L’économie sociale et solidaire : 14 % de l’emploi privé en France
La 6ᵉ édition de l’Atlas commenté de l’économie sociale et solidaire vient d’être dévoilée par ESS France, à l’occasion du Mois de l’économie sociale et solidaire. Elle rassemble toutes les données disponibles sur ce mode d’entreprendre particulier.
L’économie sociale et solidaire (ESS) emploie 2,6 millions de personnes en France à la fin 2019, soit 10,2 % de l’ensemble de l’emploi salarié et 13,6 % des emplois salariés privés. Elle compte aussi 150 000 entreprises et 210 000 établissements employeurs. Telles sont les données dévoilées par la 6ᵉ édition de l’Atlas commenté de l’ESS, qui vient d’être publiée par l’Observatoire national de l’ESS porté par ESS France, trois ans après l’édition précédente.
Le poids de l’ESS dans l’emploi varie d’une région à l’autre. Il est particulièrement fort dans l’ouest de la France : ainsi l’ESS représente près de 14 % de l’ensemble des emplois en Bretagne et 13 % dans les Pays-de-la-Loire, contre 7,6 % en Corse et 7,2 % en Ile-de-France
Les associations, principales employeuses de l’ESS
Les associations emploient l’essentiel des effectifs salariés de l’ESS : deux millions de personnes, représentant 1,5 million d’équivalents temps pleins (ETP), en raison de l’importance du travail à temps partiel dans ce type de structures.
Viennent ensuite les différentes familles de coopératives (coopératives de commerce, d’usagers, de salariés, coopératives bancaires…), qui emploient 320 000 personnes (284 000 ETP) ; puis les mutuelles (137 000 salariés, 122 000 ETP) et les fondations (108 000 salariés, 92 000 ETP). Les effectifs salariés des sociétés commerciales de l’ESS n’est pas indiqué, mais le nombre de ces sociétés est évalué à « environ 500 » en 2022.
Une forte présence dans l’action sociale et les sports et loisirs
L’Atlas rappelle que « l’ESS n’est pas un secteur d’activité », mais « est présente dans chaque secteur d’activité ». Son poids est particulièrement important dans six secteurs :
- L’action sociale, où elle représente 58 % de l’ensemble des emplois, avec notamment des établissements d’hébergement social ou médico-social pour personnes âgées, handicapées ou en difficultés sociales, des associations d’aide à domicile, des structures d’insertion par l’activité économique, etc.
- Les sports et loisirs, où l’ESS représente 56 % de l’emploi du secteur.
- Les arts et spectacles : 30 %.
- Les activités financières et assurance : 29,5 %, en raison du poids des banques coopératives et des mutuelles de santé et d’assurance.
- L’enseignement : 19 %, avec les établissements d’enseignement catholique, activités d’enseignement technique, instituts d’enseignement supérieur, école d’enseignement en langue régionale ou orientées vers des pédagogies alternatives, etc.
- La santé : 11 %, avec les hôpitaux privés à but non lucratif, services d’hospitalisation à domicile, services de soins et d’accompagnement mutualistes, etc.
Des modèles économiques variés
Les modèles économiques des structures de l’ESS sont variés. L’Atlas s'arrête notamment sur celui des associations : « contrairement à de nombreuses idées reçues, les associations tirent principalement leurs recettes de leurs activités (65,2 %), c'est-à-dire des ventes de leurs services ». Le modèle basé sur les subventions publiques est en nette baisse : celles-ci représentent en moyenne 20 % du budget des associations en 2020, contre 34 % en 2005, alors même que de nombreuses associations continuent d’assurer des missions de service public pour le compte de l’État ou des différents niveaux de collectivités.
L’ensemble des familles de coopératives, elles, représentent un chiffre d’affaires cumulé de près de 330 milliards d’euros en 2020, une progression de 1,7 % en deux ans.
L’Atlas ne donne pas de données consolidées pour les mutuelles d’assurance. En revanche, il indique que les mutuelles de santé ont collecté 18,6 milliards d’euros de cotisations en 2021, sur un marché total de 39,4 milliards d’euros, soit 47 % de l’ensemble des cotisations santé. Elles se situent, sur ce marché de la complémentaire santé, devant les sociétés d’assurance (36 %) et les institutions de prévoyance (17 %).
Enfin, en 2021, les actifs détenus par les fondations et fonds de dotation s'élèvent à 40 milliards d’euros, et leurs dépenses à 14,7 milliards d’euros. Soit une forte progression de 30 % pour les actifs en quatre ans et de 28 % pour les dépenses, hors fondations scientifiques et après correction de l’inflation.
Une reconnaissance de l’ESS par les institutions internationales
L’Atlas rappelle aussi la belle reconnaissance internationale dont a bénéficiée l’ESS ces dernières années : résolution en faveur de l’ESS de l’Organisation internationale du travail (OIT) en 2022 ; recommandation de l’OCDE en faveur de l’ESS en 2002 ; résolution des Nations unies en faveur de l’ESS en avril 2023, qui reconnaît notamment la contribution de l’ESS aux objectifs de développement durable (ODD). Une manière de souligner que l’ESS, en tant qu’économie non lucrative soucieuse des enjeux de long terme, est particulièrement bien placée pour répondre aux défis actuels, et notamment pour développer des activités répondant aux enjeux de la transition écologique.
Camille Dorival