SCIC : de quoi s'agit-il ?
Les SCIC, coopératives multisociétariales, ont fêté leur vingtième anniversaire l’année dernière. Aujourd’hui, on en compte plus de 1 000 sur le territoire. Depuis peu, même les clubs de football s’y mettent. Décryptage.
Les SCIC, sociétés coopératives d’intérêt collectif, ont soufflé leur vingtième bougie en 2021. L’occasion de faire un point sur ces coopératives particulières qui tentent de renouveler la façon d’aborder l’entreprise.
Aujourd’hui, on en compte plus de 1 000 sur le territoire français faisant travailler plus de 9 000 salariés. Parmi elles, on retrouve notamment le fournisseur d’électricité Enercoop ou encore Railcoop, la nouvelle société ferroviaire. L’engouement est notamment marqué ces dernières années. Entre 2015 et 2020, on a observé un doublement de leur nombre et une augmentation de 150 % des emplois liés.
Qu’est-ce qu’une SCIC ?
Avant toute chose, essayons de comprendre ce qui se cache derrière cet acronyme. Il s’agit d’une coopérative, donc d’un groupement d’individus dans lequel le principe « une personne = une voix » est central. Comme dans les autres types de coopératives, l’objectif est certes économique, mais également social et culturel avec notamment des règles concernant les profits.
Mais contrairement aux autres coopératives, la SCIC associe plusieurs catégories de sociétaires. On parle de multisociétariat. Les salariés et les bénéficiaires représentent obligatoirement deux catégories. La présence, d’au moins, une troisième catégorie est obligatoire. Selon les ambitions de la coopérative, il peut s’agir d’autres entreprises privées, d'associations ou bien de collectivités territoriales. Chaque catégorie forme alors un collège avec une part des droits de vote qui est définie dans les statuts.
Une structure de coopération et de participation
L’objectif, ici, est d’être dans une logique de coopération et de participation. Cette organisation souhaite répondre aux enjeux de production d’un bien ou service d’intérêt collectif présentant un caractère d’utilité sociale. « On est ici dans l’idée qu’il faut faire émerger les forces des territoires », explique Maxime Quijoux, Chercheur au CNRS et membre au LISE-CNAM. « Les SCIC ne sont pas dans le rapport de force mais plutôt dans une idée de coopération globale entre différents types de parties prenantes. »
Contrairement aux SCOP, la question centrale est moins la place des salariés que celle de l’utilité et de la finalité sociale de l’entreprise. L’entreprise est alors plutôt conçue comme un lieu de démocratie et de réflexion : « Cela permet d’avoir de l’intelligence individuelle et collective dans des secteurs qui ne sont pas forcément couverts par l'État », note Maxime Quijoux.
Quel intérêt pour les collectivités territoriales ?
Un certain nombre de SCIC ont pour sociétaire une collectivité locale : elles sont près de 40 % à en avoir au moins une. « Pour la collectivité, la SCIC est un moyen de pousser la création d’un service pour lequel elle a observé un manque sur le territoire », explique Armelle Ripart, doctorante en sociologie au LISE-CNAM travaillant sur cette thématique.
Les Licoornes pour porter les SCIC sur le devant de la scène
En 2021, les SCIC ont été plusieurs fois dans l’actualité. La première avec la création des Licoornes, en juin dernier, une association de neuf coopératives SCIC qui veulent représenter une alternative aux géants du web. Parmi les neuf, on retrouve Enercoop, Label Emmaüs, une marketplace solidaire, et Citiz, le spécialiste de l’autopartage. Lors du lancement de l’association en juin, le coordinateur du projet, Jérôme du Boucher, avait expliqué l’intérêt de la SCIC :
Elle permet d’aborder les enjeux écologiques et sociaux car, des associations militantes ou des collectivités peuvent être représentées. (...) Ce multisociétariat donne une portée d'intérêt général à l’entreprise. »
Le football se met aux SCIC
Autre exemple, plus surprenant, les clubs de football qui optent pour une SCIC. Cette année, le Tours FC, club de Régional 1 s’en est emparé. En 2019, le SC Bastia avait déjà opté pour la SCIC alors qu’il venait, deux ans plus tôt, d’être rétrogradé en National 3 après une liquidation judiciaire.
Dans le média spécialisé Écofoot, le directeur général adjoint du SC Bastia explique ce choix : « La reconstruction du SC Bastia devait absolument passer par une union sacrée entre toutes les composantes du club ».
Depuis au SC Bastia, les supporters possèdent 20 % des droits de vote. Les collectivités, elles, 10 %. Le pari s’avère finalement réussi puisque cette saison, le club est remonté en Ligue 2.
Théo Nepipvoda