Sinny & Ooko : la recette du succès d’un tiers-lieu
Sinny & Ooko est une entreprise ESUS spécialisée dans la création de tiers-lieux. Entretien avec le fondateur, Stéphane Vatinel, pour connaître la recette de ce succès. Sinny & Ooko est topiste du Top 50 de l'entrepreneuriat à impact 2021 dans la catégorie « Accompagnement et soutien des porteurs de projet à impact ».
Cet article est issu du Top 50 de l’entrepreneuriat à impact 2021. Initié par Carenews, piloté par HAATCH et l'ESSEC et soutenu par BNP Paribas, ce classement dévoile les 50 structures (entreprises, associations, coopératives) les plus impactantes de 2021.
Découvrez le détail de la deuxième édition du Top 50 et ses lauréats dans le livre de 136 pages qui présente la méthodologie, les critères d'évaluation, les portraits, les chiffres, les analyses et dossiers de fond sur les réseaux de l'ESS ou la mesure d'impact.
Depuis 2008, Sinny & Ooko crée des tiers-lieux, ces endroits de rencontres et d’activités ouverts à tous. Parmi les lieux ouverts par cette entreprise ESUS (entreprise solidaire d’utilité sociale), on retrouve notamment le Comptoir Général et le Pavillon des Canaux à Paris mais aussi la Cité Fertile à Pantin. Ces trois espaces, très fréquentés, apparaissent comme des modèles de réussite en matière de tiers-lieux. Mais quelle est la recette du succès de Sinny & Ooko ? Le directeur général et fondateur, Stéphane Vatinel, nous livre les cinq ingrédients clés.
1. Connaître le territoire
Pour implanter un tiers-lieu, il est nécessaire de connaître le territoire. Il est essentiel de s’informer sur le tissu associatif, entrepreneurial et politique local : « le tiers-lieu est un agglomérat de toutes ces composantes », estime Stéphane Vatinel. Il considère que connaître le tissu associatif local permet notamment de dresser le portrait-robot du citoyen du territoire.
2. Ne pas confondre contenant et contenu
Il faut laisser d’autres acteurs du terrain, extérieurs au tiers-lieu, s’occuper du contenu. Il ne faut pas vouloir absolument tout gérer en tant que créateur du lieu : « nous ne sommes que des régisseurs », explique Stéphane Vatinel. Avec cet ingrédient, c’est la volonté d’avoir un espace qui appartient aux personnes qui l’utilisent.
3. Avoir plusieurs niveaux de programmation pour attirer des populations différentes
Le tiers-lieu doit avoir différents niveaux de programmation pour attirer des populations diverses, estime Stéphane Vatinel. Le premier niveau est celui lié aux utilisateurs pérennes. Par exemple, la Cité Fertile est notamment occupée par un brasseur et un collectif de menuisiers. Le deuxième niveau est lié aux structures du tissu local (associations, entreprises…) qui interviennent de manière régulière et font venir un certain type de population. Enfin le troisième niveau est la partie événementielle (conférences, concerts…) qui attire ponctuellement une autre population. Résultat : « vous allez avoir des publics différents qui vont se retrouver à l’insu de leur plein gré en connexion », explique Stéphane Vatinel.
4. Prendre en compte l’esthétique
Les lieux créés doivent être beaux et l’aspect matériel doit être pris en compte. En effet, Stéphane Vatinel explique qu’un lieu esthétique est source de bien-être : « il ne faut pas être uniquement obnubilé par la technique d’accueil, des activités, mais aussi par l’écrin à l’intérieur duquel on développe l’activité ».
5. Pratiquer la comptabilité inclusive
Le principe est simple : avoir des activités payantes qui permettent de financer des activités gratuites. Ainsi, 96 % des personnes qui viennent dans les tiers-lieux de Sinny & Ooko y ont accès de manière gratuite. Stéphane Vatinel explique que la restauration, les boissons et la privatisation sont les activités payantes qui permettent la politique de gratuité.
Théo Nepipvoda