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Par Carenews INFO - Publié le 3 juillet 2024 - 13:46 - Mise à jour le 3 juillet 2024 - 15:26 - Ecrit par : Théo Nepipvoda
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Menacée mais silencieuse : la RSE face à une potentielle accession au pouvoir de l’extrême droite

Dans ses diverses prises de position, le Rassemblement national a montré sa réticence quant aux législations permettant de responsabiliser les entreprises. Pourtant, ces dernières semaines, les acteurs de la responsabilité sociétale des entreprises ont été peu nombreux à prendre position publiquement contre le parti dirigé par Jordan Bardella.

La RSE menacée par la potentielle arrivée au pouvoir de l'extrême droite. Crédit : Thibault Renard, iStock.
La RSE menacée par la potentielle arrivée au pouvoir de l'extrême droite. Crédit : Thibault Renard, iStock.

 

L’arrivée possible au pouvoir du Rassemblement national (RN) pourrait marquer un coup d’arrêt politique, voire un retour en arrière, pour la responsabilité sociétale des entreprises (RSE).  

La RSE désigne la responsabilité des entreprises quant à leurs effets sur la société et sur l’environnement. En France, depuis la loi « nouvelle régulation économique » adoptée en 2003 et précurseure en la matière, un certain nombre de textes ont été votés pour contraindre les entreprises sur ce sujet et ainsi les rendre davantage responsables. 

 

Le Rassemblement national contre la CSRD 

 

Farouchement opposé à une écologie qu’il considère comme punitive, le parti lepeniste tire à boulet rouge sur chaque texte souhaitant responsabiliser les entreprises. 

Deux textes européens en la matière déplaisent particulièrement à celui qui vise Matignon, Jordan Bardella. À l’échelle européenne, la directive CSRD, adoptée en 2023, harmonise et élargie à 50 000 entreprises l’obligation de réaliser un reporting extra-financier, exercice de communication des entreprises au sujet de leurs impacts sociaux et environnementaux. Lors de la campagne pour les élections européennes du 9 juin 2024, la liste d’extrême droite incarnée par Jordan Bardella proposait purement et simplement l’abrogation de cette directive. « Fardeau normatif », a jugé la tête de liste RN. Il a affiché son souhait de réserver le même destin à la directive sur le devoir de vigilance, qui oblige les grandes entreprises à prendre en compte les droits humains et environnementaux tout au long de leur chaîne d’approvisionnement. 

 


À lire aussi : Législatives anticipées : le programme RSE et écologie des différents partis


 

Certes, il s’agit ici de textes européens, qui plus est déjà adoptés. Mais s’il devenait chef du gouvernement, Jordan Bardella pourrait entraver leur application sur le territoire français notamment en retardant leur mise en œuvre effective. Pays puissant au sein du Conseil de l'Union européenne, la France pourrait enfin utiliser les clauses de revoyure de ces deux textes pour demander leur abrogation. Pour le moment, il ne s’agit que de politique fiction, mais le risque est bien présent. 

 

Manque de prises de position 

 

Alors que la plupart des entreprises sont restées silencieuses quant au contexte politique, les directeurs RSE ont-ils pris des positions plus tranchées ? Silence assourdissant. Des directeurs RSE médiatiques, habituellement prompts à commenter l’actualité politique sur les réseaux sociaux, sont restés mutiques. Des réseaux les regroupant traversent la période sans émettre de prise de position. L’entreprise est politique, mais pas trop... 

Alexandra Ferré, directrice impact et RSE du groupe Rocher, a publié un post sur LinkedIn pour essayer de sortir le secteur de sa torpeur. Elle constate le manque de prises de position de ses pairs contre le Rassemblement national : « Je comprends ce silence, teinté d'impuissance et d'illégitimité à adresser la gravité de ces sujets, car moi aussi je m'y suis réfugiée. Et surtout, ne pas parler politique sur ce réseau, car le monde de l'entreprise est apolitique. »  

Avant d’appeler à l’action : « Directeurs et directrices RSE, nous avons une responsabilité de politiser, de stratégiser, de discuter nos idées face à un parti qui s'oppose frontalement à toutes les valeurs de notre profession. (...) Si aujourd'hui nous nous taisons, alors nos voix n'auront aucun poids quand les plus sombres moments de l'histoire se rejoueront. Ni de crédibilité dans les moments de lumière que l'avenir peut encore nous réserver. » 

 

Quelles positions sur les textes relatifs à la RSE ? 

 

Pourtant, les arguments permettant de prendre position de manière éclairée en la matière sont nombreux : ces dernières années à l’Assemblée nationale, le RN a régulièrement voté contre des textes permettant de responsabiliser les entreprises ou s’est abstenu. Ainsi, en 2021, les députés d’extrême droite n’ont pas pris part au vote de la loi Rixain qui visait à favoriser l’égalité salariale entre les femmes et les hommes en mettant en place des quotas dans les postes de direction des grandes entreprises. Ils se sont également abstenus au sujet de la loi Climat et résilience adoptée en 2021. Cette loi vise à lutter contre le dérèglement climatique et encadre sur un certain nombre de points l’activité économique, qu’il s’agisse du greenwashing dans la publicité ou de la mise en location de logements mal isolés. 

 

Théo Nepipvoda

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