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Par Carenews PRO - Publié le 12 février 2024 - 17:57 - Mise à jour le 13 février 2024 - 10:43
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Convention des entreprises pour le climat en Bretagne et Pays de la Loire : un « électrochoc » pour les participants ?

L’association éponyme organise des Conventions des entreprises pour le climat dans l’ensemble du territoire français depuis 2021. Les participants doivent élaborer une feuille de route destinée à atteindre un modèle d’entreprise dite « régénérative ». Un rapport publié le 8 février décrit le déroulement de l'initiative et ses premiers résultats dans l’ouest de la France.

Les participants à la Convention des entreprises pour le climat en Bretagne et Pays de la Loire. Crédits : CEC Ouest.
Les participants à la Convention des entreprises pour le climat en Bretagne et Pays de la Loire. Crédits : CEC Ouest.

 

Le Crédit Agricole d’Ille-et-Vilaine, Quo Vadis, Orange, ou encore le Medef Pays de la Loire et l’association Singa Nantes : voici quelques-unes des 62 structures qui ont participé au  « parcours Ouest »  de la Convention des entreprises pour le climat (CEC), entre janvier et octobre 2023. Pendant ces dix mois, elles ont élaboré une  « feuille de route »  pour lancer leur transformation écologique d’ici à 2030. Un rapport publié le 8 février par l’association CEC, qui porte le projet, détaille les objectifs de l'initiative, son déroulement et ses résultats. 

Les organisations, en grande majorité des petites entreprises, ont participé à six sessions d’un ou deux jours. Ce sont les dirigeants qui participent eux-mêmes aux sessions. Ils ont par exemple écouté une conférence de Philippe Grandcolas, directeur de recherche au CNRS, venu évoquer l’extinction massive de biodiversité en cours. Pour sa part, la professeure de sociologie Dominique Méda a questionné les limites du produit intérieur brut (PIB) comme indicateur de richesse. Les entreprises ont également pu interroger leur modèle de décision : elles ont notamment découvert le modèle de la société coopérative d’intérêt collectif (Scic). Elles ont aussi réalisé une Fresque de l’entreprise régénérative, destinée à leur faire mieux comprendre ce modèle, présenté comme l’aboutissement de la CEC. 

 

1 000 entreprises en chemin vers le modèle « régénératif »  ? 

En effet, le rapport présente quatre modèles d’entreprises. L’entreprise « business as usual » se concentre sur  « sa pérennité et la génération d’un profit maximal ». La structure  « responsable »  intègre des principes de responsabilité sociétale (RSE) et cherche à réduire ses impacts négatifs. Le modèle  « contributif »  est un cran plus ambitieux, en intégrant la stratégie RSE dans le modèle économique. L’entreprise régénérative, enfin, va au-delà de la réduction d’impacts négatifs ou de leur neutralisation et génère des  « impacts positifs nets pour les écosystèmes et la société ». Pour ces entreprises,  « la recherche de prospérité précède la croissance » , peut-on lire dans le rapport. L’ensemble des entreprises participant aux CEC, déclinées depuis 2023 dans sept éditions territoriales, sont supposées viser ce modèle. 

Ces conventions se sont déroulées en Bretagne et Pays de la Loire – c’est le parcours Ouest –, mais aussi en Provence-Alpes-Côtes d’Azur et Corse, dans les Alpes, ou en Nouvelle-Aquitaine. D’après l’association, 1 000 entreprises participent ou ont participé à une convention depuis le premier parcours, lancé à l’échelle nationale en 2021

 


À lire aussi : L’entreprise régénérative : utopie ou réalité ? 


 

S’inscrire dans les limites planétaires 

Quel effet a la convention sur les participants ? Dans l’ouest, 98 % d’entre eux déclarent être bien ou très bien informés des enjeux écologiques à la fin du parcours, contre 59 % au début. Pour certains, l’expérience semble avoir été très marquante. Tiphaine Turluche, fondatrice du fleuriste responsable Les bottes d’Anémone, explique dans le rapport qu’elle se sentait  « en avance » sur les entreprises moins engagées en rejoignant le parcours, mais qu’elle a connu un « véritable électrochoc personnel et professionnel » en assistant à la première session, destinée aux constats. « L’immensité et l’imminence des enjeux (...) nous ont frappé en pleine face » , relate-t-elle. 

« L’immensité et l’imminence des enjeux (...) nous ont frappé en pleine face. »

Tiphaine Turluche, participante et cheffe d'entreprise

Au cours de la convention, les entreprises doivent donc élaborer une « feuille de route de transformation à visée régénérative (...) pour s’ancrer dans les neuf limites planétaires », des seuils de dégradations à partir desquels les scientifiques estiment que l’équilibre des écosystèmes est mis en danger. Pour éviter de les dépasser, les entreprises doivent établir un cap pour 2030, définir des grands leviers à actionner pour l’atteindre, un plan d’action et des objectifs d’impact mesurables. Dans l’ouest, 84 % des participants estiment à l’issue du parcours que « la décarbonation est un axe prioritaire de leur transformation », 71 % prévoient d’agir sur la surexploitation des ressources et 69 % sur les pollutions. 

Par exemple, le distributeur d’électricité Enedis Bretagne se fixe comme premier levier de  « réduire les impacts de [ses] activités sur le vivant ». Un de ses objectifs est donc de rendre  « bas-carbone »  80 % de ses chantiers. Pour ce faire, son plan d’action comprend entre autres la massification du  « réemploi dans tous les métiers »  et le fait de « tendre vers le zéro déchet sur [ses] chantiers ».

 

Surmonter le dilemme du prisonnier par l’action collective

Au cœur du projet : surmonter le  « dilemme du prisonnier ». Selon ce concept économique, les dirigeants d’entreprises ne sont pas incités à transformer leur modèle en raison des coûts du changement. Si une seule entreprise choisit de transformer son activité, elle réalise moins de bénéfices que les autres. Elle n’a donc aucune incitation à le faire.

Aux yeux de la CEC, « le dilemme du prisonnier se résout par la coopération »  entre les dirigeants d’entreprises. Le pari de l’association est donc de les réunir, pour qu’ils se penchent collectivement sur la crise écologique et décident de faire évoluer leur propre modèle. Un premier pas a été effectué dans l’ouest. Reste à voir si les feuilles de route seront suivies d’effet.

 

Célia Szymczak 

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