Poursuite de la Cop 16 à Rome : une feuille de route pour le financement de la biodiversité adoptée
Les États sont parvenus à se mettre d’accord sur une feuille de route destinée à atteindre les objectifs de financement pour la protection de la biodiversité, notamment concernant les transferts de fonds entre pays développés et pays en développement.

Les premières discussions de la conférence des parties (Cop) 16 sur la biodiversité ont débuté à Cali (Colombie) à la fin octobre 2024. Elles s’étaient interrompues en raison du départ d’un trop grand nombre d’États sans pouvoir négocier sur une question cruciale : celle des financements. Les États se sont donc réunis une fois de plus à l’occasion d’une Cop 16 bis, à Rome du 25 au 27 février, et ont trouvé un accord le dernier soir.
Si la question de la mobilisation des ressources était au cœur des débats, c’est parce que l’accord de Kunming-Montréal, adopté en 2022 lors de la Cop 15 qui s’était tenue à Montréal, prévoit de mobiliser 200 milliards de dollars par an pour la biodiversité, provenant de toutes les sources, d’ici à 2030. Il était convenu notamment que chaque année, 30 milliards de dollars proviennent des pays développés ou volontaires, à destination des pays en développement.
À la Cop 16, les États ont prévu une feuille de route destinée à remplir cet objectif. Ils ont notamment décidé que le transfert de ressources entre pays développés et pays en développement pourra se faire de deux manières : soit à travers un nouveau fonds, comme le souhaitent les pays en développement, soit en s’intégrant à une entité ou plusieurs entités existantes éventuellement réformées, comme le désirent les pays développés. Ces derniers estiment en effet que les sources de financements pour la biodiversité sont déjà trop nombreuses et fragmentées. Pour l’instant, le débat n’est pas tranché. Les États ont décidé de reporter ce choix à 2028, lors de la Cop 18.
Des appels à concrétiser les engagements
L’accord est une « avancée utile pour maintenir la confiance dans le fait que le déficit du financement de la biodiversité peut être comblé, mais il ne s’agit que d’un seul revers de la médaille, et nous avons urgemment besoin de voir l’autre côté aussi : de l’argent sur la table », a commenté An Lambrechts, cheffe de la délégation de Greenpeace international à la Cop 16, une fois l’accord adopté.
« Dans un contexte politique global compliqué, l’accord de Rome démontre que le message “pas de financements, pas de protection” a atteint la salle de négociation. Il est désormais crucial que les pays du Nord global honorent leurs engagements et traduisent leurs décisions de ce jour dans des financements réels pour protéger la biodiversité en Amérique latine et dans le monde », a ajouté Laura Caicedo, coordinatrice des campagnes pour Greenpeace Colombie.
« C’est une victoire pour la protection de la biodiversité et c’est une victoire politique contre tous ceux qui veulent nous faire croire que la coopération internationale ne fonctionne pas pour défendre l’environnement », a pour sa part estimé Agnès Pannier-Runacher. La ministre française de la Transition écologique s’est notamment réjouie que l’accord ne crée pas de fonds, une « ligne rouge » à ses yeux, et que le texte vise « à mobiliser toutes les sources de financement disponibles ».
Indicateurs de suivi pour la protection de la biodiversité
La décision prévoit en effet un processus destiné à évaluer et mobiliser des financements issus de toutes les sources, publiques ou privées, nationales et internationales. Des étapes sont prévues lors des prochaines Cop. Celles-ci consisteront d’abord à identifier les obstacles à la mobilisation de ressources et à mettre en place des mesures pour en trouver de nouvelles, aux Cop 17 en 2026 et 18 en 2028.
Par ailleurs, le secrétariat exécutif de la Convention sur la diversité biologique, qui travaille à la mise en œuvre de ce texte adopté en 1992 structurant les négociations, devra « faciliter un dialogue international de ministres de l’environnement et des finances pour accélérer la réussite » des objectifs de financement. Il s’agit d’un « point fort de cet accord », selon l’ONG Campaign for Nature. Le secrétariat exécutif devra aussi prévoir des études sur le lien entre la dette et l’application de la convention, ainsi que sur celui entre la biodiversité et la finance climatique.
La discussion portant sur un potentiel élargissement des pays contributeurs à l’aide aux pays au développement, une demande des pays développés, est reportée à la Cop 17.
Au-delà des financements, des décisions ont marqué la Cop : des indicateurs de suivi pour l’application de l’accord de Kunming-Montréal, qui prévoit notamment de protéger 30 % des terres et des mers d’ici à 2030, ont été approuvés. Par ailleurs, le Fonds Cali, destiné à partager les bénéfices des entreprises découlant de l’utilisation d’informations de séquençage numérique des ressources génétiques, a été officiellement lancé. Il est toujours vide à ce jour.
Célia Szymczak