La députée Marie-Agnès Poussier-Winsback, nouvelle ministre déléguée chargée de l’économie sociale et solidaire
Les acteurs de l’ESS se réjouissent de la présence dans le gouvernement Barnier d’une ministre spécifiquement dédiée à cette forme d’économie.
L’économie sociale et solidaire (ESS) a de nouveau son ministre dédié, après plus d’une année sans titulaire. Samedi 21 septembre, la composition du gouvernement du nouveau Premier ministre, Michel Barnier, a enfin été dévoilée. Marie-Agnès Poussier-Winsback est nommée ministre déléguée chargée de l’Économie sociale et solidaire, de l’Intéressement et de la Participation.
Qui est Marie-Agnès Poussier-Winsback ?
Depuis 2022, elle est députée (Horizons) de la 9e circonscription de la Seine-Maritime. Elle fut notamment rapporteuse de la proposition de loi sur la revalorisation du métier de secrétaire de mairie.
Jusqu'en 2022, cette femme de droite était vice-présidente du conseil régional de Normandie et maire de Fécamp. Elle a derrière elle un long parcours politique puisqu’elle a commencé à militer au RPR en 1989 avant de poursuivre à l’UMP puis chez les Républicains. Elle intègre finalement Horizons, le parti de l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, en 2021.
Marie-Agnès Poussier-Winsback va faire ses premiers pas dans l’économie sociale et solidaire. On ne lui connait pas d'engagement ni d’expertise en matière d'ESS. Les acteurs de l’ESS comptent ainsi sur son soutien dans le cadre de l’examen du prochain projet de loi de finances (PLF), qui risque d’être placé sous le signe de l’austérité budgétaire.
Une présence de l’ESS dans le gouvernement jugée « indispensable »
Les acteurs de l’économie sociale et solidaire saluent unanimement la création d’un ministère spécifique à l’ESS rattaché à Bercy, configuration pour laquelle ils plaident depuis longtemps.
Jusqu’en juillet 2023, Marlène Schiappa occupait le poste de secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale et solidaire et de la Vie associative. Depuis, cette économie n’avait plus de ministre dévolu. Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des Petites et moyennes entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme avait récupéré le portefeuille de l’économie sociale et solidaire. Elle avait alors été épaulée par un délégué ministériel à l’économie sociale et solidaire, Maxime Baduel, nommé par le président de la République. Maxime Baduel étant toujours en poste, la nouvelle ministre devrait continuer à s’appuyer sur l’expertise de ses équipes, qui travaillent depuis plusieurs mois pour faire avancer plusieurs chantiers en faveur de l’ESS : un projet de loi visant à faire évoluer la loi de 2014 sur l’ESS, une conférence des financeurs de l’ESS, et une campagne de communication grand public sur cette forme alternative d’économie.
Du côté de la Confédération générale des Scop, on se réjouit, jugeant que « la présence de l’ESS au gouvernement est indispensable à l’heure où nos organisations ont besoin de stabilité et de continuité dans la construction de politiques publiques ». Pour Benoit Hamon, président d’ESS France, « c’était tout le moins, eu égard à la mobilisation exceptionnelle de la société civile en faveur de la victoire du front républicain ».
Pour Hugues Vidor, le président de l'Union des employeurs de l’ESS (Udes), « cette nomination est un signal fort pour les 220 000 employeurs de l’ESS. Mais au-delà des symboles, nous attendons un soutien concret et à la hauteur des défis que rencontrent nos employeurs. Pas de demi-mesures. »
Les chantiers qui attendent la nouvelle ministre
L’ESS, qui représente 14 % de l’emploi privé en France, a aujourd’hui besoin de reconnaissance. Elle entend faire la preuve de sa capacité à représenter un contre-modèle à l’économie classique. Pour ce faire, elle espère un trouver un appui au sein du gouvernement.
Sur LinkedIn, Timothée Duverger, ingénieur de recherche à Sciences Po Bordeaux où il dirige la Chaire TerrESS, explique les futurs chantiers de Marie-Agnès Poussier-Winsback : « Il y a plusieurs dossiers chauds qui l’attendent : la demande d’une loi de programmation pour le financement de l’ESS, le soutien aux dynamiques territoriales de l’ESS, la démarchandisation du secteur social et médico-social et un projet de loi ESS préparé par la délégation ministérielle. »
La participation et l’intéressement dans l’intitulé du ministère
Petite particularité, le portefeuille concerne également la participation et l’intéressement, des dispositifs de partage de la valeur qui permettent de rémunérer les salariés selon la performance de l’entreprise. Pour Timothée Duverger, « loin d’être une curiosité, ce nouveau périmètre ministériel est une opportunité de convertir l’économie conventionnelle à l’ESS, à condition de ne pas concevoir la participation comme le simple accès aux bénéfices de quelques-uns mais bien comme un projet de démocratisation de l’entreprise en favorisant l’accès de tous les salariés au capital. »
Théo Nepipvoda