Mécénat sportif : 3 manières de s’engager
En janvier 2022, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra indiquait vouloir « fortifier notre modèle sportif », invoquant autant un besoin d’innovation et de modernité qu’un modèle économique pérenne et autonome. Alors que la pratique sportive est largement portée en France par le secteur associatif, comment et pourquoi les mécènes devraient-ils investir dans le sport ? Trois tendances ressortent.
Soutenir des athlètes
À ne pas confondre avec le sponsoring, qui redore l’image de marque à travers l’utilisation d’égéries sportives, le mécénat au service des athlètes est un appui direct à la pratique sportive. Sans contrepartie, il leur permet de s’entraîner, développer leur maîtrise technique et participer à des compétitions d’envergure, tout en leur donnant les bonnes conditions pour développer leurs compétences professionnelles en vue de leur vie post-compétition.
Comment soutenir un ou plusieurs athlètes ? Deux plateformes existent : www.jesoutiensunathlete.fr créée par le Medef et www.pactedeperformance.org créée sous l’égide de la Fondation du Sport Français - Henri Sérandour. Elles permettent de s’informer sur les différentes étapes d’une telle démarche, encadrées juridiquement par une convention. La somme versée par l’entreprise peut aller jusqu’à 23 000 euros par an, dont 20 700 euros sont reversés au sportif sous forme de bourse. À noter, que la différence revient à la Fondation, en vue d’investissements aux bénéfices des athlètes et pour le développement du dispositif. L’entreprise mécène peut alors bénéficier de 60 % de réduction sur l’impôt des sociétés, dans la limite de 20 000 euros ou 0,5 % du CA de l’entreprise (report de l’excédent possible sur les cinq exercices suivants).
Le montant du don n’est pas fixe, ni obligatoire. Le mécénat sportif s’adresse donc également aux TPE et aux particuliers qui peuvent participer à hauteur de leurs moyens. Dans ce cas-là, c’est la fondation qui se charge d’identifier d’autres mécènes afin que l’objectif soit atteint pour que les sportifs éligibles reçoivent une bourse complète.
Quelle valeur ajoutée pour l’entreprise mécène ? Cela contribue à favoriser l’esprit d’équipe auprès des salariés qui peuvent se mobiliser derrière les athlètes et aider à une plus grande diffusion des pratiques sportives en interne. Par ailleurs, des athlètes qui se préparent dans de bonnes conditions ont plus de chances de gagner et de faire ainsi rayonner leur sport, entraînant un regain des inscriptions en clubs et le maintien d’un tissu associatif sportif dynamique sur leur territoire.
Soutenir la pratique amateur
Le sport est un élément crucial à soutenir en termes de santé publique, qu’on parle de forme physique ou mentale. Dans une interview accordée à nos confrères de france info, le médecin Damien Mascret déclare que pratiquer « une activité physique régulière, au moins 30 minutes, trois fois par semaine » permet de réduire le risque d’avoir l’un des trois cancers les plus mortels en France, de près de 27 %.
Le mécénat a ainsi tout intérêt à venir en appui aux projets permettant l’accès aux sport-santé et bien-être. D’autant que différents facteurs peuvent être à l’origine de l’abandon du sport par les particuliers, augmentant ainsi les risques sanitaires et psychosociaux.
Par exemple, La Fédération Nationale du Sport en Milieu Rural a constaté l’émergence de « déserts sportifs », des zones en France dénuées d’infrastructures ou d’encadrement sportif pour les populations. Pour tenter d’y remédier, elle a donc mis en place Mobil’Sport, un gymnase ambulant pour les territoires ruraux : des camions et des éducateurs sportifs se déplacent à travers diverses régions et départements pour mettre à disposition des populations des équipements mobiles pour jouer au tennis, au football ou même faire de la gym. Aucune licence en club n’est requise, et les pratiques peuvent être adaptées pour que chacun.e puisse bouger et se dépenser, quel que soit son âge.
Comment soutenir la pratique sportive amateur ? Le soutien des entreprises aux associations sportives peut prendre la forme de versements de sommes d’argent, mais également de dons en nature. Elles peuvent par exemple mettre à disposition des locaux, proposer gratuitement une prestation de services ou remplacer du matériel sportif. À noter que dans le cas des dons en nature, il appartient à l’entreprise donatrice de procéder à la valorisation du don.
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Soutenir le sport comme vecteur d’inclusion
La période pré-olympique que nous vivons nous le rappelle constamment : le sport est porteur de valeurs citoyennes. Camaraderie, entraide, interculturalité… À travers le soutien philanthropique de la pratique sportive, les mécènes peuvent avoir un impact fort sur la propagation de ces idéaux citoyens et solidaires et agir concrètement pour plus de vivre-ensemble.
Des associations comme Ovale Citoyen permettent par exemple d’accéder à des séances de sport gratuites, conviviales, en équipe, ouvertes à tous et toutes, sans inscription préalable. Chaque participant trouvera ainsi au point de rendez-vous donné des vêtements de sport (sauf chaussures) à disposition si besoin. L’association est également active dans la lutte contre les discriminations dans le sport. Avec son projet Le Cri du vestiaire, elle milite pour recueillir la parole des personnes qui se sont jusque-là senties obligées de taire leur orientation sexuelle ou leur identité de genre dans le cadre sportif.
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L’arrivée imminente des Jeux Olympiques 2024 à Paris soulève aussi la question de l’impact que ces grands événements sportifs internationaux peuvent avoir sur l’inclusion. L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a récemment publié deux guides indépendants afin d’aider les organisateurs de manifestations sportives d'envergure mondiale à suivre, mesurer et analyser l’impact de ces rassemblements, notamment au niveau de l’inclusion. Ces outils d’évaluation peuvent être des aides précieuses pour déterminer si et comment pérenniser les nombreuses dynamiques en faveur du sport comme vecteur d’inclusion sociale.