Pourquoi La Nef souhaite-t-elle devenir indépendante du Crédit Coopératif ?
La banque coopérative La Nef souhaite devenir indépendante et ne plus être adossée au Crédit Coopératif. Pour appuyer sa demande d’agrément, elle a lancé « Big Banque », une campagne qui vise à lever 30 millions d’euros. Explications avec l’un des membres de son directoire.
La Nef, une banque coopérative qui finance exclusivement des projets sociaux, environnementaux et culturels, vient de lancer son opération « Big Banque ». L’objectif ? Lever 30 millions d’euros en fonds propres en proposant aux personnes morales, aux institutions, et surtout aux citoyens d’acquérir des parts sociales.
Devenir « la première banque éthique indépendante »
Créée il y a plus de 30 ans, la « banque éthique » est adossée au Crédit Coopératif qui est comme « un garant en cas de problème de liquidité et de fonds propres », résume Ivan Chaleil, membre du directoire de la banque coopérative. Dans une volonté d’indépendance, motivée par des « visions stratégiques différentes », les sociétaires ont acté, lors de l’assemblée générale de mai 2020, la séparation avec le Crédit Coopératif, explique-t-il :
Lorsqu’on a eu cet adossement, en 1988, le Crédit Coopératif était une banque indépendante. En 2002, elle est devenue une Banque Populaire. Et à la suite de la crise de 2008, la Caisse d’Epargne et la Banque Populaire ont accéléré leur regroupement. Le Crédit Coopératif fait désormais partie du groupe BPCE. Ce n’est pas anodin, car il est soumis à des règles d’un grand groupe bancaire. Cela a peut-être accéléré un peu nos divergences stratégiques.
Une levée de fonds pour appuyer sa demande d’agrément
Pour pouvoir devenir indépendante, la NEF a donc dû faire la demande d’un nouvel agrément auprès de l’ACPR, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution. Le dossier a été présenté le 30 juin 2022 et la démarche peut durer deux mois, comme un an. Avec ses 80 000 clients et 200 millions d’euros de nouveaux crédits chaque année, la NEF a le capital minimum requis pour faire la demande d’agrément.
Alors, pourquoi cette levée de fonds ? « Notre objectif est de montrer que notre dossier est solide et que nous sommes capables de mobiliser les citoyens, nos clients professionnels et les institutions autour de ce projet de banque éthique indépendante », détaille Ivan Chaleil. Les 30 millions d’euros ne sont donc pas un prérequis, mais un argument supplémentaire pour montrer patte blanche à l’autorité.
Un compte-courant avec une « néobanque verte »
Parmi les projets de la banque, la réouverture d’un compte-courant pour les particuliers. En effet, depuis 2015, la NEF ne propose plus ce produit aux particuliers.
Un partenariat avec une « néobanque verte » – qui est abus de langage, ce sont des fintech – pourrait être possible.
Lisa Domergue 
