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Par Carenews INFO - Publié le 5 mai 2022 - 10:00 - Mise à jour le 5 mai 2022 - 15:59 - Ecrit par : Théo Nepipvoda
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Nouveaux emplois verts : quand l’écologie remodèle le marché du travail

La transition écologique est créatrice d’emplois verts. Ces métiers attirent, car ils sont porteurs de sens, mais pas encore suffisamment au vu du nombre de postes non-pourvus.

Les métiers en lien avec l'environnement vont se développer. Crédit : iStock.
Les métiers en lien avec l'environnement vont se développer. Crédit : iStock.

 

Cécile Geoffroy est manager Green IT dans le groupe BTI - Advisory. En français correct, elle accompagne les entreprises dans leurs transformations du numérique vers un usage durable. La jeune femme égraine les anecdotes pour faire part de l’incompréhension qui règne autour de son métier. Il y a quelque temps par exemple, elle présentait son poste à deux ingénieurs qu’elle ne connaissait pas. Réponse sans détour de ses interlocuteurs : « Mais tu es payée pour faire ça ? » 

Green IT manager. Mais aussi chef de projet biodiversité ou encore spécialiste en éco-conception. La lutte contre le changement climatique est à l’origine, ces dernières années, de la création de nouveaux emplois « verts » aux intitulés parfois originaux.

Des ingénieurs pour sauver la planète

Cécile n’a pas de suite voulu se tourner vers ces métiers de la transition écologique puisqu’elle est passée par une formation classique pour devenir ingénieure. C’est grâce à ses stages de fin d’études qu’elle se découvre une vocation. Le numérique responsable répond parfaitement à ses attentes personnelles : « Je ne me voyais pas sortir d’école et faire un métier qui n’a pas d’impact », analyse-t-elle à posteriori . « Aujourd’hui, je finis ma journée de travail en me disant qu’il y a du sens dans ce que je fais ».

Concrètement, au quotidien, Cécile accompagne les entreprises en analysant leur volet numérique puis en les aidant à le rendre plus responsable, à avoir le moins d’impact environnemental. Analyse du cycle de vie, conseil sur l'architecture de code et questionnaires sur les pratiques des équipes… La jeune femme met ses compétences d’ingénieure au profit d’une cause qui lui tient à coeur.

un million d'emplois créés selon l'ademe

Des postes de ce type, pour verdir l’économie, il s’en crée tous les jours. Et plus généralement, l’environnement et la transition écologique sont indéniablement créateurs d’emplois. Selon l’Ademe, l’agence de la transition écologique, la stratégie bas carbone serait à l’origine d’un solde positif d’un million d’emplois créés d’ici à 2050 et déjà de 500 000 à horizon 2030. 

Et cette tendance toucherait la majeure partie des secteurs. Historiquement, il y a ceux de l’énergie ou de la rénovation énergétique. Mais de nombreux autres vont être touchés avec le développement de la RSE dans un grand nombre d’entreprises. Et toutes les strates de la société sont concernées par cette tendance puisque les postes créés peuvent être autant ceux d’ouvriers en bâtiment comme de cadres de grandes entreprises. Le secteur de la construction serait cependant le plus pourvoyeur d’emplois avec 196 000 emplois générés d’ici à 2050. Pour accompagner le développement de ces emplois, tout un écosystème s’est mis en place avec des organismes de formation dédiés, des cabinets de recrutement et même des salons professionnels comme Talent For The Planet qui s’est déroulé à Paris en mars.

Un manque de compétences

L’objectif : attirer de nouveaux profils. Il y a douze ans, Justin Longuenesse a fondé Imagreen. Même si aujourd’hui il a diversifié son offre, l’entreprise est à l’origine un cabinet de recrutement dédié aux métiers de l’environnement. 

Un type de structure indispensable puisque beaucoup d’entreprises ne trouvent toujours pas chaussures à leurs pieds pour beaucoup de postes. Justin Longuenesse observe d’ailleurs qu’un certain nombre de postes proposés par les entreprises via Imagreen ne sont pas pourvus, et cela, du fait d’un manque systémique de compétences. « Beaucoup d’offres s’adressent à des profils possédant un background », analyse le fondateur d’Imagreen. « Or, il n‘y en a pas énormément de ce type dans l’environnement. Dans ces métiers, il y a beaucoup de personnes qui se réorientent ou qui viennent de sortir d’école et qui ne peuvent pas encore inscrire de ligne d’expérience sur leur CV ». Beaucoup d’offres, donc, pour peu de personnes formées.

Un constat également partagé par Cécile, qui a choisi cette voie par conviction mais également pour la facilité à trouver un emploi : « d’un point de vue du plan de carrière, je suis sûre de pouvoir trouver un travail dans ce domaine », estime-t-elle. « Le métier que j’exerce ne va pas aller en déclinant ».

Vers un afflux massif de travailleurs vers les métiers verts ?

Le besoin de former de nombreuses personnes se fait donc pressant. Mais des indices laissent à penser qu’un nombre important de travailleurs qualifiés va affluer dans les années à venir. Tout d’abord, les organismes de formation se multiplient et vont envoyer de nombreuses promotions sur le marché du travail. L’environnement représente en 2018 près de 10 % des inscrits en formation contre 5 % en 2008, selon le ministère de la transition écologique.

 Ensuite, le besoin de sens dans le travail pousse toujours plus de salariés à se reconvertir vers les métiers « verts ». Près de neuf  répondants sur dix , d’une étude réalisée par la chaire « Impact Positif » de l'école de commerce Audencia et la plateforme Jobs that make sense, se sont déclarés en quête de sens. Plus de la moitié des répondants (57 %) souhaite « contribuer aux enjeux de la transition écologique et sociale ». Ils pourront mettre leurs compétences au profit du combat contre le changement climatique.

La quête de sens pour créer des vocations

Pour répondre à ces attentes, Mon Job de Sens a vu le jour en 2017. L’entreprise accompagne les reconversions vers des métiers à impact. Pour ce faire, elle propose des bilans de compétences enrichis avec des formations de six semaines. Depuis sa création, 350 personnes ont été suivies. Sophie Fabbi, responsable communication, explique cette recherche de sens : « Cela part d’une dissonance cognitive. Cette recherche vient du besoin d’aligner son travail à ses actes individuels comme les éco-gestes réalisés à la maison ». Parmi les personnes suivies, beaucoup sont âgées de 30 à 40 ans.

Chez ces reconvertis, certains emplois font plus rêver que d’autres. « Beaucoup de personnes arrivent en disant qu’elles veulent être consultantes RSE », constate amusée Sophie Fabbi. « C’est un bon métier, mais ce n’est pas fait pour tout le monde ». Mon Job de sens tente donc d’ouvrir le champ des possibles en montrant tous les jobs qui ont du sens.

Grâce à cette recherche de sens, il faut espérer un afflux massif de nouveaux profils. Car pour Justin Longuenesse, fondateur d’Imagreen 

 

Il va falloir une quantité de travail phénoménale. Il va falloir rénover des milliers de logements par an, produire des vélos en proportion importante. On va assister à une explosion des demandes de main-d'œuvre dans tous les secteurs ».

 

Théo Nepipvoda

 

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