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Par Carenews INFO - Publié le 21 février 2024 - 13:56 - Mise à jour le 21 février 2024 - 14:44 - Ecrit par : Camille Dorival
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Nicolas Froissard, entrepreneur pour un monde plus chouette

Après avoir passé une vingtaine d’années dans le Groupe SOS, Nicolas Froissard a pris la direction de la Fresque du climat en août 2023. Portrait et retour sur son parcours, mais aussi sur ses objectifs pour l’association.

Nicolas Froissard dirige l'association La Fresque du climat depuis aout 2023. Crédit : Camille Dorival, Carenews.
Nicolas Froissard dirige l'association La Fresque du climat depuis aout 2023. Crédit : Camille Dorival, Carenews.

 

« Nous sommes présents dans 157 pays ! », note avec fierté Nicolas Froissard. Attablé dans un bistrot du centre de Paris, le nouveau directeur général de la Fresque du climat parle avec passion de la structure qu’il a rejointe il y a quelques mois. 

Créée en 2018 par Cédric Ringenbach, qui en est toujours le président, la Fresque du climat vise à sensibiliser le plus grand nombre aux enjeux environnementaux. L’objectif : enclencher des prises de conscience et une bascule vers des systèmes économiques plus respectueux du vivant. L’association s’appuie pour cela sur des ateliers collaboratifs et un jeu pédagogique composé de 42 cartes, visant à faire comprendre les causes et les conséquences du changement climatique. 

Le projet a rapidement rencontré un grand succès. Il s’appuie sur une communauté de « fresqueurs », des citoyens qui se forment à l’animation de l’atelier de la Fresque du climat et qui sensibilisent ensuite d’autres personnes par ce biais, en entreprise, à l’école ou dans un cadre plus informel. « Aujourd’hui, nous disposons d’une communauté de 70 000 fresqueurs dans le monde, dont 45 000 en France, qui ont déjà sensibilisé plus de 1,5 million de personnes aux enjeux du changement climatique et les ont incités à agir à leur échelle, aussi bien individuellement que collectivement », se réjouit Nicolas Froissard.

 

Un long parcours au sein du Groupe SOS 

 

Si les enjeux environnementaux sont devenus l’un des principaux combats de Nicolas Froissard, cela n’a pas toujours été le cas. Juriste de formation, puis titulaire d’un DEA (master 2) de sociologie des organisations, il commence sa carrière à la direction de l’organisation et de la qualité d’une grande compagnie d’assurance. Puis il croise, « un peu par hasard », la route du Groupe SOS : sa compagne, magistrate, effectue un stage dans une des structures du groupe, qui accueille et accompagne des personnes toxicomanes, dans un quartier populaire du 18ᵉ arrondissement parisien. Connaissant son envie de s’investir dans des causes d’intérêt général, elle lui recommande de s’intéresser au groupe, qui développe diverses activités dans les secteurs de l’action sociale et du médico-social. Il y passera plus de vingt ans, à des postes de communication et de ressources humaines, puis à la codirection du groupe. 

« J’ai passé beaucoup de temps sur le terrain, auprès des équipes, qui font un boulot extraordinaire, mais qui par ailleurs souffrent d’un manque criant de reconnaissance », raconte-t-il. Et il assiste au développement de SOS : de 300 salariés à son arrivée, le groupe associatif en compte désormais 22 000, en France et dans une quarantaine de pays. 

En 2021, dans le cadre de ses fonctions, Nicolas Froissard participe à la première Convention des entreprises pour le climat (CEC). Celle-ci vise à former les décideurs économiques aux enjeux environnementaux, pour les inciter à basculer vers des modèles d’affaires compatibles avec la préservation des écosystèmes. C’est à cette occasion qu’il fait sa première fresque du climat. C’est un déclic pour lui : « J’étais déjà sensible à la question environnementale. Mais l’ampleur du sujet climatique m’est apparue plus clairement avec cette fresque, avec la tête et avec le cœur. Le fait de faire cet atelier en groupe contribue à la force de ce moment. Je suis d'ailleurs frappé, aujourd'hui, par le nombre de personnes qui me disent que la fresque du climat les a transformées. »

Plus généralement, la CEC lui fait comprendre « qu’il faut passer d’une société de la réparation à une société de la prévention. Aujourd’hui on passe beaucoup de temps à réparer les dégâts humains et environnementaux que cause notre modèle de société : exclusion sociale, mal-être, malbouffe, tabac, alcool, violences… Il serait possible de faire beaucoup mieux pour lutter préventivement contre ces maux, qui ont aussi des conséquences sur l’environnement. »

Cela l’incite à évoluer professionnellement. « Chez SOS, nous avions un impact très important en matière d’aide aux personnes en situation de précarité, notamment. Mais j’ai eu envie d'évoluer vers une structure qui contribue à changer les mentalités et le modèle de société. Et c’est ce que fait la Fresque du climat. » 

Aujourd’hui, outre ses fonctions à la tête de l’association, il continue de présider – de manière bénévole – l'ONG Planète Urgence, membre du Groupe SOS, dont la mission est de contribuer à la préservation des forêts et de la biodiversité. Sur son profil LinkedIn, il se présente joliment comme « entrepreneur pour un monde plus chouette ». 

 

Développer la fresque en direction des publics vulnérables 

 

À la tête de la Fresque du climat, Nicolas Froissard se fixe trois objectifs principaux. Pousser la Fresque « au maximum de son potentiel », d’abord, en la développant partout où elle peut l’être, notamment en direction de publics défavorisés, par exemple dans les banlieues populaires. « Nous avons aussi développé des fresques dans des prisons, et on constate chez ce public une grande fierté d’accéder ainsi à des savoirs », souligne-t-il. 

 

Fresque du Climat géante organisée au Palais des congrès de Lyon en novembre 2023. Crédit : La Fresque du climat.

Fresque géante, avec la fresque du climat et d’autres fresques, organisée au Palais des congrès de Lyon en novembre 2023. Crédit : La Fresque du climat. 

 

 

Deuxième objectif : « tisser plus de liens avec les autres fresques ». Depuis sa création, la pédagogie de la fresque du climat a en effet inspiré beaucoup d’autres acteurs, qui ont développé une multitude d’autres « fresques » sur des thématiques variées : la biodiversité, l’économie circulaire, le sexisme, les inégalités, ou encore les migrations. « Nous avons comptabilisé une centaine de fresques ou projets de fresques, souvent créées par de petites équipes sans salariés, et que nous pourrions accompagner », se prend-il à imaginer. 

L’association réfléchit aussi à une forme de « reconnaissance » des autres fresques, qui permettrait d’identifier celles qui respectent la philosophie de la Fresque du climat. D’une part parce qu’elles sont fondées sur des valeurs de respect, de tolérance et d’écoute, mais aussi « parce qu’elle se réfèrent à la science, à des informations et données objectives vérifiées et sourcées ». Dernier critère important, la pédagogie : « il s’agit à la fois de travailler sur les constats scientifiques, d’être à l’écoute des émotions, car elles permettent de se mettre en mouvement, et d’utiliser l’intelligence collective », explique Nicolas Froissard. 

L’association envisage aussi de proposer aux entreprises un parcours composé de plusieurs types de fresques, qui leur permette de sensibiliser leurs salariés à différents enjeux.

Enfin, « nous souhaitons être une organisation exemplaire sur les questions sociales et environnementales ». La structure, qui compte une cinquantaine de salariés, vient ainsi de signer un accord d’entreprise prévoyant un congé menstruel pour les femmes, un congé paternité obligatoire pour les hommes, ou encore des jours de congés supplémentaires pour les salariés « qui veulent voyager et découvrir d’autres cultures sans prendre l’avion ». 

Au-delà, Nicolas Froissard veut contribuer à rendre désirable le passage vers des modes de production et de consommation plus sobres. « Depuis que je dirige la Fresque du climat, je constate beaucoup de joie et de plaisir dans nos ateliers, sourit-il. Un de nos enjeux, c’est aussi de faire changer le regard sur l’écologie et de démontrer que la transition écologique peut se faire de manière joyeuse ». Un défi ambitieux, mais sans doute essentiel pour faire évoluer nos modèles de sociétés. 

 

Camille Dorival 

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