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Par Carenews PRO - Publié le 6 décembre 2023 - 14:00 - Mise à jour le 6 décembre 2023 - 14:10 - Ecrit par : Camille Dorival
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Les coopératives, fers de lance de la transition écologique et numérique ?

Le modèle coopératif est particulièrement pertinent pour penser la transition écologique et numérique. Mais comment être un acteur coopératif numérique tout en se préoccupant de réduire son impact environnemental, alors que le numérique pèse fortement sur les émissions de gaz à effet de serre ?

Le numérique est à l'origine de 2 à 4 % des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial. Crédit : RedVector.
Le numérique est à l'origine de 2 à 4 % des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial. Crédit : RedVector.

 

Comment les plateformes coopératives peuvent-elles favoriser la transition écologique et numérique ? Telle était la question posée lors du 4ᵉ forum des plateformes coopératives organisé le 5 décembre par Plateformes en commun, communauté d’acteurs numériques coopératifs créée en 2017 au sein de La coop des communs. 

 

Un impact environnemental croissant du numérique

 

De fait, le numérique représente 2 à 4 % des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial. Ces émissions devraient fortement augmenter dans les années à venir, un scénario tendanciel insoutenable si l’on veut limiter le réchauffement climatique. L’empreinte environnementale du numérique a plusieurs origines : l’extraction de matières premières destinée à la fabrication des terminaux (ordinateurs, smartphones…), la fabrication en elle-même, la distribution, l’usage et la fin de vie de ce matériel (seule la moitié des équipements étant collectée pour être réemployée ou recyclée). 

Or cette question n’a pas toujours été au cœur des préoccupations des acteurs numériques. Comme l’explique Rémy Gerbet, directeur exécutif de Wikimedia France, qui édite notamment la fameuse encyclopédie citoyenne en ligne, Wikipedia, « la question de notre impact environnemental est un sujet assez récent au sein du mouvement Wikimedia. Nous avons d’abord mis du temps à nous structurer au niveau mondial. Puis notre première lutte s’est plutôt orientée vers la question de l’égalité femmes-hommes. Le combat écologique émerge seulement depuis quelques années ». 

Le mouvement a commencé à collecter des données sur son impact environnemental en 2018. Résultat : la Fondation Wikimedia, maison-mère du mouvement, qui héberge notamment ses serveurs, émet 3 000 tonnes de CO2 par an, dont 44 % liées à des voyages et déplacements organisés pour favoriser des rencontres entre les membres de la communauté et 38 % liées aux datacenters. Pour réduire ses émissions, le mouvement recourt notamment de manière croissante aux énergies renouvelables, qui représentent aujourd’hui 74 % de l’énergie qu’il utilise, et réfléchit à des moyens de continuer à réunir ses communautés en réduisant son impact environnemental, « sachant que les réunions en visio suscitent beaucoup moins d’engagement que lorsque les communautés se rencontrent physiquement », souligne Rémy Gerbet. 

« Nous nous interrogeons aussi sur d’autres points, par exemple, faut-il limiter le nombre de contenus sur Wikipedia, ou le nombre d’illustrations sur les articles, pour moins peser sur les serveurs ?, note Rémy Gerbet. Toutefois, cela entrerait en contradiction avec notre mission sociale, qui est de donner l’accès à la connaissance le plus possible à un maximum de personnes ». Le mouvement a mis en place la « Wikimedia sustainability initiative » pour réfléchir à la baisse de son impact environnemental. 

 

Au service des besoins sociaux 

 

En France, les coopératives numériques se sont regroupées dans un mouvement, Coop Tech, hébergé au sein de la Confédération générale des Scop et Scic (CG Scop). Ce mouvement rassemble aujourd’hui 160 structures. Comme l’explique Arnaud Delcasse, dirigeant de CoopGo, qui propose des solutions de mobilités inclusives, solidaires et durables, et membre de Coop Tech,  « notre mouvement a vocation à la fois à promouvoir le statut d’entreprises coopératives auprès des créateurs d’entreprises, à structurer l’écosystème numérique des coopératives, pour qu’elles travaillent mieux ensemble et avec d’autres entreprises, et à mener une réflexion commune sur les questions de transition écologique ». 

« Le modèle coopératif, par son ancrage local, sa préoccupation du temps long, sa non lucrativité, le fait qu’il n’est pas à la recherche de l’hypercroissance, est particulièrement pertinent pour aller vers la transition écologique », souligne-t-il. C’est pourquoi Coop Tech cherche aujourd’hui à développer un discours politique sur le numérique, qui démarque les coopératives des autres acteurs, par leur appel à une utilisation plus raisonnée et moins intrusive du numérique, au service des besoins sociaux. 

 

Favoriser l’usage des logiciels libres 

 

De même, Coop Circuits est une société coopérative d’intérêt collectif (Scic) qui propose des solutions numériques pour favoriser les circuits courts. « Notre idée de départ n’est pas d’utiliser le numérique à tout prix, mais d’utiliser les technologies numériques pour réduire le nombre d’intermédiaires entre les producteurs et les consommateurs finaux, et rendre service à des agriculteurs et des usagers qui en ont besoin pour organiser leurs ventes », note Bérengère Batiot, responsable de la communication et du développement de la communauté à Coop circuits. 

La Scic fait partie de l’Open food network, communauté qui a vocation à accompagner le changement d’échelle des circuits courts, en s’appuyant sur des logiciels libres. « La question de l’éthique de la donnée est extrêmement importante pour nous, souligne Bérengère Batiot. Nous ne nous considérons pas comme propriétaires des données que nous récoltons. »

« Au début, reconnaît-elle, nos utilisateurs venaient vers nous surtout pour l'efficacité et les fonctionnalités de notre outil. Mais aujourd’hui cette question de l'éthique, de l'utilisation de logiciels libres, du modèle coopératif, est citée par un nombre croissant de nos usagers. » Coop Circuits fait partie du collectif des Licoornes, rassemblement de structures coopératives oeuvrant en faveur de la transition écologique, sociale et numérique. Ce mouvement vise à « transformer radicalement l’économie en construisant un système économique entièrement coopératif », plus favorable au respect du vivant et à la justice sociale. 

Camille Dorival 

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