Ukraine : la tech accélère la solidarité et la générosité

La guerre en Ukraine fait intervenir un élément relativement inédit dans un conflit : l’utilisation des nouvelles technologies. La solidarité, à l'œuvre en France et même partout dans le monde, n’a pas non plus été épargnée par cette nouvelle donne. Et si la tech pouvait être un catalyseur de solidarité dans le contexte actuel ?

WeUkraine, une plateforme qui recense des initiatives solidaires

C’est dans la nuit de samedi à dimanche de la première semaine de crise que Camille Cocaud a eu l’idée d’une plateforme qui recenserait les initiatives françaises en faveur de l’Ukraine : « Je n’arrivais pas à dormir », raconte la nantaise, consultante en digital. «Je me suis demandée ce que je pouvais faire à mon échelle ». 

À ce moment-là, Camille Cocaud constate qu’aucune solution française ne regroupe les différentes initiatives citoyennes. Elle décide de se lancer et met sur pied, en six heures, une première version de la plateforme. Puis, grâce à LinkedIn, elle a crée un collectif de professionnels qui depuis travaillent à améliorer le projet. « Nous sommes plus de 80 avec des professions diverses : cybersécurité, développeurs, communicants », détaille Camille Cocaud.

Sur le site WeUkraine.fr, de nombreuses propositions sont recensées, allant des collectes de fonds par de grandes associations comme la Croix-Rouge jusqu’aux collectes de matériel effectuées de manière très locale par des particuliers. Un bouton permet d’ailleurs de soumettre facilement une nouvelle  initiative. Camille Cocaud précise qu’un protocole de vérification des nouvelles initiatives est en cours de création.

EU4UA, le Airbnb de l’aide aux réfugiés

Autre plateforme initiée par quatre entrepreneurs basés en Belgique, Espagne et Colombie : EU4UA.  Il s’agit d’un site qui met en relation des Ukrainiens avec des citoyens européens prêts à fournir gratuitement un logement d’urgence.

Les quatre entrepreneurs sont les fondateurs de Jobgether, une plateforme qui permet à des demandeurs d’emploi de trouver des offres en fonction de leurs personnalités et leurs expériences professionnelles.

Avec le contexte, ils ont souhaité apporter leur pierre à l’édifice et ont monté la plateforme EU4UA pendant le week-end du 26 et 27 février. Sur le site, deux onglets sont mis en avant : un pour proposer son logement, l’autre pour chercher un logement en tant que réfugié. Pour le moment, la vérification des annonces se fait de manière individuelle, une par une.

Des geeks veulent contourner la censure russe

La désinformation touche massivement la population russe au sujet de la guerre en Ukraine. Les médias ont par exemple l’interdiction d’utiliser les mots «invasion», «offensive» et «déclaration de guerre» dans leurs contenus pour parler de la situation. Mais existe-il un moyen pour diffuser l’information sur le territoire russe tout en contournant la censure ? Un tweetos a eu une idée originale, relayée ce lundi par le collectif de hackers Anonymous. Il a écrit : « Allez sur Google Maps. Allez en Russie. Trouvez un restaurant ou un commerce et écrivez une critique. Lorsque vous l’écrivez, expliquez la situation Ukraine. » 

Il incite donc à laisser des avis sur Google Maps à propos de commerces, bars ou restaurants implantés en Russie. À la place d’un vrai commentaire, il propose de décrire la situation en Ukraine en espérant qu’un citoyen russe tombe dessus. Sur le site #StandForUkraine, version internationale de la plateforme WeUkraine, on retrouve un modèle de commentaire à laisser, en langue russe, qui décrit la situation actuelle sur le territoire ukrainien.

Les cryptomonnaies comme accélérateur de générosité 

Les cryptomonnaies, décriées pour leur volatilité et leur empreinte carbone, pourraient avoir une utilité pour aider l’Ukraine dans le conflit. Le pays se place en quatrième position des plus utilisateurs de cryptomonnaies. 

L’État ukrainien a directement appelé aux donations en Bitcoin et Ethereum en diffusant l’adresse de ses propres portefeuilles de monnaies virtuelles. Il aurait reçu plus de 18 millions de dollars en quelques jours. D’autres initiatives de collecte de ce type ont été mises en place pour soutenir l’armée ou la population ukrainienne. La militante russe et cofondatrice du groupe de punk « Pussy Riot », Nadya Tolokonnikova, a lancé UkraineDAO. Ce projet vise à récolter des fonds en cryptomonnaies ou par la mise aux enchères de drapeaux ukrainiens sous forme de NFT.

Déjà en juin 2021, Jacques-André Fines Schlumberger, directeur opérationnel de Blockchain For Good, évoquait l’opportunité que pouvait représenter la blockchain, technologie sur laquelle s’appuient les cryptomonnaies, dans ce type de situation :   « La promesse de la blockchain, c’est de pouvoir suivre l’argent et de faire en sorte que la totalité arrive effectivement sur le terrain aux mains du bon destinataire ».

En effet, la technologie permet des échanges sans intermédiaire et de manière 100 % sécurisée. Elle repose sur la confiance, un élément essentiel dans le contexte actuel.

Théo Nepipvoda