Blockchain : une technologie au service de l’engagement ?
La blockchain, grâce à la confiance qu’elle apporte, commence à être utilisée par des ONG ou encore des entreprises à impact.
La blockchain est peu connue du grand public. C' est pourtant la technologie qui se cache derrière le Bitcoin, la monnaie virtuelle souvent décriée. Pourtant, la blockchain peut avoir d’autres finalités. Même si le phénomène est pour l’instant anecdotique, elle est utilisée à des fins sociales et environnementales. Explications.
La blockchain, c’est quoi ?
La technologie est utilisée depuis 2008. Il s’agit d’une base de données décentralisée, basée sur une multitude de nœuds, c'est-à-dire d’ordinateurs un peu partout dans le monde. Elle permet de stocker et de vérifier des informations et fonctionne sans organe de contrôle. La blockchain permet donc de réaliser des échanges d’informations et d’argent de manière 100 % sécurisée. Et cela, où que soient les personnes dans le monde. Le maître mot est donc « confiance ». Une confiance qui peut être profitable pour de nombreux acteurs engagés.
Les ONG friandes de cette technologie
La blockchain peut profiter aux ONG car elle permet de tracer l’argent et de vérifier qu’il arrive au destinataire sans être capté par de mauvaises personnes. Jacques-André Fines Schlumberger, directeur opérationnel de Blockchain for Good, nous détaille cette opportunité :
« Quand une ONG envoie 100 euros de l’hémisphère nord à l'hémisphère sud, seulement 40 sont dépensés sur place. La promesse de la blockchain, c’est de pouvoir suivre l’argent et faire en sorte qu’il y en ait 90 qui arrivent effectivement sur le terrain aux mains du bon destinataire. »
Mais ces organisations se sont-elles réellement emparées de la technologie ? « Depuis 2015-2016, la blockchain est expérimentée par les ONG », explique Jacques-André Fines Schlumberger. « Certaines ont déployé des projets très opérationnels ».
L’Unicef a par exemple lancé, en 2019, un fonds en cryptomonnaie (monnaie numérique) pour financer des projets bénéficiant aux enfants du monde. Il y a par exemple l’initiative GIGA qui vise à connecter les écoles du monde entier à Internet. De son côté, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies a mis en place le suivi d’un programme de repas scolaires en Tunisie grâce à la technologie de la blockchain.
Il s’agit de premiers pas, plutôt lents, mais qui peuvent laisser présager un déploiement massif.
L’investissement à impact social également concerné
L’investissement à impact social peut également bénéficier de la technologie blockchain, toujours grâce à la traçabilité de l’information. TREE Token est une plateforme qui permet d’investir dans la plantation d’arbres et de cultures combinées au Pérou et en Bolivie. La blockchain intervient en enregistrant toutes les transactions effectuées entre l’investisseur et le porteur de projet. Elle permet donc aux investisseurs de suivre concrètement l’impact de sa contribution.
Des solutions sont également développées pour rendre les informations des entreprises fiables. Et notamment les informations liées à l'impact social et environnemental. Diginex, une entreprise américaine, développe une solution qui rend traçables et fiables les informations liées à l’indice ESG (Environnement, Social et Gouvernance) notamment auprès des investisseurs financiers.
La blockchain, un allié face au réchauffement climatique ?
Et si la blockchain participait à la limitation du réchauffement climatique ? Elle peut en tout cas apporter sa pierre à l’édifice en s’appliquant au marché carbone. En effet, il existe des systèmes d’échanges de droits à polluer nommés marchés carbone, mis en place dans le cadre du Protocole de Kyoto. L’utilisation de la blockchain permet d’automatiser les transactions entre les personnes concernées tout en conservant la fiabilité au sein du marché.
La Veridium Foundation, financée notamment par IBM, a développé une place de marché du crédit carbone de ce type, utilisant la blockchain.
La blockchain a donc de beaux jours devant elle. Mais attention ! « Le sujet n’est pas assez mature pour qu’il y ait un raz-de-marrée d’utilisateurs », tempère Jacques-André Fines Schlumberger.
Théo Nepipvoda