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Par Chroniques philanthropiques par Francis Charhon - Publié le 23 janvier 2023 - 19:11 - Mise à jour le 25 janvier 2023 - 23:21
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Benjamin Pruvost (Fondation pour la Recherche Médicale) : « Nous finançons 400 projets de recherche chaque année »

La Fondation pour la Recherche Médicale (FRM) fête ses 75 ans cette année. C'est l'une des premières fondations reconnues d'utilité publique dans l'ère moderne. Benjamin Pruvost, président du directoire de la fondation, présente dans cet interview sa gouvernance originale, le soutien qu'elle apporte à la recherche médicale et aux chercheurs et son regard sur la philanthropie et son évolution dans le domaine de la santé.

Benjamin Pruvost (Fondation pour la Recherche Médicale) : « Nous finançons 400 projets de recherche chaque année ». Crédit photo : DR.
Benjamin Pruvost (Fondation pour la Recherche Médicale) : « Nous finançons 400 projets de recherche chaque année ». Crédit photo : DR.
  • Benjamin Pruvost, vous êtes le président du Directoire de la Fondation pour la Recherche Médicale, une fondation importante créée en 1947. C’était l’une des premières fondations reconnues d’utilité publique dans l’ère moderne. Pouvez-vous nous la présenter ? 

 

La Fondation pour la Recherche Médicale (FRM) fête ses 75 ans cette année. Elle a été créée par de grands médecins : les professeurs Jean Hamburger, Jean Dausset et Jean Bernard juste à l’après-guerre, pour reconstruire un appareil de recherche digne d’une grande nation comme la France. 

Une de nos spécificités est d’être généraliste. Nous finançons toutes les recherches, dans tous les domaines de la biologie et de la santé, sur toutes les maladies. Les critères de sélection sont l’excellence du projet de recherche et la qualité des chercheurs qui le porte. Nous soutenons fortement la recherche fondamentale, parfois très fondamentale que nous sommes souvent les seuls à financer à côté de l’État. L’objectif est de produire de la connaissance qui viendra nourrir d’autres chercheurs qui à leur tour vont produire de nouvelles connaissances, puis des inventions qui pourront faire l’objet de brevets avant de devenir des solutions diagnostiques ou thérapeutiques qui sauveront des vies. Le temps propre à la recherche médicale est un cycle long. C’est pourquoi il nécessite un soutien obstiné dans la durée.

Une gouvernance originale

  • Les fondations ont deux formes d’organisation, la vôtre a adopté celle du directoire et du conseil de surveillance. C’est assez original dans la mesure où elle est assez peu pratiquée. Que pouvez-vous nous en dire ?

 

Le plus souvent, les fondations et associations ont un fonctionnement avec un conseil d’administration et un directeur général. La Fondation pour la Recherche Médicale est quant à elle dotée depuis près de 20 ans d’un directoire et d’un conseil de surveillance. Le directoire est un ensemble de trois directeurs nommés par le conseil de surveillance dont un président que je suis qui ont des mandats sociaux et donc engagent leur responsabilité, y compris pénale. Ce directoire a la responsabilité de la gestion de la Fondation et le conseil de surveillance a le rôle de contrôler la bonne gestion faite par le directoire. Le principe du directoire c’est vraiment de mettre au cœur du fonctionnement de l’organisation un principe de collégialité pour la prise de décisions au sein de ce comité de direction, tout en conservant une certaine autonomie par rapport au conseil de surveillance auquel il rend compte.

Le conseil de surveillance a à ses côtés des comités consultatifs qui nous aident, nous directeurs, à établir des stratégies en matière de soutien à la recherche, de développement de nos ressources, de communication. Nous avons également un comité financier et d’audit pour nos questions de gestion financière ou de contrôle. Ils rendent leurs avis au conseil de surveillance qui vote et décide les orientations de la fondation. Charge ensuite au directoire de mettre en œuvre ces stratégies et de rendre compte au conseil de surveillance de la bonne gestion et de l’ensemble des décisions qui ont été prises entre deux conseils de surveillance.

 

  • Le conseil de surveillance est-il construit sur le même modèle que celui des fondations ? Est-il obligé d’intégrer différents types de personnalités ? 

 

Notre conseil de surveillance est composé de 16 membres dont 5 au titre des membres de droit que sont les représentants des ministères de la Santé, de la Recherche, de l’Intérieur, des Finances ainsi qu’un représentant des organismes publics de recherche. Il est complété par un collège de personnalités scientifiques, de personnalités qualifiées ainsi qu’un représentant des donateurs. 

Des financements et un soutien aux multiples formes

  • Les projets que vous financez sont ceux de laboratoires publics ou privés ? 

 

Nous finançons tous les laboratoires publics, qu’ils soient du CNRS, de l’INSERM ou des universités sur tout le territoire français. Ce qui prime dans notre sélection est vraiment la qualité et l’excellence du projet de recherche toutes pathologies confondues. Nous finançons ainsi près de 400 projets de recherche chaque année y compris au sein de gros instituts du type Curie ou Pasteur.  

 

  • Financez-vous également des bourses, des thèses, des accompagnements de jeunes chercheurs ?

 

Nous accompagnons les chercheurs tout au long de leur carrière de la thèse de sciences au post-doctorat. Nous finançons aussi des quatrièmes années de thèse car en biologie, trois ans ne suffisent pas à terminer une thèse dans de bonnes conditions et ainsi d’être publié. 

Nous avons également un programme de retour en France après une expérience à l’étranger : pour les chercheurs qui souhaiteraient revenir en France et intégrer un laboratoire de recherche. Nous accompagnons financièrement la transition et la prise en charge notamment du salaire pour permettre leur retour. L’amorçage d’équipe permet à un jeune chercheur prometteur qui commence à avoir de l’expérience. Nous l’aidons à constituer  sa propre équipe et donc à financer des chercheurs étudiants autour de lui et acheter du matériel. Nous finançons également des projets de recherche sur plusieurs années, bien souvent trois ans, pour plusieurs centaines de milliers d’euros. 

 

  • Cela signifie-t-il que ces projets ne trouvent pas suffisamment de financements publics ? Quelle est la valeur de votre apport ?

 

Nous contribuons en général à hauteur de 15 ou 20 % du budget des équipes de recherche qui, sans nous, ne pourraient mener leurs projets. L’État fait beaucoup, pas suffisamment selon certains. Nous avons du mal à avoir des chiffres très précis sur la recherche biomédicale ; les dépenses totales de recherche en santé en France ont été de 2,3 % du PIB en 2020. Leur croissance a été à peine supérieure à la croissance du PIB durant les dix dernières années. Quand on compare avec des pays comme l’Allemagne ou même la Belgique qui sont à plus de 3 %, une différence est notable.  

Ce qui est sûr, est que la recherche coûte de plus en plus cher, en talents, en matériel sophistiqué. Elle ne peut donc se passer de la générosité du public. 

 

  • Il y a aussi beaucoup de recherche privée, des laboratoires, des startups, des entreprises, qui elles-mêmes ont leurs projets de recherche dans le cadre de développement de grands laboratoires, de grandes sociétés de médicaments, par exemple.

 

La recherche et le développement de l’industrie pharmaceutique représentent chaque année, des sommes colossales. Toutefois, elles portent essentiellement sur la dimension Développement et assez peu (comparativement) sur la dimension Recherche. Les grands acteurs n’investissent d’ailleurs que très peu (voire pas du tout pour certains) dans la recherche fondamentale à un stade très précoce considérant que cela relève de la responsabilité de la recherche publique. Pourtant, la connaissance produite au stade fondamental vient irriguer et permettre toutes les inventions et innovations ultérieures. Il suffit de penser à l’ARN messager dont on a beaucoup parlé pour ses applications dans le cadre du vaccin contre le Covid, dans des délais très courts et des taux d’efficacité très élevés par rapport aux vaccins « classiques » qui ont surpris les chercheurs eux-mêmes. Cette efficacité encourage d’ailleurs, aujourd’hui, à explorer d’autres applications de l’ARN contre les cancers notamment. Or, sans recherche fondamentale et la découverte de l’ARN messager par François Jacob et François Gros, rien de cela n’aurait été possible. Cela leur a valu le prix Nobel en 1965. Nous parlions du temps long…  

 

  • Dans les chiffres que vous avez à disposition sur la recherche, que représente la FRM ? 

 

Grâce exclusivement à la générosité du public, la Fondation pour la Recherche Médicale c’est 50 millions d'euros et 400 projets de recherche soutenus chaque année. Pour vous donner un ordre de comparaison, l’institut Pasteur qui héberge des laboratoires et emploie des chercheurs engage 191 millions d'euros, l’institut Curie 77 millions d'euros, la Ligue contre le Cancer 37 millions d'euros et 16 millions d'euros pour la Fondation de France. Il existe aussi de nombreux autres acteurs, associations ou fondations, intervenant sur des pathologies particulières (Sida, Alzheimer, maladies cardiovasculaires...).

 

  • L’impression que l’on a est que la recherche soutenue par la générosité du public, est pour beaucoup tournée vers le cancer. Avez-vous un ordre des causes que vous soutenez ? 

 

Les cancers constituent une préoccupation importante de la part des Français. Mais ils ne constituent pas le seul domaine de recherche que nous finançons. En étant généraliste, la Fondation pour la Recherche Médicale finance également des recherches sur les maladies neurodégénératives, les maladies cardiovasculaires, les maladies infectieuses, les maladies rares…Les proportions peuvent varier d’une année à l’autre en fonction de la qualité des projets reçus.

 

  • Y a-t-il quelques causes auxquelles le public s’intéresse, et d’autres délaissées ? Quand nous regardons par exemple la cardiologie.

 

Le rôle de la Fondation pour la Recherche Médicale est en effet qu’aucune recherche ne soit délaissée. Les préoccupations des Français évoluent comme on le voit bien dans le baromètre de la recherche médicale 2022 qui vient de sortir, les préoccupations sont principalement le cancer, ensuite les maladies neurologiques, et ensuite toutes les autres. 

 

  • Les causes médicales ou les causes de recherche s’inscrivent elles-mêmes en troisième position dans les préoccupations des Français, puisqu’elles viennent après le social et la culture.

 

Exactement. On constate d’ailleurs aussi que les fondations d’entreprises investissent encore peu dans le secteur de la santé. Or la santé est notre bien le plus précieux. Et la recherche médicale est notre meilleure assurance vie, pour que nous vivions tous mieux et plus longtemps.

La générosité du public

  • Comment évolue l’engagement des donateurs pour la FRM ? Avez-vous l’impression que le public diversifie ses choix ? 

 

Financée à 100 % par la générosité du public, la Fondation pour la Recherche Médicale depuis 75 ans connaît une croissance en s’adaptant en permanence aux besoins de la recherche et en répondant à l’évolution des préoccupations de ses donateurs. L’année 2020 avec la crise Covid a été particulièrement exceptionnelle pour la FRM avec une croissance à deux chiffres de la générosité dont elle a bénéficié. Nous avons tous pris conscience de la fragilité de notre santé individuellement et collectivement et de l’importance de la recherche avant même que la maladie ne nous touche.  Mais en 2021 cette générosité est un peu retombée, avec le constat d’un certain effet de lassitude lorsque l’on parlait de santé. Une crise chassant l’autre, elle s’est aussi réorientée sur l’aide à l’Ukraine début 2022 par exemple. 

Collaboration et science ouverte

  • Avez-vous des relations avec des laboratoires étrangers, des fondations étrangères ? Partagez-vous des actions et avez-vous une façon de travailler collective ou collaborative ?

 

Nous avons fait le choix de nous concentrer et d’apporter des financements à des équipes de recherche basées en France. Mais en réalité, aucun projet de recherche ne se fait sans collaboration et c’est plus d’un projet sur deux qui se fait en collaboration avec des équipes à l’étranger. En France, nous avons la chance d’accueillir un grand nombre de chercheurs d’origine étrangère dans nos laboratoires. Tout comme beaucoup de nos chercheurs viennent compléter leur expérience à l’étranger. Cela vient alimenter la qualité de la recherche et des connaissances qui sont produites. Nous-mêmes, en tant que fondation, nous sommes de plus en plus en relation avec d’autres fondations de notre type mais c’est une démarche qui reste encore à développer. 

 

  • C’est à dire sur des projets communs ou sur des démarches communes ?

 

Sur des démarches communes, les sujets qui nous traversent aujourd’hui sont les questions de science ouverte. Comment développer un accès libre aux informations, aux connaissances, aux publications, voire aux données des expérimentations, sur des questions de maturation et de prématuration ? Comment accompagner les bons projets qui ont le potentiel pour déposer des brevets et pour créer des bio-techs demain ? Comment les accompagner dans un désert de financements ? Il y a tout un dispositif assez puissant du côté de la BPI, mais pour cela il faut que le projet ait déjà passé un certain nombre d’étapes et notamment celui de la création d‘entreprise. Or, la création d’une entreprise intervient parfois trop tôt et le développement de l’entreprise prend alors le pas sur l’aboutissement des recherches. Accorder du temps est précieux et nécessite des financements. C’est un des rôles dont se sent investie notre fondation.

 

  • Qu’entendez-vous par science ouverte ?

 

La science ouverte, c’est la conviction du besoin de donner un accès libre aux informations, aux connaissances scientifiques et aux données des recherches. Et que plus ces connaissances scientifiques - dont les publications - sont en libre accès, plus elles peuvent être connues et contribuer à nourrir les recherches des autres et créer de nouvelles connaissances aboutissant in fine à des inventions et des innovations. On voit tout l’intérêt de ce qui s’est passé durant la période Covid, avec une collaboration accrue et un partage des données notamment sur le phénotype des nouveaux variants qui en un rien de temps faisaient le tour du monde et étaient utilisées par des équipes partout dans le monde pour faire avancer la recherche dans l’intérêt de tous. Cet exemple récent est prometteur car la réalité de la recherche biomédicale, ce sont encore trop souvent des publications verrouillées, extrêmement onéreuses et pas toujours partagées, car derrière il y a un enjeu fort des brevets.

 

  • La présence des multi-acteurs sur une pathologie permet-elle de faire de grandes avancées ?

 

Nous croyons dans les vertus de la transversalité et de la collaboration. Nous favorisons ainsi toutes les actions et les projets qui évitent de travailler en silo. Par exemple, au moment du Covid, des molécules existantes (antirétroviraux, antipaludéens…) ont été testées pour identifier si elles constituaient d’éventuelles solutions pour ce nouveau virus. De même, face à l’efficacité du vaccin Covid à base d’ARNm, cela nous incite à tester cette technologie sur d’autres pathologies comme le cancer. Voilà comment l’enjeu de transversalité est important parce qu’il est prometteur en matière de nouvelles solutions. 

À notre niveau, lorsque nous concevons de nouveaux appels à projets, nous tâchons de stimuler la pluridisciplinarité des équipes et des projets de recherche en essayant d’attirer de nouvelles équipes de recherche et de susciter des vocations en finançant de jeunes chercheurs. Par exemple sur les maladies neurodégénératives comme Alzheimer ou Parkinson, nous incitons par exemple des spécialistes de l’imagerie médicale, de la data à s’associer à des équipes spécialistes de ces pathologies afin de croiser les regards et multiplier les pistes d’exploration pour in fine multiplier les chances de découverte : c’est la clé de l’innovation. 

Des financements complexes

  • Pour vous, quelles seraient les améliorations que vous pourriez imaginer dans l’organisation du financement de la recherche ?

 

Tout le monde convient qu’il y a un certain mille feuilles dans l’organisation de la recherche qui n’est pas toujours très lisible, entre universités, CNRS, INSERM et autres acteurs publics, parapublics ou privés. De ce fait, on peut manquer à la fois de constance dans les investissements et de clarté sur les objectifs qui sont alloués, alors que l’on a besoin d’un investissement dans la durée et avec une constance de vue. La problématique des virus émergents, tels que le Covid, n’est pas nouvelle. Et pourtant, peu de financeurs comme la FRM ont soutenu des équipes de recherche en France sur ce domaine avant 2020-2021. Il n’y a pas que la question de moyens, mais de l’organisation de cette recherche qui entraîne une déperdition d’énergie importante. Le fait que les directeurs de recherche et responsables d’équipes soient obligés de consacrer une partie importante de leur temps à chercher des financements interroge. Car c’est du temps qu’ils ne consacrent pas à leur domaine d’expertise : la recherche. 

 

  • Chaque année, un certain nombre de programmes sont définis par l’ANR, par les organismes publics de type INSERM. Ces appels à projets ne couvrent pas tout. Aussi, quand on ne travaille pas sur un des sujets des listes des thèmes d’appels à projets, comment peut-on faire de la recherche ?  Certains chercheurs ne se trouvent-ils pas ainsi sans financements ? 

 

Effectivement. Outre le fait qu’on puisse parfois s’interroger sur la vision et le manque de constance dont on aurait besoin dans les programmes et les investissements qui se succèdent, en définissant les enveloppes et ce à quoi elles sont consacrées, de fait le travail des chercheurs est orienté. Alors, soit ils adaptent le périmètre de leur recherche pour répondre aux appels à projets existants, soit ils sont convaincus que les sujets sur lesquels ils travaillent sont dignes d’intérêt et porteurs d’innovation pour le futur et alors ils se mettent en quête d’autres financeurs du type de notre fondation pour obtenir ces financements. 

La générosité nous permet d’être flexibles et réactifs et de faire preuve nous-mêmes d’innovation. Nous évoquions précédemment le financement de la quatrième année de thèse, et durant la période Covid nous avons pris la décision d’aider les étudiants en thèse pour prolonger la durée de leur CDD parce que leurs laboratoires étaient fermés, alors que pour autant ils avaient besoin de continuer à vivre.

Les associations de patients : entre stimulation et financement

  • Les organisations de patients jouent-elles un rôle important ?

 

Elles sont extrêmement importantes. Lorsque l’on parle d’une approche globale de la santé (one health), la recherche sur les diagnostics et les thérapies ne sont qu’une composante de notre santé. C’est un véritable enjeu de société. Il faut prendre en compte les patients, les aidants, les accompagnants et les associations de famille où chaque acteur a une place importante. Les associations de malades sont des aiguillons avec une composante militante pour faire bouger les choses. Cela a été extrêmement important sur les maladies rares dont on parlait peu et qui ne trouvaient de financements ni pour la recherche ni pour l’accompagnement. Souvenez-vous aussi du sida. Ce sont les activistes qui ont fait progresser la recherche et la reconnaissance sociale de cette maladie. Pour d’autres pathologies comme l’Alzheimer par exemple qui touche 900 000 personnes se pose la question des aidants et de la prise en charge du cinquième risque lié au grand âge. Les difficultés de prise en charge sont révélées par les associations chacune dans leur domaine. Elles mettent en évidence la nécessité d’une réflexion sur la prise en charge des maladies invalidantes. Elles sont devenues puissantes. Elles récoltent de l’argent pour leur cause et sont une importante source de financement pour les chercheurs y compris pour les essais cliniques et la constitution de cohortes. 

Elles sont aussi à l’écoute des patients qui ont un regard sur ce qui les concerne. Dans la recherche et la mise en place de thérapies, il y a toute la phase d’implémentation qui nécessite une participation des patients. Ces études cliniques sont très encadrées. Pour créer des cohortes il est important que les associations de patients puissent mobiliser des personnes autour de telle ou telle recherche, voire les contester parfois et y contribuer aussi, en tous les cas exercer une influence sur le cours de ces essais, avoir un poids aussi sur le coût et la disponibilité des futures thérapies. C’est un enjeu extrêmement fort.  

Parfois, cela peut tourner à la cacophonie quand les associations ne sont pas d’accord entre elles ou qu’elles contestent tel ou tel aspect de la recherche ou des traitements. Le rôle d’une fondation comme la Fondation pour la Recherche Médicale est d’essayer d’avoir une vision transversale et de tenter de concilier différents points de vue. 

 

  • Pensez-vous que la philanthropie est bien organisée dans notre pays ?

 

Tout d’abord, la philanthropie est indispensable à notre pays et au-delà des actions qu’elle permet, elle est l’expression d’un engagement citoyen indéniable, a fortiori dans une période où on peut noter un certain recul vis-à-vis du politique. La coordination des acteurs de la philanthropie est nécessaire car les enjeux sont forts et les situations parfois fragiles. 

Il n’existe pas de club des associations ou fondations autour des thématiques de la recherche médicale ou même de la santé, mais les lieux de rencontre et d’échanges entre nous ne manquent pas : le syndicat France générosités, le Don en Confiance, le Centre Français des Fondations... Nous nous voyons donc beaucoup et nous échangeons souvent. Les uns ou les autres se rendent très disponibles quand nous avons des questions. C’est précieux et une des spécificités du secteur. 

 

Propos recueillis par Francis Charhon.

 

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