Sochaux : le club de foot historique ne deviendra pas une coopérative comme prévu
Le club ne se transformera pas intégralement en Scic : seul le centre de formation prendra cette forme. Un choix lié aux demandes des investisseurs privés et des collectivités territoriales.
Le club de football de Sochaux ne deviendra pas une société coopérative d’intérêt collectif (Scic). En tout cas, pas entièrement. C’est ce qu’a annoncé l’association Sociochaux qui militait pour cette transformation dans un communiqué le 22 décembre dernier.
C’était pourtant le projet qui avait été validé par le Conseil d’administration du FC Sochaux-Montbéliard en octobre : faire évoluer la structure juridique du club en Scic.
Ces coopératives fonctionnent sur un principe simple : chaque sociétaire détient une voix, peu importe le nombre de parts qu’il détient. Pour prendre des décisions, les parties prenantes sont réunies en collèges. L’un est constitué par les salariés, l’autre par les bénéficiaires et d’autres peuvent être formés par divers acteurs prenant part à la Scic tels que les collectivités.
Le centre de formation en SCIC
Au bord de la faillite à la fin de la saison 2022-2023 en raison d’une dette massive, elle-même liée à une mauvaise gestion, le club avait validé un projet de reprise du nom de « Sochaux 2028 ». Des entreprises locales et des supporters se sont mobilisés pour réunir les fonds nécessaires à l’achat. À l’initiative de l’association Sociochaux, 11 000 supporteurs avaient réuni 780 000 euros.
« Un consensus est désormais acté sur la Scic » a annoncé Sociochaux, dans un communiqué du 22 décembre, saluant « un moment historique pour le club ». L’objet du consensus : le centre de formation prendra la forme d’une Scic, et non l’ensemble du club comme cela a été prévu.
Théo Armbruster, vice-président de l'association de supporters Sociochaux salue un « compromis intéressant qui permettra de garantir le développement du club ». « Ce n'est pas une déception ou un plan B », ajoute-t-il, « mais le meilleur compromis entre les parties ». Les supporteurs, représentés par le président de l'association, conservent leur place au sein du conseil d'administration de la Société Anonyme Sportive Professionnelle (SASP) qui gère le club. Le vice-président note aussi que « la formation est quand même un actif essentiel » de la structure.
Un choix lié aux investisseurs privés
Cette Scic compose le club avec l’association FCSM, qui gère le football d’initiation et la SASP. Pourquoi avoir finalement effectué ce choix ? Il « correspond à la fois aux demandes des collectivités et des investisseurs privés », peut-on lire dans le communiqué. L'investissement des collectivités est indispensable à la reprise du club. Pour autant, elles « n’ont pas vocation à gérer un club professionnel » alors que cela aurait été le cas avec la Scic. En revanche, le soutien à la formation rentre « pleinement dans leurs compétences », précise Théo Armbruster. Elles auront toutefois un « rôle de censeur » auprès du CA de la FCSM, pour garantir le bon usage des fonds publics.
« Du côté des investisseurs privés, conserver la SASP simplifie la gouvernance », continue Sociochaux, « À la différence du modèle bastiais qui nous a inspiré, non seulement le nombre d’actionnaires est beaucoup plus important au FCSM, mais, surtout, les montants investis sont très inégaux ». Pour l’association, cela rend la gouvernance plus compliquée et « plus difficile le recrutement de nouveaux investisseurs », nécessaire à la pérennité du club. Les investisseurs auraient-ils été effrayés par modèle décisionnaire de la Scic ? Théo Armbruster garantit qu'« ils étaient vraiment ouverts à la question ». Maintenant, reste à définir précisément le mode de fonctionnement de cette Scic-filiale, un modèle qu'il qualifie d'« assez inédit ».
Célia Szymczak