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Par Carenews INFO - Publié le 31 mai 2023 - 17:05 - Mise à jour le 10 novembre 2023 - 12:47 - Ecrit par : Théo Nepipvoda
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Pollution plastique : le mirage du tout-recyclage

175 pays sont réunis à l’UNESCO à Paris jusqu’au 2 juin pour des négociations autour de la pollution plastique. Une deuxième session d’un processus qui doit aboutir à un traité d’ici à 2024. Parmi les débats : doit-on croire aux vertus du recyclage ?

Le recyclage est-il la solution face aux déchets plastiques ? Crédit : iStock.
Le recyclage est-il la solution face aux déchets plastiques ? Crédit : iStock.

 

Pour résoudre les problèmes écologiques, il y a les tenants du solutionnisme et les autres, convaincus de la nécessité de réduire notre empreinte. Le débat autour des bienfaits du recyclage est un cas d’école : peut-on continuer à produire du plastique si, à côté, nous développons des solutions de recyclage ? Ou s’agit-il d’un mirage ? C’est  l’un des points névralgiques des discussions qui se tiennent à l’UNESCO, à Paris, jusqu’au 2 juin. 175 pays sont réunis pour discuter de la pollution plastique et poser les bases d’un accord qui devrait voir le jour d’ici à 2024 et probablement marquer un tournant.

 

La France, en première ligne pour la réduction

La « Coalition de haute ambition pour mettre fin à la pollution plastique », créée pour l’occasion, est un groupe d’une cinquantaine de pays souhaitant aboutir à un accord ambitieux de réduction des emballages plastiques. Conduite par le Rwanda et la Norvège, elle regroupe l’Union européenne avec la France, mais également le Canada ou bien le Japon. Elle souhaite aboutir à un accord contraignant avec des objectifs ambitieux de réduction du plastique pour 2040. Face à eux, des pays comme les États-Unis, l’Arabie Saoudite ou la Chine ne souhaitent pas de contraintes en la matière. Ils se positionnent en chantres du recyclage et croient en une meilleure gestion des déchets, sans pour autant se fixer d’objectif de réduction. 

 

Fin du tout-recyclage

Malgré ces quelques récalcitrants, le tout-recyclage n’est définitivement plus tendance. Le ministre français de la Transition écologique, Christophe Béchu, le disait en amont du sommet : 

Si on augmente nos taux de recyclage, mais qu’en parallèle on augmente notre production, on aura reculé dans la résolution du problème. Donc, premièrement on réduit, deuxièmement on majore la part de recyclage […] pour ce que nous ne pouvons pas réduire. »

Il faut dire que le recyclage n’a pour l’instant pas fait de miracles. L’année dernière, l’OCDE avançait le chiffre de 9 % des déchets plastiques recyclés à travers le monde. Une goutte d’eau. D’autant plus que cette part ne devrait pas dépasser les 17 % en 2060. En France, seulement un petit tiers des emballages plastiques étaient recyclés en 2019. 

 

Pourquoi le recyclage n’est pas la solution ?

Si rien n’est fait, la quantité de déchets plastiques pourrait incommensurablement augmenter. Comment assurer le recyclage de l’ensemble de la production ? « Le recyclage est une partie de la solution, mais ce n’est pas une solution en soi. On ne pourra pas du tout recycler tout le plastique alors que l’on prévoit de tripler la production de déchets en 2060 », considère Diane Beaumenay-Joannet, responsable plaidoyer pour l’ONG Surfrider Foundation Europe.

Charlotte Soulary, responsable du plaidoyer chez Zero Waste France, arbitre elle aussi entre la réduction et le recyclage : « On ne peut pas faire les deux, il faut mettre toute l’énergie sur la réduction pour baisser le nombre de déchets à recycler », considère-t-elle. « Quand on a une maison inondée, on ne commence pas par éponger le sol, mais plutôt par couper le robinet. Ici c’est pareil. »  

 

Compliqué et coûteux

Elle considère que le recyclage n’est « pas efficace, compliqué, coûteux, très polluant et potentiellement dangereux ». Pas efficace puisque « nous sommes capables de recycler uniquement en ajoutant de la matière vierge », explique-t-elle. La production de matière première sera donc toujours nécessaire pour faire perdurer l’utilisation de plastique. Elle rappelle également le nombre limité de cycles de recyclage : il est globalement compliqué pour l’objet recyclé de dépasser les deux ou trois vies.

D’autres limites au recyclage existent : la perte de matière lors de chaque processus en est une. Elle peut aller jusqu’à 5 %. Mais aussi les difficultés rencontrées avec des matériaux toujours plus complexes : « On ne parle pas uniquement de plastique, mais d'additifs, de produits chimiques. De plus, plusieurs matériaux sont mélangés, ce qui rend le recyclage compliqué », explique Charlotte Soulary.

 

Comment réduire la pollution plastique ?

Même s’il est nécessaire pour limiter la production actuelle de déchets plastiques, le recyclage présente donc des limites claires qui sont désormais bien saisies. Limiter la production de plastique est nécessaire. Pourquoi pas en interdisant certains objets comme cela a été le cas avec la loi AGEC qui a prohibé les pailles ou encore les couverts jetables. Développer le réemploi est également, pour Charlotte Soulary, une solution efficace, mais qui « nécessite un véritable engagement de la force publique. »

 

Théo Nepipvoda

 

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