Tiers-lieu : quel modèle économique ?
Le nombre de tiers-lieux est en explosion en France. Mais pour perdurer, ces nouveaux acteurs territoriaux doivent trouver un modèle économique viable.
Le nombre de tiers-lieux ne cesse de croître sur le territoire : ils sont aujourd’hui 2 500. Ils pourraient même être 3 500 d’ici à la fin de l’année. Principalement situés en zone urbaine, un certain nombre sont désormais implantés dans les territoires ruraux ou périurbains.
Qu’est-ce qu’un tiers-lieu ?
Mais qu’entend-t-on par tiers-lieu ? Ce sont des espaces physiques dont l’objectif est de faire ensemble, de créer du lien social en permettant notamment des initiatives collectives. Le travail fait la plupart du temps partie des tiers-lieux. Il se mélange à d’autres activités notamment de loisir. L’objectif est de créer de nouvelles dynamiques économiques ou sociales dans les territoires.
Mais comment financer ces lieux ? Cela peut s’apparenter à une mission périlleuse puisque ces lieux ont en leur sein les idées de solidarité et de coopération. Ils ont pour objectifs de faire se rencontrer des populations variées en devenant de vrais lieux de rencontres et de projets.
Proposer des services pour en tirer des revenus
Dès lors, comment financer ses coûts et parvenir à un modèle pérenne ? Bien évidemment, le modèle différera selon l’objectif du tiers-lieu. Mais quoi qu’il en soit, il est nécessaire de définir un certain nombre de services qu’il sera possible de proposer à la vente. Par exemple, le tiers-lieu peut mettre à disposition des espaces de coworking et même du matériel contre une rétribution financière des travailleurs. Il peut également mettre plus ponctuellement des lieux à la location notamment pour l’organisation de réunions.
Le tiers-lieu peut aller plus loin et proposer des formations, des ateliers, des conférences ou même du coaching personnalisé. Ces services seront différents selon le lieu d’implantation du tiers-lieu et donc les besoins de la population. Ils peuvent être très rétributifs s’ils sont bien mis en place. La Cité Fertile à Pantin propose des formations qualifiantes pour devenir « Responsable de tiers-lieu culturel ».
Dans certains tiers-lieux, comme les fab-labs, une autre source de financement est la mise en relation entre un résident du lieu et une entreprise qui a des besoins précis de prestations. Il est alors possible de prendre une commission.
Enfin, le tiers-lieu peut également tirer partie d’activités de loisir. Festivals, restauration ou encore bar. Il peut organiser lui-même ou louer ses espaces pour l’organisation d'événements.
Comment conserver sa mission de solidarité ?
Pour conserver son esprit social, il est possible de pratiquer la comptabilité inclusive. Ainsi, les activités payantes vont venir financer des activités gratuites. Sinny & Ooko, spécialiste de la création de tiers-lieux, expliquait à Carenews il y a quelques mois que 96 % des personnes venaient dans leurs lieux de manière gratuite.
Les subventions publiques pour développer le tiers-lieu
ll existe d’autres ressources pour un tiers-lieu. Son activité peut être financée par des fonds publics. Le financement de tels lieux est encore faible même si l’on observe un gain d’intérêt depuis quelques années. En septembre 2021, le gouvernement a annoncé un plan de 130 millions d’euros pour le développement de ces tiers-lieux avec notamment la création de 100 manufactures de proximité. Il existe également des aides financières à l'échelle départementale, régionale ou locale. La Banque des Territoires se propose également d’accompagner le développement économique de tels lieux.
Outre la structure, il est également possible de trouver des financements directement fléchés vers les activités, et non vers le lieu. Il peut s’agir notamment de financements liés à la politique culturelle.
Enfin, il est possible d’obtenir des financements privés. Que ce soit par le crowdfunding ou bien le mécénat, de nombreuses possibilités vous sont offertes. La Fondation Orange, par exemple, a lancé le 6e appel à projets “Tiers Lieux Solidaires”. Il permettra l’accompagnement de lieux implantés dans des communes de moins de 10 000 habitants.
Théo Nepipvoda