Aller au contenu principal
Par Chroniques philanthropiques par Francis Charhon - Publié le 22 février 2023 - 18:59 - Mise à jour le 22 février 2023 - 18:59
Recevoir les news Tous les articles de l'acteur

[POINTS CLÉS] L'interview de Bernard Devert, Habitat et Humanisme

Prêtre, entrepreneur et profondément humain : l’histoire de Bernard Devert est celle d’un homme qui lutte obstinément contre le drame du mal-logement. Dans son interview, Bernard Devert, président d’Habitat et Humanisme, développe les ambitions de son projet original, hardi et profondément humaniste. Voici les points clés de son interview qui doit donner envie de la lire dans le détail.

[POINTS CLÉS] L'interview de Bernard Devert, Habitat et Humanisme. Crédit visuel : Carenews.
[POINTS CLÉS] L'interview de Bernard Devert, Habitat et Humanisme. Crédit visuel : Carenews.

Une bataille pour la mixité sociale

Il y a 38 ans, Bernard Devert a quitté son métier d’investisseur privé pour créer Habitat et Humanisme, une association dont l’objet est d’être un espace pour « bâtir la fraternité, pour favoriser l’égalité des chances ». Ce projet reste pertinent, car aujourd’hui, l’égalité des chances est en situation dramatique de rupture. D’un côté, il y a ceux qui ont la chance d’avoir un habitat. De l’autre, très nombreux sont ceux qui ne se contentent que d’une des machines à loger ou qui n’ont qu’un abri. En matière d’égalité des chances, il y a des quartiers perdus pour la république et aussi des hommes et des femmes qui se disent que cette société ne sera jamais la leur, qu’ils sont discriminés et à part. L’ensemble du projet est de tenter de faire en sorte qu’il y ait moins de quartiers paupérisés et de voir comment des quartiers socialement équilibrés peuvent ouvrir des portes à ceux qui les voient jusque-là fermées. Une de ses préoccupations est aussi liée aux difficultés croissantes auxquelles fait face la classe moyenne.

La Loi SRU, pour laquelle Habitat et Humanisme s’est battu, devient paradoxalement une loi qui est en train de desservir les classes moyennes. Si l’on a la volonté de travailler sur une mixité, il faut absolument qu’elles trouvent leur place. 

L’acte de construction peut être une dynamique de cet « autre-soi », à partir de la création de logements qui accueillent des publics très différents, à des âges très différents, avec des cultures très différentes et des ressources très différentes. Là où il y a des fractures, on fait naturellement appel à des actes presque chirurgicaux, des soins sont souvent lourds. L’acte de construction doit devenir cet acte de soin, c’est là tout le travail d’Habitat et Humanisme.

Organiser le financement du logement social

Ce point assez technique permet de comprendre comment il est possible de faire des montages financiers entre le privé, si les actionnaires acceptent de ne pas avoir de revenus directs, et les dispositifs publics.

L’accompagnement, pivot du dispositif 

L’accompagnement est central. Une fois obtenu un logement de qualité dans un quartier de qualité, la personne va retrouver de l’estime d’elle-même. L’accompagnement permet de révéler des talents et de permettre à la personne de comprendre qu’elle a des possibilités. C’est Lamartine qui dit : « Le réel est étroit, le possible est immense. » Le travail d’habitat et Humanisme est précisément de susciter ce possible pour que les personnes, les familles se reconstruisent. C’est aussi une invitation à leur dire : vous avez bénéficié pendant un certain temps d’une aide, aujourd’hui, vous avez réussi un parcours, ce parcours doit vous permettre d’accéder à d’autres logements moins aidés sur le plan social et vous allez à votre tour jouer une solidarité. Cela ne marche pas toutes les fois, mais nous nous apercevons que cette démarche est intéressante, car la personne se reconnaît non pas comme la personne qui a toujours été aidée, mais qui devient aussi une personne aidante.

Le bénévolat, pivot de l’organisation

Bernard Devert insiste sur l’importance des bénévoles. Ils sont 5 000 qui assurent l’accompagnement, épaulés par des associations avec des travailleurs sociaux. Si demain, il n’y avait plus de bénévoles, il n’y aurait plus d’Habitat et Humanisme. L’accompagnement est quelque chose de très difficile, mais qui est aussi passionnant. Il faut trouver non pas des gens qui ont des certitudes, mais qui ont des convictions, car ils sont persuadés que la personne qu’ils vont rencontrer a justement des talents qu’il faudrait lui faire découvrir. C’est aussi soi-même accepter dans cet accompagnement de voir aussi comment la personne accompagnée peut nous aider à changer. Au fil des années, à Habitat et Humanisme, un grand nombre des personnes venues en soutien ont changé de regard sur la société, sur elles-mêmes. Il y a parfois des gens qui savent ou croient savoir. Pourtant, à partir de la rencontre avec l’autre, ils deviennent moins absolus dans leurs analyses et les décisions qui enferment. Habitat et Humanisme est une école d’ouverture et par là-même devient une école de la fraternité.

La diversification des projets

L’évolution de l’organisation est conduite par les réponses aux besoins qui interdit d’être figé sur un modèle unique. Pour cela ont été développés l’habitat participatif, des lieux de vie et de soins, des EPAHD mixtes ouvert sur différents publics, des résidences pour jeunes, des lieux conviviaux pour vieillir ensemble travers des liens d’amitié… 

La philanthropie en action, sortir des cadres

La raison d’être et de vivre du monde associatif est précisément de sortir des cadres figés, dépasser les lignes jaunes.  Par rapport à la crise du logement, il est impossible de répondre à l’ampleur des besoins. Par contre, justement pour cette raison, il faut faire le nécessaire pour trouver des perspectives nouvelles avec souplesse et adaptation. Le projet est hardi, pour avancer, il doit sans arrêt dépasser les contraintes administratives, lutter contre les silos qui empêchent la transversalité, donc la résolution globale des problèmes.

Le mécénat est aussi un pilier essentiel du dispositif. Les dons sont importants parce qu’ils permettent d’inventer, d’innover et donnent la flexibilité et la possibilité de lancer des actions qui ne correspondent à aucun dispositif. Ils ont permis des projets très novateurs, coûteux, sans rentabilité avant de nombreuses années.  

Le mécénat d’entreprise est très important, sur le plan financier naturellement, mais aussi pour ouvrir des perspectives pour l’association et aussi pour les entreprises et leurs salariés. Par exemple, Habitat et Humanisme a beaucoup travaillé sur la question de l’intergénérationnel avec l’un des premiers grands groupes français, Altarea Cogedim, très intéressé par la question du logement et la santé. Cela rejoint notre préoccupation d’allier ces deux notions.  Avec des entreprises se montent des opérations qu'il est impossible à réaliser seuls. Il y a là quelque chose de tout à fait intéressant pour ne pas non plus laisser le monde associatif aux marges des situations de pauvreté, mais de voir comment la société peut appréhender globalement de nouvelles approches.

 

À lire
Lisez l'interview complète de Bernard Devert, président d'Habitat et Humanisme, sur le blog Chroniques philanthropiques.

 

Fermer

Cliquez pour vous inscrire à nos Newsletters

La quotidienne
L'hebdo entreprise, fondation, partenaire
L'hebdo association
L'hebdo grand public

Fermer