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Par Carenews INFO - Publié le 1 décembre 2022 - 16:58 - Mise à jour le 1 décembre 2022 - 17:31 - Ecrit par : Christina Diego
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Secours Populaire français : « un enfant de la Résistance »

Dans la Série « Histoire des grandes associations françaises », voici celle du Secours populaire français. Découvrez les principaux moments fondateurs de l’association caritative depuis sa création en 1945.

Bon de soutien à la campagne Vacances de la fédération de la Seine. Crédits : archives du SPF
Bon de soutien à la campagne Vacances de la fédération de la Seine. Crédits : archives du SPF

 

Connaissons-nous vraiment les grandes associations caritatives françaises ? Oui, dans les grandes lignes. Moins dans les détails. Comment s’est créée une grande association comme le Secours populaire, à partir de quels faits historiques a -t-elle construit son engagement ? Rencontre avec Joëlle Bottalico, secrétaire nationale et secrétaire générale adjointe du Secours Populaire français pour retracer plus de 70 ans d’engagement pour la solidarité. 

 

Le Secours Populaire français, héritier d’une période trouble

 

Les origines du Secours populaire
Article de La Défense, organe du Secours populaire de France et des colonies, 21 août 1936 - Crédits : Archives du SPF 

 

La création du Secours populaire français émane de la fusion entre l'Association des victimes du nazisme et le Secours populaire de France et des colonies, après la Seconde Guerre mondiale.

À l’origine, l’association se nommait le Secours rouge international, dont une section française a été créée en 1923 », précise Joëlle Bottalico.

Puis, avec l’avènement du Front populaire et de la guerre d’Espagne, des actions sont organisées pour répondre à la situation de précarité extrême dans laquelle se trouve une partie de la population espagnole. Il y a un élan de solidarité qui s’organise avec l’association Secours populaire de France et des colonies qui va venir apporter de l’aide matérielle pour assurer la subsistance des femmes et des enfants. « Ce sont les prémisses de ce que deviendra le Secours populaire. » Suite à son soutien aux victimes du franquisme en Espagne, le journal puis l'association du Secours populaire sont interdits en 1939. À partir de cette date, l’association se retrouve dans la clandestinité. « Durant cette période complexe, des dirigeants de l'association se sont retrouvés arrêtés, exécutés, voire déportés. Malgré les conditions extrêmement compliquées, les activités de solidarité ont perduré », détaille la secrétaire nationale.  

Une fois la guerre terminée, le Secours populaire français se constitue à partir des deux associations en novembre 1945. « L’idée principale dès les origines est de venir en aide, de soulager les enfants qui ont perdu leurs parents et qui sont dans une situation d’isolement et d’extrême pauvreté ». 

La première démarche du Secours populaire est d’accompagner ces enfants en colonies de vacances dès l’hiver 44, en Auvergne à la Bourboule, en zone libre. « C’est d’ailleurs une des activités emblématiques de l'association qui perdure encore aujourd’hui », assure Joëlle Bottalico. 

 

Les personnalités marquantes 

 

Des figures du monde culturel sont passées par l'association. Des antifascistes, des intellectuels de renom comme Henri Barbusse, Romain Rolland ou Francis Jourdain. Ce dernier est le premier président du Secours populaire, écrivain et designer de l’école du Bauhaus, « un intellectuel bien dans son époque », décrit Joëlle Bottalico. 

Ensuite, Pierre Kaldor, résistant et avocat, est le premier secrétaire général de l’association, très engagé sur la défense des droits de l’Homme. En 1954, Julien Lauprêtre, nommé tout d'abord secrétaire administratif, instaure l'indépendance de l'association et développe un esprit de solidarité. Il devient secrétaire général en 1957 et est considéré comme le président fondateur de l’association. Il y reste pendant plus de 60 ans, jusqu'en 2019. L’action du Secours populaire se tourne alors vers l’accompagnement des familles défavorisées, des personnes âgées précaires, des enfants et plus généralement, de l’accueil des personnes qui ont besoin d’être aidées. 

 

La catastrophe de Fréjus : un tournant

 

La catastrophe de Fréjus en 1959 est un événement marquant pour le Secours populaire. Le barrage de Malpasset lâche, il y a des centaines de disparitions et des dégâts monstrueux. 

« Le Secours populaire, qui était jusqu'alors très engagé sur la défense des droits humains, a manifesté un fort élan de solidarité et matériel sans se préoccuper de la situation religieuse, politique ou syndicale des victimes ». 

C’est vraiment un tournant dans l'orientation du Secours populaire. L'association commence à porter secours, quelles que soient les causes qui ont touché les victimes. C’est devenu la marque de fabrique du Secours populaire français. L’association prend son indépendance avec tout pouvoir, politique ou syndical, et acquiert une liberté de ton, de parole et d’actions. Le fond de la démarche du Secours populaire est alors de « faire pratiquer la solidarité ». Rassembler le plus grand nombre « pour agir et que la solidarité se déploie », indique la secrétaire nationale. 

 

 

L'histoire du Secours populaire.
 Crédits : Archives du SPF

 

L’aide à l’enfance devient centrale 

 

Dans les années 90, le mouvement « Copains du monde » naît de la volonté du président Julien Lauprêtre de faire participer les enfants aux actions de solidarité. 

« C’est un mouvement qui s’ouvre sur le monde avec des villages dans différents pays. Les enfants de toutes les nationalités se retrouvent pour faire bouger les choses et agir pour la solidarité », précise Joëlle Bottalico. 

Un autre élément fondateur est la création de la Journée des oubliés des vacances, dédiée aux enfants. 

« Un certain nombre d’enfants ne partaient pas en vacances, et c’est toujours le cas pour un sur trois. L'association voulait faire en sorte qu’ils puissent le faire au moins un jour. On a organisé une journée à la mer, baptisée la Journée des oubliés des vacances », raconte Joëlle Bottalico. 

La première sortie a lieu, avec la fédération de Paris, en 1980. L’année suivante, c’est la région Île-de-France qui a embarqué 10 000 enfants à la Vallée des Peaux-Rouges. Aujourd’hui, toutes les fédérations de France organisent cette Journée des oubliés. Et l’idée a essaimé hors frontières. 

 

Une attention particulière pour l’international

 

Le Secours populaire a toujours agi pour l'international. « Une attention particulière a été portée depuis les origines aux populations victimes de conflits armés, de façon matérielle avec des collectes populaires grâce à un réseau de bénévoles », détaille Joëlle Bottalico. 

C’est une véritable démarche populaire qui se développe à ce moment-là pour collecter du matériel et le distribuer en France et à l'international. Dans les années 70-80, il y a eu une grande campagne pour l’environnement, 100 000 arbres sont plantés au Sahel. 

 

Le Secours populaire aujourd'hui, fidèle à ses valeurs 

 

« Petit à petit, nous avons fait le choix de la décentralisation. Il n’y a pas une direction générale qui décide pour tout le monde. Les bénévoles ont commencé à se regrouper où ils agissaient, dans un comité local, déclaré en préfecture. Ces structures locales se sont organisées dans un département. C’est le début des fédérations de l'association. 

Aujourd’hui, il y a près de 90 000 bénévoles au Secours populaire. Le terme de bénévole apparaît tardivement dans le développement des associations. On parlait plus de volontaires, de permanents ou de militants. Dans les années 80, il y avait le Centre national du volontariat, qui est l’ancêtre de France Bénévolat. Ce centre faisait la promotion du bénévolat. 

En 2015, l’association a fêté ses 70 ans, un moment important pour renouveler de nouvelles ambitions de solidarités locale et mondiale.

 

Christina Diego 

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