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Par Carenews INFO - Publié le 10 mai 2022 - 15:00 - Mise à jour le 10 mai 2022 - 15:00 - Ecrit par : Christina Diego
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Ukraine : la plateforme J’accueille propose un cadre rassurant aux familles accueillantes

Pauline et sa famille accueillent depuis quinze jours deux mamans et leurs petites filles ukrainiennes. Une histoire de solidarité rendue possible grâce au programme J’accueille de l’association Singa, très confortable pour les accueillants. Témoignage.

la plateforme j'accueille permet un accueil serein et encadré. Crédit : iStock
la plateforme j'accueille permet un accueil serein et encadré. Crédit : iStock

 

Pauline, son mari et ses trois enfants vivent dans la banlieue est de Lyon. Depuis quinze jours, la famille accueille Olga et Valentina les mamans ukrainiennes de deux petites filles, Arina et Pania. Pauline est passée par la plateforme J’accueille, de Singa France pour cette seconde expérience.

 

 J’ai découvert le programme J'accueille, par des personnes bénéficiaires dans la société dans laquelle je travaille. Je menais une réflexion sur l’accueil en parallèle. À l’époque, avec mon mari, nous rénovions une grande maison. Nous nous disions que ce n’était pas très logique d’habiter dans une maison si grande à quatre, à cinq aujourd’hui », explique-t-elle. 

 

Le principal avantage pour Pauline réside dans l’encadrement de l'accueil proposé par l'association Singa. En 2021, lors d’une première expérience, le processus avait été plus formel, avec une réunion d’information bien en amont, de nombreux échanges avec des personnes déjà rodées dans l’accueil. La famille avait accueilli un jeune homme arrivant pendant trois mois. Cette fois-ci, quand la guerre en Ukraine a éclaté, Pauline n’a pas de suite pensé à contacter Singa Lyon. Elle avait cependant laissé son nom pour faire de l’accueil d’urgence. 

 

Se préparer à un accueil en urgence  

« Quand la Métropole de Lyon, qui gère l'accueil d’urgence, a recensé les personnes qui avaient de la place, je me suis fait connaître. Il y a eu une autre association locale qui nous a sollicités, en urgence, pour un accueil du jour au lendemain, fin mars. Mais cela n’a pas marché, les personnes d’Ukraine ne sont jamais arrivées comme prévu », précise-t-elle. 

C’est à ce moment-là que Singa Lyon la contacte, « de façon plus posée, en expliquant qu’il y avait deux mamans qui étaient arrivées depuis un mois, dans notre ville, à un kilomètre de notre maison. Elles cherchaient un logement dans le coin, car leurs enfants étaient déjà scolarisés dans la ville. Elles ne voulaient pas à nouveau leur faire vivre un changement ». Pour Pauline, c’était important de retrouver l’encadrement qu’elle avait connu avec Singa, où la famille n’est pas en prise directe avec les personnes accueillies dès leur arrivée. Il y a déjà tout un processus opéré par l’association pour s’occuper de leurs papiers, inscrire leurs filles à l’école.

 C’est important, car nous ne sommes pas des assistantes sociales, nous ne connaissons pas les modalités sociales. Nous l’aurions fait si nécessaire, mais je pense que c’est une aide importante pour passer à l’action et s’engager pour des gens pas très expérimentés de l’accueil comme nous, car nous n’avons pas beaucoup de temps. Cela rassure beaucoup. »

 

Un encadrement de J'accueille rassurant   

Le programme J’accueille met à disposition de la famille une personne référente, joignable à tout moment. Il y a une charte de l'accueil et une rencontre est prévue en amont avec les personnes. « Nous avons eu un délai de quelques jours pour préparer la maison. Nous savons que cela peut durer jusqu'à douze mois. Cela permet une stabilité pour les accueillis », indique Pauline. Et les personnes accueillies ont également un accompagnement de la part de Singa avec des points de suivi. Les conditions d’accueil demandées par l’association sont de mettre une chambre à part pour chacune des mamans. La salle de bain et la cuisine peuvent être partagées. 

« Chez nous, il se trouve que chaque maman à sa chambre, une cuisine, et une salle de bain pour elles quatre dans une partie de la maison que mon mari a réaménagée. C’est très confortable en fait. Nous avons fait en sorte qu’elles soient autonomes. Nous partageons les repas tous ensemble, quand on le souhaite, sans obligations, tout se passe de façon très spontané dans le quotidien », précise-t-elle.

Toute la famille lyonnaise a pris à cœur d’accueillir les mamans ukrainiennes et leurs petites filles.  D’ailleurs, même les enfants de Pauline ont exprimé leurs ressentis dès le premier jour : « si les personnes n’ont plus de maison, il faut qu’elles viennent chez nous, nous avons plein de chambres », ont-ils commenté.

Avec Olga et Valentina et leurs petites filles Arina et Pania, la première visite se passe bien, en présence d’une personne de Singa. « D’habitude, il y a un délai de réflexion, qui a été raccourci il me semble dans notre cas. Lors de ce premier rendez-vous, les mamans étaient très réservées. Elles posaient des questions très pratiques, sur le fait que l’eau soit potable, quels meubles étaient à disposition, etc. »

Depuis, les mamans sont très à l’aise et n’hésitent pas à demander dès qu'elles ont besoin de quelque chose. La famille a installé une application spéciale de reconnaissance vocale pour la traduction simultanée entre le français et l’ukrainien.

« Nous avons beaucoup discuté lors des premiers jours. Elles nous ont montré des vidéos et des photos de leur région, le Donbass, de leurs maris et familles restées là-bas. Je ne sais pas si elles donnent bien le change, mais elles sont de bonne humeur tout le temps. Elles se connaissent bien et sont amies d’enfance ainsi que de la personne qui vit à un kilomètre de chez nous où elles ont vécu les premiers temps. Elles avaient déjà vécu la période d’invasion russe en 2014, mais elles n’étaient pas parties. Là, il y avait trop de bombes. Une des mamans a eu des vitres explosées chez elle », explique Pauline.

Maintenant, Olga et Valentina doivent apprendre des rudiments de français, via des cours prévus à l’Université de Lyon 2. Les deux Ukrainiennes sont assez autonomes, même financièrement. « Avec Singa, c’est clair dans le contrat, il n’y a pas besoin de nourrir les accueillis. D’ailleurs, elles ont leurs propres ressources financières et elles préfèrent faire leurs courses elles-mêmes et cuisiner. Changer d’habitudes alimentaires, c’est la dernière chose que l’on fait quand on s’intègre dans un pays, je crois ».  

 

Une façon de faciliter l'engagement personnel

Pauline avoue qu'elle et son mari sont plutôt des personnes introverties et peu habituées à l’engagement collectif ou associatif. « Nous sommes très engagés pour l’écologie, chez nous, de façon individuelle. Le collectif est moins pour nous. » La maman avoue prendre beaucoup de plaisir à vivre cette expérience. « Ce qui me semblait important dans l’accueil, et je l’avais dit à Singa, c’était d'accueillir aussi des enfants. Je préfèrerais ne pas voir d’enfants sur les routes, c’est sûr, mais nos maison et mode de vie sont très adaptés pour eux. Cela facilite les échanges, il y a toujours une discussion qui s'ouvre. Il n’y a aucune barrière avec les enfants. Ils n'ont pas besoin de traduction, un ballon leur suffit. »

Pauline vit son engagement « sans y laisser de plumes ». Les Ukrainiennes ont tout le soutien administratif nécessaire pour faire leurs démarches avec Singa. « C’est très reposant. Il n’y a pas de si grand décalage de vie entre elles et nous ». 

Pour le moment, ni Pauline ni les Ukrainiennes ne savent à quel avenir s’attendre. Rentrer ? Travailler et vivre sur le long terme en France ? « Elles ne se projettent pas du tout sur un avenir. Et elles ne progressent pas encore beaucoup en français. D’ailleurs, si elles pensent rentrer, elles n’apprendront pas de suite le français correctement. Il leur faut encore 300 à 400 mots de vocabulaire pour commencer à travailler ». 

Pour Pauline et sa famille, ce qui est sûr, c’est que cette nouvelle vie leur apporte beaucoup.

Nous y gagnons plus qu’on y perd. C’est une super expérience et pas du tout une contrainte. C’est grâce au travail que mène Singa depuis 10 ans. Si on veut que les gens s'engagent dans l’accueil, il faut lever des freins. Et ils les ont bien identifiés. Je n’aurais jamais pu le faire s' il n’y avait pas eu ce cadre instauré par l'association. »  

 

 

Christina Diego 

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