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Par Carenews INFO - Publié le 8 juin 2023 - 12:00 - Mise à jour le 13 novembre 2023 - 10:16 - Ecrit par : Célia Szymczak
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Les pays développés ne respectent pas leurs engagements d’aide internationale en faveur du climat

Dans un rapport publié ce mois-ci, l’ONG Oxfam évalue sévèrement la contribution des pays développés au financement d’actions de lutte contre le changement climatique dans les pays en développement.

Parmi les pays les plus touchés par les effets du changement climatique : les États insulaires en développement. Crédits : iStock.
Parmi les pays les plus touchés par les effets du changement climatique : les États insulaires en développement. Crédits : iStock.

 

Des représentants de plus de 200 pays négocient à Bonn depuis le 5 juin et jusqu'au 15 en prévision de la COP28. Une question occupe notamment leurs discussions : celle des financements climatiques attribués aux pays en développement par les pays développés. En plus d’être plus fragiles financièrement, les premiers sont souvent plus vulnérables aux effets du changement climatique. Leurs émissions historiques et actuelles montrent pourtant qu’ils portent une responsabilité largement inférieure dans la crise écologique. 

En 2009, à l’occasion de la COP15 de Copenhague, les pays développés s'étaient engagés à accorder chaque année 100 milliards de dollars aux pays en développement, afin de les aider à financer des actions de lutte contre le changement climatique. Cette mesure devait être effective en 2020. Dans un rapport publié le 5 juin, Oxfam explique qu’il n’en est rien. L’ONG évalue pourtant les besoins des pays en développement à 5 800 milliards de dollars pour les plans nationaux climatiques, un chiffre qu’elle considère largement sous-estimé.  

 

Financements climatiques par les pays développés
Crédits : Carenews à partir du rapport d'Oxfam. 

 

Les pays développés en retard

 

Elle cite d’abord les calculs de l’OCDE : selon l’organisation internationale, les financements accordés par les pays développés aux pays en développement s’élèvent à 83,3 milliards de dollars en 2020, au lieu de 100. D’après Oxfam, la valeur réelle du soutien financier dédié à l’action climatique serait encore plus réduite : 24,5 milliards d’euros, au maximum. Comment expliquer un tel écart ? 

 

Oxfam s’appuie sur deux éléments pour réévaluer la valeur des financements dédiés au climat. D’abord, elle ne comptabilise que 30 à 50 % des sommes qui financent partiellement des actions climatiques. Elle prend aussi en compte le coût des prêts concessionnels, qui sont accordés dans des conditions plus favorables que sur le marché. 

 

En revanche, elle exclut les prêts non-concessionnels, proposés dans des conditions classiques, qu’elle ne considère pas suffisamment généreux. L’engagement pris par la communauté internationale en 2009 porte bien sur les financements publics comme privés et n’impose pas de modalités spécifiques.

 

Des modalités critiquables

 

Pour justifier ses choix, l’ONG explique que les prêts s’avèrent « profondément injustes ». D’abord, les pays à bas revenus vulnérables au changement climatique ne sont « pas responsables » de la crise climatique, ce sont les pays riches qui ont « réduit le budget carbone permettant de se limiter à 1,5° de réchauffement » avec leurs « émissions passées excessives. » 

 

De plus, ces prêts risquent « d’exacerber la charge de la dette de nombreux pays à bas revenus, alors qu’elle n’est déjà pas soutenable. » Oxfam note que « beaucoup dépensent plus pour rembourser leur dette que dans le financement d’infrastructures de base, de la santé, l’éducation ou la protection sociale. » Les gouvernements endettés disposent aussi de moins de possibilité pour « investir dans des actions climatiques additionnelles. » 

 

Un dernier problème réside dans le risque que les taux d’intérêts augmentent, accroissant encore la charge de la dette. Pour illustrer ses arguments, Oxfam précise que les remboursements de dette extérieure des pays les moins avancés ont augmenté de 31 milliards de dollars en 2020 à 50 milliards en 2021 et à 43 milliards en 2022. 

 

26 % des financements climat publics déclarés sont fournis sous la forme de subventions. C’est trop peu, selon l’ONG. 31 % prennent la forme de prêts concessionnels, et 42 % la forme de prêts classiques.

 

Une action insuffisante sur l’adaptation 

 

Autre limite des financements accordés sous forme de prêts : ils contribuent au sous-financement de l’adaptation au changement climatique que déplore Oxfam. En effet, des actions d’adaptation n’offrent pas suffisamment de retour sur investissement aux investisseurs privés, puisqu'elles permettent de se préparer à des dommages. 12 % de la finance privée était destinée à l’adaptation entre 2018 et 2020, selon l’OCDE. 

 

Pour ce qui est des financements publics, 33 % étaient dédiés à l’adaptation en moyenne en 2019 et 2020. 59 % concernaient l’atténuation, soit 9 à 10,5 milliards par an, selon les calculs d’Oxfam. Pourtant, l’adaptation au dérèglement climatique nécessiterait 160 à 340 milliards de dollars par an d’ici 2030, selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). De plus, l’Accord de Paris pour le climat prévoyait d’atteindre un équilibre entre atténuation et adaptation, ce qui nécessiterait 50 milliards de financements publics climatiques chaque année. 

 

Un soutien trop faibles aux pays les plus vulnérables 

 

Autre point : les financements devraient soutenir en priorité les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement. Ces deux catégories sont particulièrement vulnérables au changement climatique. En 2019 et 2020, les premiers ont reçu 21,7 % des financements dédiés au développement et au climat, les seconds 2,4 %.

 

À l’occasion de la COP 27, les ONG ont salué la création prévue d’un fonds dédié aux pertes et dommages, conséquences de l'inaction climatique. Ces financements doivent s’ajouter à ceux dédiés à l’adaptation et à l’atténuation. Oxfam précise que dans 55 des pays les plus vulnérables au dérèglement climatique, « plus de 500 milliards de dollars de pertes économiques peuvent être attribuées au changement climatique entre 2000 et 2019. » Ces coûts devraient augmenter dans les prochaines années. L’ONG estime que ces financements devraient être accordés sous forme de subventions : elle considère qu'« aucune communauté ou personne ne devrait s’endetter pour se rétablir d’une crise due au climat qu’ils n’ont pas causé. »

 

Célia Szymczak

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