Les Pays-de-la-Loire, champions du mécénat d'entreprise
Admical dévoile sa première édition du Baromètre régional des entreprises mécènes. Parmi les enseignements de ce baromètre : une forte disparité du poids du mécénat d'entreprise selon les régions, mais aussi un ancrage territorial de plus en plus affirmé des entreprises mécènes. Néanmoins, celles-ci ne semblent pas prendre suffisamment en compte les besoins prioritaires des territoires sur lesquels elles agissent.

Après avoir publié en décembre son édition 2024 du Baromètre des entreprises mécènes, Admical dévoile pour la première fois la déclinaison régionale de ce baromètre, publiée avec le soutien de la Fédération nationale des Caisses d'épargne.
De fortes disparités du mécénat d'entreprise selon les régions
Il en ressort notamment que, parmi les 172 000 entreprises mécènes recensées en France, 80 % sont situées en dehors de l'Ile-de-France. Certains territoires sont particulièrement engagés en matière de mécénat.
Ainsi les Pays-de-la-Loire apparaissent dans cette édition comme les champions du mécénat d'entreprise : 12 % des entreprises de cette région mènent des actions de mécénat. Cela représente 17 230 entreprises mécènes en 2023, soit 7 000 de plus qu'en 2021, pour un volume total de dons de 128,7 millions d'euros. Fait notable, parmi les entreprises mécènes de cette région, les petites et moyennes entreprises (PME) et entreprises de taille intermédiaire (ETI) apportent 76,5 % du volume de dons, contre 49,6 % en moyenne nationale.

Autre région bien positionnée en matière de mécénat d'entreprises : la Bretagne, dont 9,3 % des entreprises sont mécènes, soit 11 670 entreprises, pour un montant total de dons de 112,7 millions d'euros.
À l'autre extrémité, certaines régions sont moins actives sur le mécénat d'entreprise : c'est le cas notamment de la Corse (3,4 % des entreprises font du mécénat), mais aussi des départements d'outre-mer (3,6 %) et de la Provence-Alpes-Côte d'Azur (4,4 %).
L'Île-de-France est dans une situation particulière : seules 4,9 % des entreprises de cette région sont mécènes, mais étant donné la forte implantation d'entreprises dans cette région, c'est en Île-de-France que les entreprises mécènes sont les plus nombreuses (27 730) et qu'elles représentent le plus gros volume de dons (1 483,7 millions d'euros).
Une volonté affirmée d'ancrage territorial
Autre enseignement de ce baromètre : l'ancrage local du mécénat se renforce. Ainsi l'échelle d'intervention des actions de mécénat est, dans 88 % des cas, l'échelle locale ou régionale (+ 12 points par rapport à 2022). 25 % des entreprises mécènes interviennent quant à elles à l'échelle nationale (-11 points) et 13 % à l'échelle internationale (+ 1 point). Ce qui pose la question du financement des organisations d'intérêt général intervenant uniquement aux échelles nationale et internationale : sont-elles condamnées à voir se réduire leurs financements issus du mécénat d'entreprise ?
Par ailleurs, parmi les motivations des entreprises à faire du mécénat, l'affirmation de leur ancrage territorial est forte : c'est la deuxième raison invoquée par les entreprises mécènes (36 % d'entre elles citent cette motivation, + 5 points), derrière le souhait d'exprimer et incarner les valeurs de l'entreprise (40 %, en baisse de 9 points).
Un risque : être déconnecté des besoins du territoire
Toutefois, lorsqu'on les interroge sur ce qui a déterminé leurs choix d'intervention, seuls 19 % des entreprises mécènes indiquent que ces choix sont liés à la prise en compte des besoins prioritaires des territoires. La même proportion détermine ses choix en fonction du lien de l'action soutenue avec l'activité de l'entreprise. Admical y voit là un « phénomène inquiétant », si l'entreprise détermine ses choix de mécénat en fonction de ses besoins à elle, et non en fonction de ceux du territoire sur lequel elle agit.
« D’autres hypothèses peuvent être formulées, souligne néanmoins le baromètre : la difficulté d’identifier les besoins prioritaires ou de trouver des actions à financer qui y répondent complètement. Consulter les collectivités territoriales et les services déconcentrés de l’État - tels que les Drac pour le secteur culturel -, qui connaissent les besoins de leurs territoires, et interroger les porteurs de projets sur leur expérience du terrain sont deux actions essentielles pour légitimer une politique de mécénat, être certain de répondre aux besoins réels et s’insérer judicieusement dans un tissu préexistant : il s’agit d’aller là où personne n'est déjà, dans les "trous de la raquette" de l’État et de l’entreprise. »
Camille Dorival