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Par Carenews INFO - Publié le 22 septembre 2022 - 16:53 - Mise à jour le 23 septembre 2022 - 10:03 - Ecrit par : Théo Nepipvoda
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Station F : une implantation en demi-teinte pour la Tech for Good

Station F, le plus grand campus de startups du monde, est perçu comme le chantre de la French Tech. En revanche, la Tech for Good y cherche encore à se faire une place.

Station F à Paris. Crédit : Pierre Metivier.
Station F à Paris. Crédit : Pierre Metivier.

 

À peine inauguré quelques mois plus tôt, Station F a accueilli le 12 décembre 2017 l’événement Tech for Planet. Impulsé par l’Élysée, ce rassemblement se voulait comme une vitrine des startups françaises qui réconcilient planète et réussite économique. Franc succès médiatique pour cette journée et pour Station F avec la venue en personne du président de la République fraîchement élu, Emmanuel Macron.

Près de cinq ans après, que s’est-il passé ? Comment le campus aux 1 000 startups a-t-il intégré la Tech for Good, c'est-à-dire les startups utilisant la technologie dans une finalité écologique ou sociale  ? 

 

Le temple de la French Tech

Incontestablement, le temple parisien de la tech, créé par l’homme d’affaires Xavier Niel, est rattaché au concept de French Tech. C'est-à-dire à la défense d’un écosystème tech puissant dans l’Hexagone. En revanche, il est moins instinctivement lié à la notion de Tech for Good. C’est d'ailleurs l’avis de Jean Moreau, cofondateur de Phenix et figure médiatique de cet écosystème.

 Je ne vois pas Station F comme un haut lieu de la Tech For Good contrairement à d’autres lieux qui ont joué le jeu et se sont mis sur ce créneau-là. Il y a encore du travail à faire », Jean Moreau, cofondateur de Phenix et entrepreneur de la Tech for Good.

 

Un manque d’incubateur dédié

Share it, association basée dans les locaux de Station F, accompagne les entrepreneurs sociaux en concevant et codant gratuitement des solutions digitales. Au départ, en 2017, Share it était constitué comme un incubateur à part entière au sein de Station F. Coporté par l’ONG Ashoka, il était destiné à accueillir des entrepreneurs sociaux et à les accompagner. Mais ce projet tel quel n’a pas perduré dans le temps. Après le retrait d’Ashoka du programme, les équipes de Share it ont souhaité trouver une solution pour maintenir l’incubateur à Station F, en mettant sur la table des propositions intégrant de nouveaux partenaires : « à ce moment-là, nous avons voulu créer un nouveau programme de ce type », se rappelle Guilhem Menard, cofondateur de Share it. « Nous nous sommes dit qu’il était dommage qu’il n’y ait plus de programme dédié à l’impact. Mais il n’y a pas eu de réponse de la part des équipes de Station F ». 

Depuis, Share it y est toujours basé, mais avec un fonctionnement différent, proposant ses services en distanciel. Selon Guilhem Menard, désormais, on retrouve tout de même de la Tech for Good dans le campus, mais « sporadiquement dans des programmes non spécifiques ». Il estime qu’à Station F, « Il n’y a pas eu de réel virage sur les sujets à impact ».

À noter que le campus accueille B Lab France, acteur majeur de l’entrepreneuriat à impact et donc de la Tech for Good.

 

Yuka et Papondu dans les exemples affichés

Sur son site internet, Station F a regroupé 100 startups considérées comme les plus avancées ou les plus prometteuses du campus. Parmi elles, seulement une quinzaine ont une finalité sociale ou environnementale affichée dont Yuka ou Papondu. 

Mais certains éléments semblent indiquer une évolution. Récemment, un programme allant dans ce sens a vu le jour. Il s’agit du « Environnemental Start-up Accelerator » porté par Microsoft France. Ce programme, qui a débuté en janvier 2022, accueille sept startups européennes « s’attachant à trouver des solutions pour réduire et compenser les émissions de carbone ». Le sujet est spécifique et n’englobe pas toute la Tech for Good, notamment son volet social. Mais il s’agit pourtant d’un pas en avant avec la présence de startups comme Space4Good qui utilise la télédétection par satellite pour contribuer à des initiatives sociales et environnementales. La promotion est également composée de Carbon Time dont le but est d'accélérer la maturation des technologies de séquestration de CO2.

 

Vers une plus grande prise en compte ?

Traace est un logiciel permettant de mesurer et de piloter l’empreinte carbone des entreprises. La startup a rejoint il y a un an l’incubateur d’HEC : « Nous souhaitions être entourés par d’autres entrepreneurs et des personnes qui puissent nous conseiller », explique Thomas Guyot, l’un des cofondateurs. Il estime qu’aujourd’hui, « pas une startup n’arrive dans Station F sans avoir une partie de son activité liée à la Tech for Good ». Traace a d’ailleurs récemment été contacté par Station F pour créer un « club impact » avec d’autres startups. Et si les choses évoluaient progressivement ?

Pour l’instant, aucun référent n’est dédié à cette thématique. Thomas Guyot estime que la création d’un incubateur spécialisé sur la Tech for Good pourrait être bénéfique : « Cela me semble intéressant au vu de l’évolution du marché. Cela permettrait des synergies au niveau des ventes ».

 

Un bilan mitigé

Bilan ? Impossible aujourd’hui de passer à côté des enjeux écologiques. Une bonne partie des startups naissantes ont pour mission de réduire les émissions carbone. Un lieu comme Station F s’est donc saisi de ces enjeux et une partie des startups accueillies y répondent. Mais le virage n’est pour l’instant pas total et n’englobe pas les problématiques sociales.

Mais alors, comment attirer des structures de la Tech for Good ? En créant un programme spécifique. Mais également, selon Jean Moreau, en proposant des prix adaptés. « Tant qu’ils n’auront pas des tarifs préférentiels pour les jeunes pousses de la Tech for Good, moins matures et équipées, peut-être qu’il n’y aura pas d’attraction vers ce lieu-là ».

 

Théo Nepipvoda

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