L’Impact Tank veut bâtir un « New deal de l’impact » où la mesure de l’impact serait au centre de l’économie
Le rapport de l’Impact Tank pour un « New deal de l’impact » a été rendu public en présence de la ministre déléguée aux PME et TPE, Olivia Grégoire, avec comme objectifs de définir l'engagement sociétal des entreprises et de co-construire une stratégie commune de la mesure d'impact en France et en Europe.
L’Impact Tank, créé en 2020 à l’initiative du Groupe SOS et d’universités partenaires (Sciences Po, Sorbonne Université, Conservatoire National des Arts et Métiers, Paris Dauphine), a rendu public, mardi 30 août dernier aux Universités d’été de l’économie de demain (UEED), son rapport sur la mesure d'impact en présence de la ministre déléguée des Petites et Moyennes Entreprises, Olivia Grégoire.
L'ancienne secrétaire d’État chargée de l’ESS avait commandité ce rapport « sur la notion de la mesure d’impact qui est au centre de mes préoccupations, même si mon périmètre ministériel a changé depuis », a-t-elle tenu à rappeler.
L'impact a le vent en poupe et il faut être de plus en plus exigeant sur ce qu’est l’impact et ce qu’il n’est pas. C’est un mot percutant et puissant. L'impact est une révolution copernicienne dans le modèle des entreprises. Cela suppose une transformation en profondeur de leur manière de faire de l’économie », a annoncé Olivia Grégoire.
Une définition commune de l'impact
L’objectif principal de ce rapport est de construire une définition commune de l’engagement sociétal des entreprises et de la mesure d’impact en France et en Europe. Le rapport a réuni une trentaine de dirigeants d’entreprises et d’organisations professionnelles, associations, chercheurs spécialistes et décideurs publics et privés.
L’idée était de poser « des référentiels partagés » entre tous les acteurs et de « co-construire une méthode de développement et de mesure de stratégies d’impact à l’échelle des entreprises », a rappelé en préambule Tony Bernard, directeur de l’Impact Tank.
Une initiative qui s’inscrivait dans le cadre de différents chantiers en cours à Bruxelles, comme celui de la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) dont sa déclinaison dans les États membres est prévue en fin d’année, ou le devoir de vigilance européen, la performance environnementale des produits et des entreprises, et le projet de taxonomie sociale.
Une continuité entre économie classique et ESS
Pour Tony Bernard, cette remise de rapport symbolise tout d’abord la cohérence et la continuité des travaux puis le dépassement des frontières entre l’économie classique et l’ESS.
C’est la notion de mesure d'impact qui permet de dépasser ses frontières et d’accompagner tous les acteurs vers l'impact et la mesure d'impact », a-t-il précisé.
Un grand vide sur la mesure d'impact
La présidente de l’Impact Tank, Agnès Audier, a rappelé que le rapport était le résultat d’un groupe de travail qui s’est penché sur ce que les entreprises, petites ou grandes, font sur l’innovation sociale. « Nous avons essayé de comprendre ce qui fonctionne au niveau de l’impact et de regarder les enjeux réglementaires. »
Pour elle, le rapport répond à un grand vide en termes de risques et d’opportunités. « Il y a très peu de mesures d'impact dans le domaine social et sociétal. On est plutôt sur une mesure de l’impact environnemental. Les entreprises mesurent leurs émissions carbone ».
Alors que le champ social est très ancien. « Il y a très peu de mesures sur ce sujet et surtout peu de mobilisation des experts ou chercheurs. Nous y sommes très sensibles à l'Impact Tank », a-t-elle détaillé.
Un des plus grands risques est le social washing, « c'est-à-dire le fait que les entreprises mettent en avant des engagements anecdotiques, ce qui les discréditent au final », a-t-elle ajouté. Autre point de vigilance, la question de la réglementation.
Les agences de notation extra-financières sont en train de s’approprier la question de la mesure de l’impact, notamment au niveau de Bruxelles. Il est urgent de se mobiliser pour peser sur ce sujet. On doit travailler tous ensemble, c’est-à-dire les entreprises, les acteurs de l'ESS et les pouvoirs publics. C'est l’objectif de ce rapport », conclut-elle.
La standardisation de l’impact est nécessaire
Olivia Grégoire est revenue sur l’importance de la normalisation et la standardisation qui sont « un défi gigantesque au niveau européen ». Elle a rappelé que la directive CSRD sur le reporting extra-financier des entreprises a été adoptée à l’unanimité en février dernier.
Avec elle, toutes les entreprises de plus de 250 salariés au niveau européen vont devoir faire la transparence sur un grand nombre d’indicateurs de leurs performances environnementales et sociales. C’est la première fois que nous allons questionner les modèles et nous demander ce qui paraît bon ou pas dans l’économie capitaliste dans laquelle nous sommes », a-t-elle indiqué.
Pour autant, d’après elle, ce travail technique lié à l’application de la directive « n’est rien comparé au chantier qui nous attend pour transformer notre économie, en économie à impact ». La ministre appelle tous les dirigeants des PME et TPE « à prendre le chemin de l’impact ». Un impact qui sera sans doute loin de l'impact académique.
En attendant, Tony Bernard nous précise que l’étape suivante pour l’Impact Tank est d’entamer « un travail de propositions concrètes de politiques publiques pour inciter et accompagner toutes les entreprises vers le pilotage et la mesure de leur impact. Car ce qu’on ne mesure pas ne progresse pas. »
Christina Diego