Aller au contenu principal
Par Carenews PRO - Publié le 1 décembre 2022 - 10:00 - Mise à jour le 20 décembre 2022 - 11:03 - Ecrit par : Christina Diego
Recevoir les news Tous les articles de l'acteur

Yohan Penel (Fondation 1 PACTE Gagnant ) : « La montée du mécénat sportif est associée à celle de la RSE, c’est un vrai levier d’activation »

La Fédération Française de Badminton (FFBaD) a annoncé, fin octobre dernier, le lancement de la Fondation 1 PACTE Gagnant dont l’ambition est de mettre en exergue la performance et l’utilité sociale à travers la pratique du badminton et du sport en général. L’occasion de nous entretenir avec Yohan Penel, président de la FFBaD, pour mieux comprendre les contours de cette nouvelle fondation et aborder les enjeux du mécénat sportif.

Yohan Penel, président de la Fédération de badminton, nous détaille les contours de la nouvelle fondation dédiée. Crédit : FFBaD
Yohan Penel, président de la Fédération de badminton, nous détaille les contours de la nouvelle fondation dédiée. Crédit : FFBaD

 

  • Pourquoi la fédération a-t-elle créé la Fondation 1 PACTE Gagnant ?

La Fondation 1 PACTE Gagnant est une fondation abritée par la Fondation du sport français, reconnue d’utilité publique. Nous sommes en cours de constitution du conseil d’administration et un comité d’experts sera également créé pour évaluer les dossiers soumis dans le cadre des appels à projets. 

À la genèse de la création de la fondation, nous avons voulu décrire le monde dans lequel nous voulons vivre, sans parler de sport ni de compétition, mais plutôt dans le contexte des enjeux sociétaux d'aujourd'hui, en réinventant les pratiques sportives. Depuis deux ans, la fédération porte un projet de performances sociales du sport en général, pas uniquement du badminton, pour le sortir des dimensions dans lesquelles il est enfermé, comme le spectacle, le divertissement ou les dérives actuelles.

 

  • Pouvez-vous m’expliquer le choix du nom 1 PACTE Gagnant ? 

Il y a quatre dimensions dans ce choix. En premier, le chiffre 1 et PACTE signifient qu’il y a un deal gagnant-gagnant entre un porteur de projets à impact et un mécène. C’est la dimension partenariale. 

Deuxième point, c’est la recherche d'impact dans un projet sportif, par exemple, utiliser le badminton pour répondre à un problème que rencontre un public. Ensuite, il y a PACTE en référence à la loi PACTE de l’économie sociale et solidaire. Le sport devient un acteur en actes, et pas seulement en paroles. Enfin, l'impact du volant au sol qui signifie le point gagnant. 

 

  • Quels sont les liens entre la fédération et la fondation ? 

La fédération est membre fondateur avec la Fondation du sport français. Nous siégerons donc au niveau de la direction. Il s’agit d’inspirer aux acteurs du sport qu’un autre chemin est possible, hors des sentiers battus. Le concept de performance sociale est large, il va de l'éducation à l’écoresponsabilité, en passant par la santé et l’inclusion de différents publics.  

Certains clubs ont porté des actions auprès de jeunes, en rupture avec la société, et qui, grâce au sport, ont développé des savoir-être et savoir-faire sans s’en rendre compte. Par exemple, nous avons accompagné des personnes en recherche d’emploi ou des jeunes sortis du système éducatif, sur une période de six mois, pour travailler sur leurs compétences et les intégrer dans un monde professionnel.

Pour ce faire, nous avons mis en place une action intéressante qui consiste à mettre un recruteur et un jeune sur un terrain de badminton, sans que personne sache qui est l’autre. À la fin, chacun se présente et ils échangent lors d’un entretien d’embauche. Nous avons des actions dans les Ehpads aussi, où nous faisons travailler les gestes du badminton aux personnes âgées.  

 

  • Comment allez-vous identifier les projets ? 

Par un travail de veille et grâce au réseau de la fédération qui a déjà identifié les premières structures que la fondation va soutenir. Nous voulons démarcher des mécènes en fonction des projets que nous soutiendrons. 

La fondation accompagne déjà un premier projet, Compo plume, une startup de recyclage des volants pour en faire des meubles qui équiperont le siège de la fédération. Elle va soutenir l'association Chaussettes Solidaires, qui a une visée de réinsertion professionnelle pour des femmes en grande précarité en collectant les chaussettes usagées dans le sport pour leur donner une nouvelle vie. 

 

  • Comment va s’articuler le rôle de la fondation, de la chaire de l‘ESSEC et des clubs dans les territoires ? 

Nous allons travailler sur une durée de quatre ans avec le laboratoire de mesure d’impact de l’ESSEC. Nous allons accompagner 20 clubs sur deux années expérimentales pour construire leur raison d’être et leur impact social sur les territoires. L’objectif est de créer un référentiel de mesure d’impact qui servira aux clubs pour mieux comprendre ce que les projets apportent au public. La fondation va financer cette mesure d'impact et la fédération prendra le relais pour le passage à l’échelle via son réseau de 2 000 clubs. L’objectif est que chacun d’entre eux s’empare d’une, deux ou trois dimensions du projet social. 

Nous avons un réseau de ligues régionales et de comités départementaux composés de 109 structures dans les territoires, en métropole et dans les territoires ultra-marins. Elles auront un rôle d’accompagnement. Certains bénévoles dans les clubs veulent s’engager sans savoir comment faire. Nous allons les accompagner grâce à ce référentiel de mesure d’impact. 

 

  • Quels sont les enjeux des JO 2024 pour vous ? 

Un des enjeux des Jeux de 2024 est de profiter de cette visibilité pour communiquer sur ce que le sport peut apporter, loin des compétitions, mais plutôt sur le quotidien des clubs, des gens qui reprennent confiance en eux ou au système grâce à la pratique sportive. 

Le sport peut être merveilleux, s’il est pensé en termes d’impact et pas uniquement pour les résultats sportifs. Cette révolution culturelle va prendre du temps. Cela fait 60 ans que le sport fédéral français a été pensé en termes de performances sportives. Il nous reste deux ans avant les JO pour faire changer les consciences. 

 

 

  • Le mécénat sportif est une tendance qui prend de l’ampleur. Pourquoi à votre avis ? 

Il y a une prise de conscience que certains athlètes de haut niveau sont dans une situation de grande précarité, alors qu’ils donnent tout sur le terrain pour faire vibrer leur pays. C’est une réalité peu connue. D’ailleurs, sur les 300 ou 400 athlètes qui représenteront la France aux JO et aux paralympiques, la plupart ont besoin d’aides pour vivre au quotidien. 

Ensuite, le mouvement sportif s’est structuré pour toucher un autre public. À une époque, il y avait des entreprises qui devenaient mécènes d'une équipe locale en échange de leur logo sur le maillot des joueurs et elles se servaient des résultats sportifs pour valoriser leur image de marque. 

Aujourd’hui, avec la RSE, la question de la raison d'être s'applique aux mondes sportif et économique pour mieux connaître leurs rôles. Le monde économique est donc à la recherche d’impact, et moins de résultats sportifs. La montée du mécénat sportif est associée à celle de la RSE, c’est un vrai levier d’activation entre les mondes sportif et économique.

La création de l'Agence nationale du sport met, pour la première fois, autour de la table les collectivités territoriales, le monde sportif, le monde économique et l’État. Ces quatre acteurs sont en train de créer une culture commune qui n’existait pas par le passé. C’est une façon de trouver des formats de partenariats comme le mécénat financier ou de compétences.  

 

  • Enfin, l’écologie dans le sport est devenue un vrai sujet. Y a-t-il une prise de conscience ? 

 

La fédération travaille sur le sujet depuis 12 ans. Nous avons développé des programmes de formation auprès des organisateurs de compétition, de sensibilisation et de labellisation des organisations pour lier le monde sportif aux enjeux sociétaux. Encore une fois, pendant trop longtemps, le mouvement sportif était dans une case très cloisonnée.  

Il faut arrêter de faire partie du problème; il faut être la solution. Oui, les activités sportives ont un impact sur la planète qui est quantifiable. Il faut une vraie prise de conscience.

Il y a aussi une dimension de responsabilisation. Dans les gymnases, la consommation d’énergie est importante. La question du moment est de savoir comment on arrive à la réduire sans mettre en péril la qualité de l’expérience sportive. Dans les clubs sportifs, il y a des enfants de quatre à cinq ans. Il faut leur en parler. Les décideurs de demain, ce sont les jeunes qui sont dans nos clubs aujourd'hui. Il faut en faire des adultes éclairés, et le sport est un excellent moyen, car il a une dimension unique : le jeu. On peut faire passer beaucoup de choses par le jeu. Enfin, je pense que la question du sens doit être au cœur de tout. La jeune génération est celle du sens et du questionnement. C’est notre capacité à questionner notre raison d’être et le sens de l’adhésion à une association sportive. 

 

Christina Diego 

Fermer

Cliquez pour vous inscrire à nos Newsletters

La quotidienne
L'hebdo entreprise, fondation, partenaire
L'hebdo association
L'hebdo grand public

Fermer