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Par Carenews INFO - Publié le 29 janvier 2025 - 17:48 - Mise à jour le 29 janvier 2025 - 18:01 - Ecrit par : Léanna Voegeli
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Loi Asile et immigration : un an après, la vive inquiétude des associations

Promulguée en janvier 2024, la loi Asile et immigration, portée par l’ancien ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, attise toujours les inquiétudes des associations qui luttent pour les droits des personnes réfugiées. Certaines se sont exprimées à l’occasion d’une conférence de presse le 28 janvier, à Paris, au siège de la Cimade.

De gauche à droite : Abderrahmane Sidibé, Muhamed Bah, Anthioumane Touré,  Laure Paradis (VoxPublic), Abdoulaye Sidibé, Fanélie Carrey-Conte, Mariama Sidibé. Crédit : Léanna Voegeli
De gauche à droite : Abderrahmane Sidibé, Muhamed Bah, Anthioumane Touré, Laure Paradis (VoxPublic), Abdoulaye Sidibé, Fanélie Carrey-Conte, Mariama Sidibé. Crédit : Léanna Voegeli

 

 

« La loi Asile et immigration est une des lois les plus répressives en matière de politique migratoire. Au moment de la promulgation, le Rassemblement national (RN) a même applaudi la victoire idéologique qu’ils disaient avoir gagnée », déclare Fanélie Carrey-Conte, secrétaire générale de la Cimade pour inaugurer la conférence. 

Celle qui estime que ces mesures législatives visent à « maltraiter et stigmatiser les personnes étrangères », note une certaine aggravation de leur situation. Elle évoque notamment la récente circulaire Retailleau, qui rétrécit le champ d’action des préfets en matière de régularisation des sans-papiers. La menace sur le droit du sol à Mayotte ou encore les pressions pesant sur l’aide médicale d’État (AME) font aussi partie des sujets cités. 

 

Mesures d’éloignement : des protections abrogées  

 

« Les associations et les syndicats exigent l’abrogation de la loi Darmanin et la mise en place d’une politique migratoire empreinte de dignité », clame Mariama Sidibé, membre de l’Intercollectif des sans-papiers. Ce mouvement comprend entre autres le Collectif des jeunes du parc de Belleville ou encore le Collectif des travailleurs sans-papiers de Vitry.

La parole est donnée à plusieurs de ses membres. Directement concerné, chacun aborde les difficultés rencontrées depuis l’adoption de la loi Darmanin.  

En évoquant les questions d’expulsion et d’enfermement, Anthioumane Touré met en lumière la suppression des protections auparavant réservées à certaines catégories. « Avant, des personnes étaient protégées de l’expulsion comme ceux.elles arrivés en France au plus tard à 13 ans ou ceux.elles qui avaient un.e conjoint.e français.e. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui », détaille-t-il. 

La loi stipule qu’une mesure d’éloignement peut être prononcée si des étrangers « représentent une menace grave pour l’ordre public ». Anthioumane Touré dénonce le flou de cette notion. « Cette menace à l’ordre public n’a pas de définition concrète », tique-t-il. 

 

Un climat toujours plus stigmatisant  

 

Le travail des personnes exilées en France fait également partie de l'ordre du jour. La loi Asile et immigration entend délivrer une carte de séjour « travailleur temporaire » ou « salarié » pour les personnes sans-papiers exerçant dans des métiers à tension. Abderrahmane Sidibé affirme que la liste des métiers en tension établie par la loi ne correspond pas aux secteurs employant une majorité de personnes étrangères. « Cette configuration oblige les sans-papiers à rester dans des métiers difficiles », ajoute-t-il.  

Fanélie Carrey-Conte émet un signal d’alerte sur l'état du débat politique actuel. Elle souligne que les obstacles rencontrés par les personnes en situation d’exil s’ancrent dans un climat politique et médiatique centré autour du triptyque « menacer, enfermer, stigmatiser ». Alfred Spira, de l’association Tous migrants, évoque quant à lui une situation qui évalue de façon « nauséabonde ».  

Un débat saturé d’annonces gouvernementales qui inquiète Mariama Sidibé. Les récentes déclarations de Bruno Retailleau sur l’AME ne l’ont pas rassurée.  Le ministre de l’Intérieur a en effet affirmé le 19 janvier que le gouvernement actuel allait « toucher » à l’AME. « C’est un sujet du PLFSS [projet de loi de financement de la Sécurité sociale] », a-t-il fini d’ajouter sur le plateau de BFM politique. Mariama Sidibé assure qu’il est indispensable de maintenir la gratuité de l’AME : « si le dispositif est remis en cause, c'est très grave », souligne-t-elle. 

Abdoulaye Sidibé déplore quant à lui la dématérialisation des démarches en vue d'obtenir une régularisation. « Nous aimerions un service alternatif sans être obligés de passer par ce site qui est très compliqué d’accès », précise-t-il. De son côté Muhamed Bah rappelle que la Gaîté lyrique est toujours occupée par le collectif des jeunes du parc de Belleville et soutient que le sort des mineurs non accompagnés doit rester au coeur des préoccupations. 

Une manifestation à l’initiative des membres de l’Intercollectif des sans-papiers aura lieu ce vendredi dès 15h, à Paris, place Montparnasse.

 

Léanna Voegeli  

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