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Par Carenews INFO - Publié le 12 mars 2024 - 16:21 - Mise à jour le 19 avril 2024 - 17:58 - Ecrit par : Elisabeth Crépin-Leblond
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Quels sont les métiers de la transition écologique ?

Quelles places sont disponibles sur le marché du travail pour concilier engagement en faveur de la transition écologique et profession ? Quels besoins de recrutement ont les entreprises pour devenir plus vertes ? À l’occasion du salon Talents for the planet, Carenews a rencontré des professionnels pour dessiner des pistes vers des emplois plus vertueux pour l’environnement.

On peut exercer un métier utile à la transition écologique de multiples manières. Crédit : iStock.
On peut exercer un métier utile à la transition écologique de multiples manières. Crédit : iStock.

 

Devenir expert climat, mettre ses compétences au profit d’une association, concevoir des  modèles de villes plus durables ou encore se lancer dans l’agroforesterie ? Trouver sa place dans le monde professionnel peut parfois relever du parcours du combattant, alors quand il s’agit de prendre en compte les besoins de la planète, la tâche semble encore plus ardue.

Pourtant face à la crise climatique, exercer un métier qui permet d'œuvrer en faveur de l’environnement est une préoccupation partagée par un nombre croissant de  personnes en quête d’emploi. Selon un sondage réalisé en 2023 par Harris Interactive, près de 70 % des jeunes Français seraient ainsi prêts à renoncer à postuler dans des entreprises qui ne prennent pas en compte les enjeux écologiques.

Pour Yelena Ekolle, consultante en recrutement au sein du cabinet Omeva, les métiers qui permettent d’œuvrer pour l’environnement se découpent en deux catégories. « Il y a d’une part tous les métiers que l’on connaît déjà qui peuvent s’exercer dans une entreprise engagée en faveur de l’environnement, et il y a d’autre part la possibilité de se former pour devenir expert des questions environnementales », explique-t-elle. 

 

Développer des visions transversales

 

Le cabinet, spécialisé dans les métiers à impact positif et liés au développement durable, a ainsi développé des offres de recrutement sur des thématiques précises telles que l’expertise climat,  la diversité, la finance durable ou les énergies renouvelables. Les postes proposés aux candidats sont par exemple celui de chef de projet dans les énergies renouvelables ou expert climat au service d’une entreprise ou d’une administration, détaille Yelena Ekolle.

« Il y a un fort besoin pour les métiers de l’expertise car ils sont assez récents, il y a encore peu de formations ou de profils très expérimentés », met-elle en avant. 

Mais les possibilités de s’engager dans un métier à impact positif sont variés. « Souvent les personnes pensent à la RSE mais il y a plein d’autres manières d’exercer un métier engagé, comme travailler pour une association environnementale », explique la consultante. 

Yelena Ekolle insiste aussi sur les compétences supports qui sont transférables vers un métier à impact, comme la communication ou le marketing. « Parfois les candidats oublient qu’ils ont des compétences », note-t-elle. « On peut les exercer dans une autre structure ou essayer de faire changer la structure dans laquelle on est », ajoute-t-elle. 

Aligner son métier à son bien-être personnel est également indispensable pour construire une économie juste, affirme quant à elle Clémence Aurore, coach chez Mon job de sens, un organisme qui propose des bilans de compétence pour aider les personnes en transition professionnelle.

« Un métier qui a du sens en a pour moi, pour la planète et aussi pour mes cinq sens. C’est un métier qui ne va pas m’épuiser », explique Clémence Aurore. « Ce que je fais de mieux est là où je me sens le plus à ma place », souligne la coach.

Pour Clémence Aurore, les métiers de la transition écologique s'adressent à tous. Elle insiste notamment sur le besoin de visions transversales. « C’est par exemple un profil d’ingénieur qui a aussi une expérience dans l'associatif. Cela permet de faire dialoguer des secteurs et des modèles qui ne se parlent pas et de sortir des injonctions de la société d’hier », met-elle en avant.   

 

16 chantiers pour la transition écologique

 

Des visions transversales, c’est notamment ce que veut mettre en avant le collectif Pour un réveil écologique, formé en 2018 par des étudiants de grandes écoles qui refusaient de travailler dans de grandes entreprises polluantes. 

Pour aider concrètement les personnes qui souhaitent s’orienter vers un métier engagé dans la transition écologique, le collectif a dressé un panorama des enjeux environnementaux à des fins professionnelles et lancé une plateforme d’emplois intitulée « Pour l’emploi de demain », en partenariat avec Jobs that make sense. En s’appuyant sur les travaux d’autres organismes, comme ceux du think tank The Shift Project ou ceux de l’Ademe, et sur ses échanges avec les entreprises françaises, le collectif a ainsi identifié « 16 chantiers pour l’emploi de demain » qui regroupe des secteurs professionnels nécessaires à la transition écologique, ayant besoin de main d’œuvre et de compétences. 

« Le but est de développer des compétences utiles à la transition », explique Lou Méchin, ingénieure polytechnicienne engagée dans le collectif. Mais aussi d’éviter les « emplois échoués », c’est-à-dire les professionnels ayant des compétences utiles à la transition écologique mais qui travaillent dans des secteurs polluants. 

Parmi les 16 chantiers identifiés par Pour un réveil écologique, on retrouve celui de la rénovation énergétique, de la transition agroécologique et de l’alimentation durable, des énergies, du report ferroviaire, de la transformation industrielle, de la formation et de la sensibilisation, de la gouvernance et démocratie ou encore de la santé publique. 

 

Construire un modèle vertueux  

 

Pour Arnaud Herrmann, cofondateur de l’entreprise de formation professionnelle au développement durable Eco Learn, la transition écologique nécessite également des compétences permettant l'élaboration de stratégies vertueuses pour les entreprises.

Son entreprise a publié en 2024 la troisième édition de son baromètre annuel des compétences durables, réalisé en partenariat avec AEF Info et Talents for the planet. Pour le réaliser, Eco Learn a mené une enquête auprès des entreprises afin de déterminer leurs besoins de compétences et leurs préoccupations de recrutement. 

Arnaud Hermann répartit les compétences durables en trois parties : le socle de connaissances et de culture générale du développement durable ; les compétences techniques et opérationnelles qui permettent la mise en place d’une stratégie de développement durable ; et les compétences qui permettent de bâtir une vision pour l’entreprise et d’aligner un modèle d'affaires. « Personne n’est capable d’obtenir toutes les compétences », affirme Arnaud Herrmann. 

Selon le co-fondateur d’Eco Learn, celles qui manquent le plus aux entreprises aujourd’hui sont à la fois celles tournées vers la stratégie de l’entreprise en développement durable, et celles qui assurent la capacité de réponse aux réglementations, notamment la CSRD. « Il y a des interrogations profondes sur la manière de construire le modèle de l’entreprise. Quelle sera la stratégie d’entreprise ? Comment sera la gouvernance ? », rapporte-t-il.

 

Métier verts et métiers gris, éviter l’accumulation

 

Développer des stratégies d’entreprises et des compétences durables implique également d’abandonner certaines pratiques professionnelles. Le Commissariat général au développement durable (CGDD) distingue ainsi les emplois verts et verdissants, des emplois gris. 

Les emplois verts sont ceux « dont la finalité et les compétences mises en œuvre contribuent à mesurer, prévenir, maîtriser et corriger les impacts négatifs et les dommages sur l’environnement. Ils regroupent les métiers traditionnels de l’assainissement et du traitement des déchets, du traitement de la pollution, de la production et distribution d’énergie et d’eau et de la protection de la nature ». 

Tandis que les emplois verdissants sont « des professions dont la finalité n’est pas environnementale, mais qui intègrent de nouvelles "briques de compétences" pour prendre en compte de façon significative et quantifiable la dimension environnementale dans le geste métier. Ils regroupent des métiers beaucoup plus variés que les métiers verts, liés à l’agriculture et la sylviculture, l’entretien des espaces verts, l’industrie, le tourisme, l’animation, la recherche, les achats, etc.»

En France, environ 14 % des emplois sont verts, explique Pierre Gilbert, consultant en prospective climatique et cofondateur de Sator, une plateforme de cours en ligne dédiée à l’éveil citoyen. « Mais tous les emplois peuvent devenir verts ou verdissants. L'enjeu n'est pas pas empiler les emplois verts sur les emplois gris mais transformer les emplois gris en emplois verts », défend-il. 

Elisabeth Crépin-Leblond 

 

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