Patrimoine : ces sites historiques qui font l’objet d’un appel aux dons et au mécénat
La reconstruction de Notre-Dame de Paris à la suite de l’incendie de 2019 a mobilisé plus de 340 000 donateurs et 846 millions d’euros. Mais en France, d’autres monuments historiques sont aujourd’hui menacés et font l’objet d’appel à contributions pour financer leurs conservations.
La réouverture de Notre-Dame de Paris les 7 et 8 décembre a dévoilé le résultat d’une opération de mécénat hors-normes, porté par plus de 340 000 donateurs. En France, d’autres monuments historiques font actuellement l’objet d’appels au mécénat et donations en vue de leur préservation ou de leur réhabilitation. Carenews vous propose une tour d’horizon.
Le village d’Oradour-sur-Glane, un témoignage menacé
Le village martyr, témoin des atrocités de la Seconde Guerre mondiale, fait actuellement l’objet d’un appel aux dons, lancé au mois de juin par la Fondation du patrimoine et le ministère de la Culture.
Pour sauvegarder les ruines du village dont les murs s’érodent, le site nécessite « une opération de conservation de grande ampleur », explique la Fondation du patrimoine. Les travaux consisteront notamment à consolider les éléments les plus sensibles de l’entité mémorielle, à restaurer diverses parties du site et à assurer la protection de biens mobiliers comme les carcasses des véhicules, le petit mobilier des commerces et des objets divers.
Oradour-sur-Glane, où 644 habitants ont été massacrés par les nazis le 10 juin 1944, est le seul village martyr de cette période encore existant en Europe. Pour le conserver, les besoins de financement sont estimés à 2 millions d’euros. Pour l’instant, 3 108 donateurs ont versé plus de 490 000 euros. Des opérations de mécénat ont également été apportées.
Un chantier de rénovation pour sauver le Fort Boyard
Site mythique du jeu télévisé du même nom, le Fort Boyard est un bâtiment militaire dont la construction a débuté sous Napoléon Bonaparte, avant d’être achevée en 1866. Construit en pleine mer sur un banc de sable, le bâtiment fait face aux éléments naturels qui le mettent en péril.
« Au fil du temps, l’éperon vers le large et le havre d’accostage vers le sud protégeant le fort ont notamment été détruits. De nombreuses fissures sont apparues. Si des travaux ne sont pas entrepris, le fort risque de disparaître », alerte le département de la Charente-Maritime, qui a lancé un grand projet de rénovation et un appel au mécénat ainsi qu’aux dons.
Les travaux de reconstruction des ouvrages de protection, à l’identique du design historique, doivent débuter à l’été 2025.
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Le cloître des Augustins à Toulouse fermé depuis 2019
Comportant l’unique cloître du XIVe siècle intégralement conservé dans le sud-ouest de la France, le musée des Augustins à Toulouse est entièrement fermé depuis 2019 pour rénovation et restauration.
Les colonnes et les chapiteaux du cloître présentent de nombreuses dégradations dues à l’humidité et à la pollution atmosphérique. Des croûtes noires « rongent le marbre et la pierre des galeries, mettant en danger l’intégrité du monument », avertit la Fondation du patrimoine qui a lancé une opération de collecte de dons en novembre.
Pour préserver le bâtiment, des travaux de consolidation et de nettoyage sont prévus pour début 2025, qui seront validés par une commission scientifique pluridisciplinaire mise en place par le musée, composée d’universitaires, de restaurateurs et de conservateurs notamment du musée du Louvre. À l’issue des travaux, le cloître doit ouvrir de nouveau pour retrouver ses fonctions de circulation entre les différents espaces du Musée des Beaux-arts implanté sur le site, et de lieu de détente grâce à son jardin.
Lauréat du fonds impact régional de la Fondation du patrimoine, le projet de restauration a pour l’instant récolté 69 210 euros, sur les 200 000 recherchés.
L’abbaye du Ronceray à Angers, un monument bientôt millénaire
Créée en 1028, l’abbaye du Ronceray à Angers est la seule abbaye de femmes parmi les cinq que comptait la ville d’Angers. En réponse à de nombreuses dégradations dues à l'ancienneté de l'édifice, à des restaurations mal adaptées et à un manque d'entretien et d'usage, la restauration de son portail sud et de sa cour pour permettre une réouverture de l’édifice roman au public font l’objet d’une campagne de mécénat lancée en septembre par la municipalité d’Angers et la Fondation du patrimoine.
L’estimation du coût des travaux s’élève à 436 720 €. Pour compléter le financement, la ville et la Fondation du patrimoine espèrent collecter 80 000 € grâce à la participation des habitants. Pour l’instant, 6 213 € ont été récoltés.
Élisabeth Crépin-Leblond