Label Emmaüs : une coopérative face aux difficultés de financement
Label Emmaüs est une coopérative. Malgré les freins que ce modèle représente, l’entreprise arrive à avoir un impact positif conséquent, qu’il soit social ou environnemental.

Label Emmaüs expérimente l’aventure coopérative au quotidien. La marketplace est une SCIC, une coopérative basée sur le multisociétariat. Contrairement à une entreprise classique, une coopérative propose des parts sociales aux investisseurs et non des actions. « L’énorme différence est que la valeur nominale des parts sociales ne bouge pas dans le temps », explique Maud Sarda, cofondatrice et directrice de Label Emmaüs. Impossible donc de réaliser une plus-value.
Un modèle peu habituel pour des investisseurs
Conséquence : ce modèle attire peu les investisseurs, quelle que soit la santé financière de la structure. Et cela, malgré les intérêts payés aux investisseurs pour leur apport de capital pouvant atteindre 6 %.
Autre raison du désamour des investisseurs : « Dans une coopérative, il y a de la démocratie. Quel que soit l’argent investi, on a le même poids que les autres. Et cela, les investisseurs n’aiment pas trop, car ils ont l’habitude d’avoir la main sur l’entreprise en fonction de l’argent qu’ils investissent », développe Maud Sarda.
Label Emmaüs a tout de même réussi à lever 1,6 million d’euros grâce à l’appui d’investisseurs institutionnels comme France Active. Une somme qui reste cependant bien loin des fonds levés par les membres de la French Tech.
Un modèle coopératif à forts impacts
Pourtant, Label Emmaüs arrive à avoir un impact fort. Le modèle coopératif y est pour quelque chose : « Il est difficile de faire plus vertueux en termes d’impact qu’une coopérative. On réinvestit les bénéfices dans l’outil de travail, la plupart du temps les écarts de salaires sont très contraints et toute richesse engrangée crée de l’emploi sur les territoires », estime la directrice de Label Emmaüs.
Maud Sarda compare sa coopérative aux 120 entreprises du French Tech 120. La sienne crée un emploi pour 27 000 euros de chiffre d’affaires, contre un em- ploi pour 220 000 euros en moyenne pour ces entreprises. Label Emmaüs est donc davantage créatrice d’emplois.
D’autant plus qu’un tiers des salariés de Label Emmaüs est en parcours d’insertion et que 62 % des employés sont des femmes.
Un impact environnemental fort
La structure peut également se targuer d’avoir un impact environnemental avec, pour l’année 2022, 80 000 transactions d’objets et de vêtements de seconde main. Elle propose une alternative responsable et solidaire, et participe à mettre en lumière un nouveau modèle de consommation.
Interview de Sylvie Lhommet-Kilque, directrice Associations Collectivités et Entreprises à la MAIF, partenaire de cette catégorie.
Théo Nepipvoda