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Par Carenews INFO - Publié le 30 octobre 2024 - 14:38 - Mise à jour le 30 octobre 2024 - 17:39 - Ecrit par : Elisabeth Crépin-Leblond
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Paye ton influence veut changer les codes des réseaux sociaux

À travers sa page Instagram et ses actions de plaidoyer, le collectif Paye ton influence essaie d’éveiller les créateurs de contenus sur les réseaux sociaux aux questions climatiques et de les faire prendre conscience de l’impact de leurs modes de vie. Un engagement bénévole qui prend de plus en plus d’ampleur.

Le collectif Paye ton influence a été créé fin 2021 pour pousser les réseaux sociaux à une prise de conscience écologique. Crédit : AnnaStills/ iStock
Le collectif Paye ton influence a été créé fin 2021 pour pousser les réseaux sociaux à une prise de conscience écologique. Crédit : AnnaStills/ iStock

 

 

Sur sa page Instagram, le collectif Paye ton influence dénonce les partenariats opaques et les incitations à la surconsommation des créateurs de contenus sur les réseaux sociaux, tout en tentant de sensibiliser aux enjeux environnementaux.  

« Les influenceurs reprennent les mêmes codes que la publicité classique mais en étant encore plus efficaces pour faire vendre. Ils auraient pourtant d’autant plus la capacité d’orienter les normes sociales », affirme Amélie Deloche, une des cofondatrices du collectif. 

Au-delà du marketing d’influence, qui fonctionne grâce à des incitations à la consommation rémunérés par les marques, Paye ton influence dénonce les modes de vie mis en avant par les créateurs de contenus les plus suivis sur les réseaux sociaux. Voyages de presse à l’autre bout du monde, trajets en avion, nouveautés constantes… « Ils entretiennent l’idée que le bonheur réside dans la consommation », dénonce la diplômée de l’école de management de Grenoble, qui travaille par ailleurs dans le conseil en communication responsable. 

 

Des publications qui bousculent 

  

L’idée a germé chez Amélie Deloche et trois amies fin 2021, alors qu’elles étaient déjà membres du collectif d’étudiants et de jeunes diplômés Pour un réveil écologique. « J’ai toujours suivi beaucoup de créateurs de contenus et à un moment donné j’ai compris que l’impact de ce secteur prenait beaucoup d’ampleur », raconte-t-elle.  

Les quatre fondatrices cherchent un moyen de toucher le public le plus large possible et décident d’investir à leur tour les réseaux pour tenter d’inverser la tendance. Aujourd’hui leur compte Instagram, tenu par les bénévoles du collectif, recense 177 publications et plus de 35 000 abonnés. Un hashtag « payetoninfluence » invite les internautes à participer à l’interpellation.  

Parmi les dernières publications, un carrousel revient par exemple sur les multiples partenariats entre d’importants influenceurs français et le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (CNIEL), dans le but pour ce dernier de cibler les 15-25 ans. « Derrière le lobby du lait se cache une réalité peu reluisante. Depuis quelques années, de nombreux scientifiques alertent et tentent de faire entendre que les produits laitiers sont loin de représenter les bienfaits miracles comme les industriels veulent le faire croire », affirme Paye ton influence, dans son post qui revient sur les nombreuses campagnes marketing déployée depuis des décennies par l’industrie laitière.  

Preuve de la capacité du compte à déranger, la publication a donné lieu à une longue réponse du compte Les Produits laitiers, un label créé par le CNIEL, qui reconnaît utiliser le marketing d’influence pour promouvoir les produits de la filière, mais se défend de faire une promotion « n’importe comment » et affirme « respecter la liberté de ton et de parole de chaque créateur de contenus ». 

 

collectif Paye ton influence instagram
Le compte Instagram de Paye ton influence. Capture d'écran

 

  

Une chartre éthique à destination des influenceurs  

 

Les thèmes abordés par Paye ton influence dans ses publications sont divers et veulent inciter à la réflexion. Le développement d’un nouveau tourisme à l’ère d’Instagram y côtoie ainsi la légitimité à prendre la parole sur l’écologie en tant qu’influenceur, la « culture du vide » ou encore la réapparition de collaborations avec la marque de fast fashion H&M. 

En plus de sa page Instagram, le collectif qui se définit comme « des lanceurs d’alerte », mène des actions de plaidoyer directement auprès des créateurs, des agences d’influences, de l’Union des métiers de l’influence et des créateurs de contenu (Umic), et des pouvoirs publics. Ses membres ont également été intégrés aux discussions lors de l’élaboration de la loi visant à encadrer l'influence commerciale et à lutter contre les dérives des influenceurs sur les réseaux sociaux, promulguée le 9 juin 2023.  

Une charte éthique à destination des influenceurs, élaborée par le collectif et relayée dans sa biographie Instagram, propose en outre aux créateurs une liste d’actions à mettre en place pour une pratique plus responsable et écologique de leurs métiers. En début d’année prochaine, la sortie d’un guide de l’influence responsable élaboré avec l’Ademe est prévue. 

« Aujourd’hui les créateurs se remettent de plus en plus en question, notamment parce qu’une partie des audiences attend une prise de conscience », relève Amélie Deloche. Certains reviennent même vers eux pour les remercier de les aider à cette prise de conscience, affirme-t-elle. 

 


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Le modèle de l’influence en question  

  

Mais la transformation des pratiques de l’influence se heurte à son modèle, dont la pérennité économique repose sur la publicité. « Le plus gros frein à l’action aujourd’hui, c’est le business model », analyse Amélie Deloche.  

Pour les influenceurs et les créateurs de contenus, les collaborations avec les marques sont leur moyen principal de rémunération et les comptes qui décident de ne travailler qu’avec des entreprises engagées restent minoritaires.  

« Il y a de plus en plus de marques qui représentent la transition écologique et qui travaillent avec des influenceurs, mais il n’y en a pas encore assez pour toute l’influence », appuie la cofondatrice du collectif, tout en montrant que même la promotion de produits éthiques peut conduire à de la surconsommation. 

Conscient de cet enjeu, le collectif, dont l’action est de plus en plus médiatisée, se concentre aujourd’hui sur la réglementation et l’encadrement de la publicité, tout en continuant à éveiller les consciences et la réflexion par ses posts. Leur ambition ? Arriver à embarquer avec eux des influenceurs très suivis, qui ont la possibilité d’être des leaders d’opinion. « Il faut vraiment provoquer un changement des comportements », soutient Amélie Deloche. 

 

Élisabeth Crépin-Leblond

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