Aller au contenu principal
Par Carenews INFO - Publié le 9 avril 2025 - 15:45 - Mise à jour le 9 avril 2025 - 15:47 - Ecrit par : Elisabeth Crépin-Leblond
Recevoir les news Tous les articles de l'acteur

Un « parlement » pour faire entendre la voix des personnes exilées en France

Le Parlement des exilés a pour ambition de redonner la parole aux personnes exilées en France pour qu’elles puissent s’exprimer sur les sujets qui les concernent. L’association organise un tour de France pour rencontrer différentes populations et les mobiliser avant les « élections », prévues le 20 juin 2025.

15 « députés », composés de huit femmes et de sept hommes, seront élus au niveau national pour un mandat de deux ans. Crédit : iStock
15 « députés », composés de huit femmes et de sept hommes, seront élus au niveau national pour un mandat de deux ans. Crédit : iStock

 

L’idée a germé dans l’esprit de Douyna Hallaq et Rudi Osman lors des discussions autour du projet de loi Asile et immigration et du Pacte européen sur la migration et l’asile, tous deux adoptés en 2024. 

Les deux cofondateurs de l’Union des étudiants exilés, une association qui apporte une aide administrative, académique et psychologique aux personnes exilées souhaitant reprendre leurs études et aujourd’hui renommée Sillat, ont alors décidé de lancer un nouveau projet visant à redonner la parole politique aux premiers concernés par l’exil.  

Baptisée « Le Parlement des exilés », une nouvelle association est constituée dans ce but et lancée le 8 janvier 2025 au Conseil économique, social et environnemental (Cese). Quelque mois plus tard, elle débute un « tour de France » pour faire connaître l’initiative et mobiliser les futurs électeurs, électrices, candidats et candidates.  

  

15 représentants pour élaborer des propositions concrètes  

  

Le Parlement des exilés fera ainsi son premier arrêt à Montpellier le 11 avril, avant de rejoindre Marseille, puis Aubervilliers, Parentis-en-Borne, Nantes, Lyon et enfin Lille le 28 avril. Son but : aller à la rencontre des personnes étrangères réfugiées en France, dans des grandes ou petites villes, pour les inciter à faire entendre leur voix à l’occasion des élections que l’association organisera en ligne du 18 au 20 juin 2025. 

À l’issue de celles-ci, 15 « députés », composés de huit femmes et de sept hommes, seront élus au niveau national pour un mandat de deux ans. Durant cette période, les représentants des exilés recevront d’abord une formation théorique et pratique sur les enjeux politiques, dispensée par l’Université de Paris X-Nanterre, avant de se constituer en commissions thématiques afin d’élaborer des propositions concrètes à destination des personnes exilées. Ce processus vise à pallier le manque de participation politique possible offerte aux personnes en exil et renforcer leur voix au sein des institutions, quel que soit leur statut administratif. 

  

Structurer une représentation directe 

  

« J’en ai marre que d’autres parlent à ma place », fait savoir par exemple Ali Alsudani, réfugié irakien arrivé en France il y a six ans et porte-parole de l’association. « Nous voulons proposer un projet différent qui soit un espace de partage pour les personnes exilées et qui leur permette de participer à une aventure collective », met-il en avant.  

« Je comprends dans ma chair toutes les barrières qu’on doit surmonter pour s’intégrer à la population française, même après l’obtention du statut de réfugié », raconte quant à lui le juriste colombien Javier Scarpetta, revenant sur les difficultés matérielles et administratives qu’il a rencontrées depuis son arrivée en France en 2018.  

 


À lire également : 7 associations qui œuvrent pour l’insertion professionnelle des réfugiés


 

Les membres de l’association insistent notamment sur la nécessité pour les personnes exilées de pouvoir s’exprimer directement, sans devoir passer nécessairement par les structures civiles qui les fédèrent et leur apportent de l’aide. 

« Le problème avec les représentations spontanées que l’on voit aujourd’hui, c’est que, même si elles portent un plaidoyer indispensable, elles n’ont pas de mandat naturel. Leurs membres ne sont pas des élus », explique Anna Aïno Shcherbakova, activiste et chercheuse d’origine russe, également porte-parole du projet. « Le but du Parlement est donc de structurer une représentation qui existe déjà sur le terrain », détaille-t-elle. 

Pour se porter candidates, les personnes exilées doivent réunir plusieurs conditions. Elles doivent présenter un niveau B2 en langue française mais aussi être porteuses d’un projet politique en France, justifier d’une expérience militante, associative ou politique en France ou dans leur pays d’origine, être venues sur le sol français en raison de craintes liées à des raisons politiques, économiques, sociales, de genre ou d’orientation sexuelle, détenir un niveau bac ou équivalent, avoir entre 18 et 65 ans, résider en France depuis au moins un an et également ne pas disposer du droit de vote à l’échelle nationale ou européenne. 

  

Relancer le débat sur le droit de vote des personnes exilées au niveau local ? 

  

De leur côté, les électeurs doivent être âgés de plus de 18 ans et ne disposer d’aucune possibilité d’expression électorale politique en France.  

Pour l’association, ce projet vise également à faire avancer l’idée d’une représentation politique institutionnel des personnes étrangères. « C’est une immense injustice que les personnes exilées n’aient pas le droit de vote en France, même au niveau local », considère Ali Alsudani. « 68 % des Français sont favorables au droit de vote des personnes exilées au niveau local », avance quant à elle Douyna Hallaq, en s’appuyant sur un sondage réalisé en 2023 par La Lettre de la citoyenneté. 

Régulièrement évoqué dans le débat public notamment par des personnalités politiques de gauche, le droit de vote des personnes étrangères non originaires d’un pays de l’Union européenne aux élections municipales n’a jamais été acté en France. Les seuls scrutins auxquels ces personnes peuvent participer aujourd’hui sont les élections professionnelles et syndicales via ce qui est surnommé la « citoyenneté sociale ». 

 


À lire également : Présidentielle : Alter-votants propose aux abstentionnistes de donner leurs votes à des étrangers


 

Élisabeth Crépin-Leblond

Fermer

Cliquez pour vous inscrire à nos Newsletters

La quotidienne
L'hebdo entreprise, fondation, partenaire
L'hebdo association
L'hebdo grand public

Fermer