une innovation attendue par les citoyens et qui « facilite la circulation de la monnaie », assure Charlotte Bazire, chargée de la communication de l’association.

Une monnaie qui circule localement

Un des enjeux principaux d’une MLC est la réappropriation citoyenne de la création monétaire au service du développement du tissu économique local. Pour bien comprendre, rien de mieux qu’une mise en situation en prenant l’exemple de la gonette. Un citoyen qui habite à Lyon va régler son café dans un bar partenaire grâce aux gonettes qu’il vient d’échanger. Ce commerçant utilisera ensuite cette somme pour acheter ses matières premières en monnaie locale dans un magasin alimentaire. Le gérant de ce dernier, qui souhaite distribuer des flyers, va se diriger vers une imprimerie du réseau. La transaction se fera en gonettes et permettra à l’imprimeur de se verser une partie de son salaire en MLC. Il pourra ensuite régler son café du midi en monnaie locale.  

Une monnaie locale a donc vocation à circuler sur le territoire comme l’atteste Charlotte Bazire : 

Une MLC ne pourra ni sortir du territoire ni aller en banque. Il sera donc inutile de l’épargner. Elle sera uniquement dépensée dans un réseau de valeur, c’est-à-dire un réseau d’entreprises, d’associations et de commerces qui sont tous engagés dans une transition économique et sociale.

Un vecteur d’accélération de la transition écologique et sociale

Grâce à un réseau de partenaires engagés ainsi qu’une circulation infinie de la monnaie sur un territoire donné, les MLC participent véritablement à accélérer la transition vers une économie locale et responsable. C’est d’ailleurs ce que révèle la première étude sur l’impact social des monnaies locales, publiée par le Mouvement Sol en avril 2021.

Pour Angèle Dransart, salariée à La Doume, la monnaie locale en vigueur dans le Puy-De-Dôme et bénévole au Mouvement Sol, cette étude met en lumière l’utilité sociale des MLC en faveur du pouvoir citoyen, de la solidarité, de l’écologie, de l’économie et des dynamiques territoriales. Elle résume : 

Parmi les principaux enseignements, il y a, entre autres, la dimension d’éducation populaire des monnaies locales : deux tiers des utilisateurs ne considèrent plus l’économie comme un sujet obscur. Ces MLC ont également une forte dimension solidaire avec de très nombreuses initiatives pour permettre à des publics précaires d’accéder à une consommation responsable et de meilleure qualité. Par ailleurs, 70 % des professionnels disent ne jamais reconvertir leur MLC en euros. Cela permet donc à la monnaie de rester un maximum sur le territoire. 

Engager les collectivités locales

Pour asseoir davantage les monnaies locales dans leur territoire, il est déterminant de nouer des partenariats avec les collectivités locales. C’est le cas de la ville de Villeurbanne et la métropole du Grand Lyon qui se sont récemment engagées aux côtés de la Gonette. « Cela permet d’avoir un gage de confiance auprès des habitants », indique Charlotte Bazire. Grâce à ces partenariats avec les institutions locales, il est possible, dans certains territoires, de payer certains services locaux, comme les crèches, les piscines ou encore les bibliothèques, en monnaie locale : « C’est sur ce même chemin que l’on souhaite aller avec les collectivités », poursuit-elle. 

Pour l’heure, l’association de la monnaie locale lyonnaise réfléchit avec la ville de Lyon pour mettre en place un projet d’alimentation saine et accessible à tous. L’idée serait, par exemple, d’abonder une aide versée aux étudiants par la ville en gonettes. Ce projet n’est encore qu’au stade de réflexion, mais cela démontre bien que les monnaies locales s’insèrent de plus en plus dans les décisions locales. 

Vers une ML sans « C » ?

On pourrait alors se demander si les monnaies locales aspirent à ne plus seulement être complémentaires. À cette question Angèle Dransart a répondu qu’il n’est souhaitable qu’il n’y ait qu’une seule monnaie en circulation : 

La monnaie a plusieurs fonctions (unité de compte, épargne et intermédiaire des échanges, NDLR.) et ce n’est pas forcément une bonne chose d’avoir une seule monnaie pour toutes les fonctions. L’euro permet, par exemple, d’épargner alors que les monnaies locales sont faites pour échanger et circuler. Par ailleurs, s’il y a une monnaie complémentaire qui bat de l’aile, les autres peuvent prendre le relais.

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Lisa Domergue 

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