Aller au contenu principal
Par Carenews INFO - Publié le 12 avril 2023 - 12:00 - Mise à jour le 12 avril 2023 - 12:00 - Ecrit par : Théo Nepipvoda
Recevoir les news Tous les articles de l'acteur

Paris 2024 : les JO vont-ils profiter aux entreprises de l’ESS ?

Les organisateurs des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris ont fait part de leur volonté d’impliquer les entreprises de l’économie sociale et solidaire dans l’organisation de l’événement. À moins de 500 jours de l’ouverture, qu’en est-il vraiment ? Décryptage.

Les anneaux olympiques sur la place de l'Hôtel de Ville. Crédit : Chabe01
Les anneaux olympiques sur la place de l'Hôtel de Ville. Crédit : Chabe01

 

La volonté des organisateurs était notable: faire des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris, les premiers Jeux durables, inclusifs et solidaires. Fortes ambitions notamment pour l’ESS, au risque de décevoir. Moins de 500 jours avant le début du grand événement sportif, l’économie sociale et solidaire a-t-elle su se faire une place et imposer ses valeurs dans l’organisation de cet événement mondial ? 

 

Halage, une des associations organisatrices des JO

L’association d’insertion Halage, basée sur l’Île-Saint-Denis, a déjà rejoint l’aventure des JO. La structure qui propose des services de jardinage a gagné deux marchés auprès de la Solideo, organe qui s’occupe de livrer les ouvrages pour les Jeux Olympiques. Elle y a répondu en coopérant avec des entreprises de l’économie classique. L’association s’occupera donc de l’aménagement des espaces verts du village olympique ainsi que de la production de végétaux pour ces espaces. 

Pour la structure, l’événement représente une manne financière de plusieurs dizaines de milliers d’euros. Mais ce n‘est pas tout. Les Jeux Olympiques de Tokyo 2020 ont regroupé pas moins de trois milliards de téléspectateurs aux quatre coins du monde. En 2024, pendant quelques semaines, le monde entier aura les yeux rivés sur Paris : « Un événement comme celui-ci met le projecteur sur ce que nous faisons et sur les gens qui le font. On veut donc redonner de la dignité à notre public en insertion invisibilisé grâce à cette mise en lumière », explique Stéphane Berdoulet, co-président de l’association.

Il se désole cependant que le choix n'ait pas été fait pour le moment de confier à Halage la production des bouquets des athlètes, remis lors des cérémonies de médailles. Ce qui représenterait une mise en lumière d’envergure pour l’association.

 

25 % d’entreprises de l’ESS et de TPE-PME

Des histoires comme celle-ci, il en existe de nombreuses puisque 360 structures de l’économie sociale et solidaire ont remporté des marchés dans le cadre de l’organisation de ces jeux.

Il faut dire que les ambitions en la matière sont élevées. La Solideo, l’établissement public qui pilote la livraison des ouvrages, s’est fixé un objectif de 25 % du montant global des marchés revenant aux TPE-PME et aux acteurs de l’ESS. L’objectif est d'ores et déjà atteint avec 536 millions d’euros signés. Mais en réalité, les structures de l’ESS sont sous-représentées : elles sont seulement 77 à avoir signé un marché contre 1 429 TPE-PME.

Autre objectif de la Solideo : que 10 % du temps de travail soit réalisé en insertion. Là aussi, la mission devrait être remplie puisque la trajectoire actuelle est considérée comme en accord avec les objectifs.

En revanche, la structure Paris 2024, sur l’organisation même des jeux, ne s’est pas fixée d’objectif particulier. Selon un décompte de fin 2022, les structures de l’ESS représentaient près de 10 % des entreprises impliquées, un pourcentage honorable. Par ailleurs, des clauses d’insertion existent pour certains marchés comme la restauration.

 

Qu’est-ce que la plateforme ESS 2024 ?

Pour appuyer les structures de l’économie sociale et solidaire, la plateforme ESS 2024 a vu le jour dès 2019. Installée aux Canaux à Paris, elle a pour objectif de positionner les structures de cette économie dans l’organisation des jeux. Contrairement aux entreprises classiques, ces structures n’ont parfois pas conscience de l’opportunité que représente un tel événement et peuvent avoir l'impression de ne pas avoir les reins assez solides. 

ESS 2024 agit de plusieurs manières : « On travaille avec Paris 2024 et la Solideo pour faire en sorte que leurs marchés soient suffisamment bien dimensionnés pour que les entreprises de l’ESS puissent y répondre », explique Clémentine Wolf, cheffe de projet pour ESS 2024. La plateforme les accompagne également dans l’intégration de clauses sociales. 

De l’autre côté, ESS 2024 informe et accompagne les entreprises de l’ESS dans les réponses aux appels d’offres. La plateforme réalise également un travail de sourcing d’entreprises qui pourraient potentiellement répondre à des appels d'offres et leur permet de se référencer sur la plateforme pour pouvoir créer des coopération avec d’autres entreprises plus classiques. 

 

Une première mondiale

Clémentine Wolf se réjouit de l’attention accordée à l’ESS dans l’organisation des jeux : « C’est une première mondiale. C’est la première fois qu’un dispositif est dédié à cette question-là. » 6 000 entreprises sont pour l'instant référencées sur la plateforme. Plusieurs ont d'ailleurs profité de la plateforme pour remporter des marchés.

Elle émet cependant une limite à la participation de l’ESS : « Il y a des choses que l’ESS ne peut couvrir et pour lesquelles malheureusement les donneurs d’ordre des jeux n’ont pas fait appel. » L’économie sociale et solidaire n’est pas suffisamment solide pour se positionner sur certains marchés.

 

Des coopérations déséquilibrées ?

Autre son de cloche. Une tribune publiée en août dans Les Echos par plusieurs acteurs de l’économie sociale et solidaire estimait qu’ESS 2024 était un outil « innovant, mais insuffisant ». Il estimait que lors des coopérations avec des entreprises classiques, souvent nécessaires aux structures de l’ESS pour participer, une relation asymétrique pouvait exister, « voire un véritable “social washing” » . Ils regrettent le manque de mécanismes pour vérifier la manière dont se passent ces coopérations. Ce n’est pas la quantité, mais la qualité de l’implication qui est pointée du doigt.

Alors, ces jeux vont-ils représenter un réel tremplin pour cette économie ? Clémentine Wolf considère que les calculs devront être faits en aval des jeux. D’autant plus que 60 % des marchés sont en cours de négociation. L’ESS pourrait être davantage présente.

 

L’héritage économique des Jeux Olympiques

Les organisateurs ont affiché de leur volonté de laisser un héritage économique à la suite des jeux. Que cet événement puisse profiter aux territoires et aux acteurs économiques dès septembre 2024. C’est d’ailleurs l’un des arguments qui a joué en la faveur de la candidature de Paris face à Los Angeles. Clémentine Wolf inscrit l’action d’ESS 2024 auprès des entreprises dans cette trajectoire : « Le principal gain pour les entreprises concerne l’après, ce n'est pas forcément pour les jeux. » 

En effet, ESS 2024 permet de familiariser les entreprises de l’ESS à la commande publique, levier important de développement souvent peu considéré. L’expérience permet également aux structures de se connaître entre elles et de se créer un véritable réseau pour la suite. Clémentine Wolf  estime que «pour ces entreprises, c’est forcément du plus pour leur business. » Et si l’important c’était de participer ? 

 

Théo Nepipvoda

 

Fermer

Cliquez pour vous inscrire à nos Newsletters

La quotidienne
L'hebdo entreprise, fondation, partenaire
L'hebdo association
L'hebdo grand public

Fermer