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Par Carenews INFO - Publié le 12 mai 2023 - 14:56 - Mise à jour le 12 mai 2023 - 16:49 - Ecrit par : Théo Nepipvoda
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Paola Salazar Santos (UniR) : la jeune vénézuélienne qui aide les exilés à intégrer l’université

Arrivée en France en 2018, Paola Salazar Santos a participé au développement de l’association UniR qui aide les exilés à intégrer une université. UniR a été incubée chez SINGA.

Paola Salazar Santos. Crédits : Vanessa Silvera.
Paola Salazar Santos. Crédits : Vanessa Silvera.

 

Trouver du travail quand on est étranger. Voilà qui n’est pas de tout repos en France. Paola Salazar Santos, vénézuelienne, pose ses bagages à Paris, après des études en Belgique. Commence alors un chemin de croix : « En France, il faut absolument avoir des expériences françaises. Et si tu n’en a pas, c’est compliqué. C’est comme si tu n’avais jamais travaillé », se remémore-t-elle. 

 

Une rencontre qui va tout changer

Huit mois de laborieuses recherches, mais qui lui ont permis d’acquérir une certitude : elle travaillera dans le secteur associatif. Grâce à des personnes qu’elle connait, elle rencontre en mars 2018 Camila Rios Armas, une autre vénézuélienne qui venait de fonder l’association UniR quelques mois auparavant. L’idée : accompagner les réfugiés qui souhaitent intégrer l’université en leur proposant des rendez-vous individuels et des ateliers. 

À ce moment-là, le Venezuela se trouve toujours dans une impasse politique et vit la plus grande crise migratoire que l’Amérique latine ait connue : « je me suis rendu compte que cette cause que portait Camila était aussi la mienne. Je m’y suis identifiée », explique Paola. Un combat d’autant plus personnel que certains membres de sa famille, docteurs ou comptables, ont connu un déclassement professionnel après avoir eux aussi immigrés.

40 % des réfugiés en France possèdent  le bac. Elle y voit une injustice : pourquoi doivent-ils prendre le premier travail venu et pourquoi ne leur permet-on pas de choisir la profession qu’ils souhaitent ?

 

Des débuts comme bénévole

UniR en est à ses prémices. Camila lui propose dans un premier temps de devenir bénévole. Paola accepte, et signe le début d’une belle aventure.

Parce que ce bébé qu’est UniR, elle va l’adopter comme s’il s’agissait du sien. « J’ai vu un potentiel énorme dans l’association. Je faisais des journées entières en tant que bénévole. » Sa marotte, la recherche de financements, élément essentiel à ce moment-là pour permettre la croissance de la structure. 

Été 2018, UniR rejoint le programme d’incubation de l’association SINGA. Il permet à des entrepreneurs exilés de développer leurs projets associatifs ou entrepreneuriaux. Pour UniR, l’occasion de créer du réseau, de s’approprier des outils essentiels pour l’association, mais aussi d’obtenir une adresse dans les locaux de SINGA.

Qui dit adresse, dit possibilité d’employer des services civiques. C’est ce que va devenir Paola en octobre 2018. Elle va alors se charger de la structuration de l’association : « À l’époque, nous avions un document excel qui ne marchait pas bien. J’ai donc fait une formation en code HTML pour créer un wiki, un site web collaboratif. »

 

Lancement du projet FLE 2.0

Comme si cela ne suffisait pas, Paola va être responsable du projet FLE 2.0. Il s'agit d’un cours hybride, faisant intervenir le numérique pour apprendre le français aux étrangers. Projet monté en quelques mois grâce à son énergie débordante.

L’association grossit, passant de 150 personnes accompagnées en 2019 à presque 900 en 2022. Aujourd’hui 14 personnes sont employées contre seulement quatre à l’époque. Paola, elle, désormais indépendante, est devenue une des pierres angulaires de l’association.

Grâce à son côté geek, elle participe fortement à la structuration de l’association lui conférant la capacité de répondre à l’explosion des demandes. « A ce moment-là, je voyais UniR comme un quelque chose de géant qui avait la capacité d’accompagner des centaines de personnes », se rappelle Paola.

 

Où en est l’association aujourd’hui ?

Une implication saluée puisque la jeune femme vénézuélienne est entre temps devenue directrice adjointe. La consécration, l’aboutissement d’un parcours qui fut parfois ardu pour cette femme qui a immigré : « En tant qu’étranger, on ose moins », juge-t-elle. « Alors qu’un Français blanc va oser demander 30 000 euros d’un coup à un directeur de fondation, nous avons  tendance à nous dire que demander 10 000 euros, c’est déjà bien », s’amuse-t-elle. 

Paola Salazar continue : « Je relis mes mails 150 fois avant de les envoyer, alors que j’en reçois tous les jours avec des fautes », s’amuse-t-elle.

Mais la force de Camila et de Paola est saisissante. Et ce n’est qu’un début ! Une antenne s’apprête à ouvrir à Lyon grâce à un nouveau recrutement. Et pourquoi pas s’implanter dans toutes les grandes villes françaises dans les années à venir. 

Et à terme comment Paola voit-t-elle UniR ? « Nous pourrions un jour devenir nous-même une université pour les exilés », rêve la jeune femme. « J’y pense parfois. Proposer des formations sur des sujets d'avenir tels que l’impact social ou les sujets tech. »

 

Théo Nepipvoda

 

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