Précarité menstruelle : les préconisations de l’Impact Tank
Le think tank a publié un rapport qui propose notamment une méthode de mesure d’impact pour les structures engagées contre la précarité menstruelle.
Fin novembre, le think tank Impact Tank a rendu public un rapport sur la précarité menstruelle, également porté par l’Agence française de développement (AFD), Procter & Gamble, Dim et Fava. Il s’agit des conclusions d’un groupe de travail consacré à ce sujet, qui s’intéresse à la situation des femmes dans 12 pays d’Europe et d’Afrique.
Le rapport définit la précarité menstruelle de la façon suivante :
« La précarité menstruelle peut être définie comme l’accès limité ou inadéquat aux produits menstruels et à l’hygiène menstruelle, ou à l’éducation à la gestion de l’hygiène menstruelle en raison de contraintes financières ou de stigmates socioculturels négatifs associés aux menstruations. »
Il estime, se basant sur des chiffres déjà existants, que 25 % des femmes rencontrent des difficultés pour gérer leurs menstruations dans de bonnes conditions dans le monde. Près de 10 % des femmes sont concernées en France et en Belgique. La précarité menstruelle concerne 65 % de la population féminine au Kenya. 75 % de la population féminine éthiopienne n’a pas accès aux protections hygiéniques.
Un outil pour mesurer l’impact
Le document propose un outil de mesure d’impact dédié à la thématique de la protection menstruelle, considérant que « le manque de mécanismes de suivi des investissements dédiés à la santé et l’hygiène menstruelle, ainsi que d’indicateurs globaux pour mesurer les progrès réalisés tant par les acteurs publics que privés, constitue une barrière importante à l’augmentation des investissements dans le domaine. Pour progresser, le financement du secteur doit être multisectoriel et reposer sur une approche fondée sur des données probantes. »
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Partant de ces principes, le rapport a identifié 19 initiatives qu’il estime à haut potentiel. Il cite notamment ApiAfrique, une entreprise sénégalaise créée en 2016 qui fabrique, distribue et commercialise des produits d'hygiène réutilisables. Elle mène aussi des actions innovantes de sensibilisation. Au Cameroun, Kmerpad conçoit des serviettes hygiéniques lavables, et déploie des campagnes de sensibilisation et des sessions de formation dans les écoles, les prisons, les camps de réfugiés pour briser le tabou autour des règles. En France, l’association La Cloche est prise en exemple car un de ses programmes permet l’accès à des toilettes de commerçants pour les personnes sans-abri.
Ce rapport est une façon pour Impact Tank, think tank faisant partie du Groupe SOS, de promouvoir la mesure d’impact, pratique au cœur de son activité de plaidoyer.
Mieux rembourser les protections hygiéniques
Le document propose également un certain nombre de recommandations en termes de politique publique sur la précarité menstruelle. En France, il préconise d’étendre le remboursement par la sécurité sociale à tous les types de protection et pas uniquement les protections réutilisables. Il estime également que le remboursement devrait concerner toutes les personnes précaires, sans condition d’âge, et pas seulement jusqu’à 25 ans comme c’est le cas aujourd’hui.
Concernant l’international, le rapport relate que l’AFD préconise le développement de marchés locaux de protections hygiéniques. Tous les partenaires du rapport estiment qu'à l'international, il faut inclure la santé menstruelle dans les programmes d’éducation à la santé sexuelle et reproductive délivrés dans les écoles ou autres instances communautaires.
Théo Nepipvoda