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Par Carenews INFO - Publié le 22 octobre 2021 - 16:00 - Mise à jour le 22 octobre 2021 - 16:00 - Ecrit par : Lisa Domergue
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Qui sont ces jeunes qui dirigent déjà des ONG ?

Louise Clément et Kévin Goldberg ont moins de 35 ans et pourtant, ils dirigent déjà des ONG. Des profils que l’on n’a pas l’habitude de voir à la tête des organisations humanitaires. Quel est leur parcours ? Comment en sont-ils arrivés là ? Témoignages.

Crédit photo : Boonyachoat.
Crédit photo : Boonyachoat.

 

Ils ont moins de 35 ans et sont déjà à la tête d’une ONG. Kévin Goldberg, 33 ans est, depuis janvier 2021 le directeur général de Solidarités International. Louise Clément, 28 ans, dirige, depuis juillet 2020, Afghanistan Libre. 

Quels profils pour ces jeunes dirigeant.e.s ? 

« Je suis un peu arrivée là par hasard, comme une succession d’alignement des planètes. » C’est par ces mots que Louise Clément débute l’entretien. Diplômée d’un master en relations internationales à Science Po Toulouse, la jeune femme s’orientait vers des organisations internationales telles que l’ONU ou l’Union européenne. Un univers qu’elle côtoie à l’occasion de deux stages. Le premier au service des affaires européennes et internationales du ministère de la Justice et le second au sein d’une délégation européenne au Sri Lanka : 

Je me suis rendue compte que travailler dans l’administration n’était pas fait pour moi. Ce sont de trop grosses machines où l’on ne voyait finalement pas la finalité de ce que l’on faisait. En cherchant ce que je pouvais trouver avec mon diplôme, je suis tombée sur Afghanistan Libre. 

Louise Clément rejoint ainsi Afghanistan Libre en 2018 en service civique avant qu’un poste s’ouvre et ne lui soit attribué : « Que cela soit sur l’Afghanistan ou le métier, j’ai tout appris au sein de l’ONG. Afghanistan Libre c’est vraiment l’école de la vie. » Alors que l’ancienne directrice générale part en congé maternité, Louise Clément prend la direction par intérim puis la direction générale. « On n’avait pas forcément ni le temps ni les moyens de trouver quelqu’un d’autre », recontextualise-t-elle. 

Des parcours inhabituels

Comme Louise Clément, Kévin Goldberg reconnaît que sa nomination en tant que directeur général de Solidarités International change « des profils habituels ». Également diplômé d’un IEP avec une spécialisation en politiques européennes, Kévin Goldberg débute sa carrière dans les politiques publiques et rejoint une association des maires de petites communes durant deux ans : 

Je me suis assez vite rendu compte qu’un travail de relations publiques, d’influence restait un travail où l’on survole un peu les sujets et où l’impact réel n’était pas toujours clair. (...) On a parfois des prises de position qui sont trop faibles, ou en tout cas pas suffisamment fortes pour que cela génère du changement. Et j’avais envie de changement.

Une rencontre avec un élu impliqué sur les questions de l’ESS lui « ouvre les yeux ». Il rejoint ainsi le GROUPE SOS en 2013. Initialement chargé des projets européens, il devient rapidement responsable du développement et des partenariats. « Au bout d’un moment, le fait d’être toujours aux lancements des projets avait des côtés frustrants », raconte-t-il. 

Il débute alors une formation continue en management à Dauphine et participe à la création du secteur international du GROUPE SOS qu’il dirigera durant quatre ans. Il sera également le directeur général du GROUPE SOS Pulse, un des programmes de la branche internationale de l’association. Kévin Goldberg quitte le GROUPE SOS et rejoint l’association humanitaire Solidarités International en janvier 2021.

Des DG entourés

Pour Kévin Goldberg, âgé de 33 ans, « plus que l’âge, ce qui a questionné les dirigeants de l’ONG, c’était de prendre un profil qui n’était pas issu du terrain ». Par ses huit années d’expériences au sein du GROUPE SOS, il a su montrer qu’il est possible d’aborder le secteur associatif avec une vision entrepreneuriale : « C’est quelque chose que j’avais à cœur d’apporter dans mes prochaines activités professionnelles. » Mais selon lui, sa nomination à la tête de l’ONG repose aussi sur une organisation solide qui « ne fonctionne pas qu’avec son directeur général, mais avec une équipe particulièrement experte ». Depuis son arrivée à Solidarités International, il a, d’ailleurs, déjà pu établir la nouvelle stratégie de l’organisation pour les prochaines années. En juin 2021, il a été désigné comme l’un des 50 leaders engagés de moins de 40 ans par le Cercle Giverny dans son premier palmarès en partenariat avec Le Point

La jeune directrice d’Afghanistan Libre quant à elle ne se considère pas comme « une directrice générale comme on peut l’entendre dans certaines ONG », mais davantage « comme la directrice des opérations ». Elle peut compter sur l’implication de la présidente-fondatrice Chékéba Hachemi. « Je suis plus, au quotidien, dans l’exécution, mais les grandes orientations, on les définies main dans la main avec elle, car c’est son ONG. » Chékéba Hachemi est afghane. Elle est arrivée en France à l’âge de onze ans après avoir fui l’invasion soviétique. Après une longue carrière de diplomate en Afghanistan, elle a créé Afghanistan Libre. Depuis 2001, l’ONG est engagée pour l’éducation des filles et l’autonomisation des femmes. « Tout ce que les talibans détestent », rappelle Louise Clément alors que le mouvement islamique armé a pris le pouvoir en août dernier. L’ONG qui compte un bureau en France et un en Afghanistan fait partie du secteur Action International du GROUPE SOS.

L’âge, un frein ? 

Lorsqu’on lui demande si son jeune âge a impacté les relations avec ses homologues, elle répond sans hésiter : « Je suis effectivement la plus jeune. Mais j’ai eu la chance d’évoluer dans un environnement bienveillant donc ça ne m’a jamais posé problème. » 

Même constat pour Kévin Goldberg même s’il ironise lorsqu’on lui parle de son jeune âge : « Je me mets encore dans cette catégorie, mais disons que j’approche dangereusement de cette zone entre 35 et 50 ans où l’on est en milieu de carrière. » Très bien accueilli par ses « confrères et consœurs », il peut être, selon lui, enrichissant de faire évoluer certaines pratiques : 

Pour la gouvernance, il s’agit de se dire “ok, on va essayer avec quelqu’un qui a quelques années de moins de ce qu’on envisageait au départ”. Je ne dis pas ça pour dévaloriser l’expérience, on a toujours besoin d’expérience, mais il faut les deux. C’est dans la complémentarité des profils qu’on fait la richesse.

 

Lisa Domergue 

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