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Par Carenews PRO - Publié le 2 février 2023 - 15:36 - Mise à jour le 6 février 2023 - 11:52 - Ecrit par : Théo Nepipvoda
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Comment les entreprises peuvent-elles s’impliquer dans l’aide humanitaire ?

Les entreprises peuvent avoir un rôle d’appui aux structures menant une activité dans l’humanitaire. Rencontre avec Hassan El Sayed, directeur des partenariats chez Solidarités International.

Hassan El Sayed, directeur des partenariats chez Solidarités International. Crédit : Solidarités International.
Hassan El Sayed, directeur des partenariats chez Solidarités International. Crédit : Solidarités International.

 

Hassan El Sayed est directeur des partenariats chez Solidarités International. Il s’occupe des liens avec les partenaires privés et publics, et de la gestion des subventions. Nous avons discuté avec lui de l’importance du rôle que pouvaient jouer les entreprises dans le soutien de l’activité humanitaire.

Solidarités International est une association française, fondée en 1980, d’aide humanitaire. Elle est engagée sur les terrains de conflits et lors des catastrophes humanitaires. L’un de ses combats centraux est celui de l’accès à l’eau potable et l’assainissement.

 

  • Quel est le poids des partenaires privés au sein de Solidarités International ?

En 2021, nous avions une cinquantaine de partenaires. En 2022, le nombre a un peu augmenté pour atteindre une soixantaine. En termes de volume financier, cela représente 1 % de notre financement global. 

 

  • Leur apport reste donc marginal ?

Non. Cela est marginal en termes de pourcentage. Dans la réalité, moins. Beaucoup de ces financements sont flexibles ou semi-flexibles et donnent donc une liberté d'action à l’organisation dans la gestion de ces financements. 

Le pourcentage intègre le mécénat de compétences. Or, l’impact sur l’organisation est plus important que sa valeur chiffrée, financière. On ne peut pas mesurer l’impact du partenariat privé uniquement par le chiffre.

 

  • Comment a évolué la place des partenaires privés ces dernières années ?

Sur les cinq dernières années, il y a une augmentation constante de leur apport avec un pic en 2022 au moment de la mobilisation sans précédent pour l’Ukraine. Nous avions déjà connu un pic en 2020 avec la mobilisation lors de la crise Covid. Nous sommes sur une croissance à deux chiffres du mécénat de compétences et financier. C’est une croissance assez considérable. 

Concernant le financement privé global de l’aide humanitaire, il y a eu une stabilisation autour de six milliards de dollars sur les cinq ou six dernières années selon l’OCDE.

 

  • Quelles sont les différentes façons de s’engager pour une entreprise ?

Il y a un panel très large de formes d’engagement. Chez nous il y a quatre grandes catégories. Tout d’abord, le mécénat financier. Il peut s’agir d’un don, non fléché ou flexible, c’est-à-dire un apport de l’organisation donatrice à l’effort global de Solidarités International. Ensuite, il y a du mécénat financier semi-flexible avec le financement d’une thématique globale comme l’accès à l’eau, la réponse rapide aux urgences ou le travail des femmes. Il peut également s’agir de financements de projets en particulier. 

Ensuite, il y a les dons en nature. Ils ne sont pas très importants, car les dons que l’on reçoit en France sont très coûteux à acheminer vu que la majeure partie des activités se passe à l’international. Aujourd’hui, nous développons notre activité en France avec une croissance très importante de nos activités, et donc ces dons en nature nous intéressent de plus en plus. Il peut s’agir de savons, de serviettes hygiéniques, d’équipements de plomberie ou encore de chaussures de chantier. C’est assez diversifié.

Le troisième type c’est le mécénat de compétences. Il peut s’agir de missions de quelques jours, quelques mois et même des missions de plus d’un an. Cette modalité est très intéressante. Etant donné que nous essayons d’allouer la majorité des ressources au terrain, dans les pays d’intervention, nous sommes contraints sur notre volume de ressources humaines au niveau du siège. Cet apport en bras et en compétences est une aubaine pour nous. Cela permet une injection d’expertise. Ce qui est impactant au sein de l’organisation. 

La dernière typologie, ce sont les produits-partage. On tisse un partenariat par exemple avec une entreprise qui fabrique et vend des parapluies. A chaque vente, une partie de la somme va à l’organisation. C’est par un acte de consommation que l’on tire des revenus.  

 

  • Solidarité International s’intéresse particulièrement à la question de l’eau. J’imagine que des entreprises comme Veolia ou Suez vous intéressent particulièrement ?

Forcément, selon le type d’activité, nous aurons des synergies avec certaines entreprises. La diversité des secteurs d’intervention de notre structure nous permet de toucher toute la sphère du monde privé. Après, il y a une centralité du combat pour l’eau. Il y a effectivement des partenariats historiques avec Veolia, Suez et d’autres entreprises liées à l’eau. Par exemple, Veolia a fait une grande donation de latrines mobiles pour l’Ukraine. Ils ont une expertise technique pour certains équipements qui peut être extrêmement utile. Pareil pour des stations de potabilisation de l’eau. 

 

  • Quels sont les avantages et inconvénients d’un acteur privé par rapport à un acteur public ?

Je dirais que cela  se vaut. C’est plus lié au type de partenaire et à la relation nouée. C’est spécifique à chaque partenaire. Des partenaires privés mettent parfois autant ou plus d’argent que des partenaires publics. Mais ce n’est pas la majorité. Le plus souvent, les montants alloués ne sont pas du même ordre de grandeur que ceux des partenaires publics. 

Généralement les entreprises privées peuvent être moins contraignantes que les partenaires publics, notamment d’un point de vue administratif.

L’autre différence est la présence au niveau du terrain, notamment de terrains compliqués où Solidarités International va être présente. La probabilité que les entreprises et fondations soient présentes sur ces terrains est très faible. Alors que les bailleurs publics, notamment avec les représentations diplomatiques, vont être plus souvent présents. 

 

  • Les acteurs privés ne remplaceront-ils donc jamais les acteurs publics ?

En tant qu’acteur humanitaire, nous n’avons aucun intérêt à parler de remplacement. Notre intérêt réside dans la coexistence, la collaboration de deux mondes différents certes, mais qui peuvent se rejoindre dans l’appui à l’action humanitaire. Pour nous, la disparition d’un des deux serait une catastrophe. Il faut que les deux existent, car ils apportent une richesse à la réponse.

 

Propos recueillis par Théo Nepipvoda

 

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