Aller au contenu principal
Par Fondation Afnic pour la solidarité numérique - Publié le 8 avril 2022 - 10:00 - Mise à jour le 8 avril 2022 - 10:00
Recevoir les news Tous les articles de l'acteur

Fondation Afnic : Kfé Papote dédié aux femmes dans le numérique

La Fondation Afnic propose régulièrement des moments d'échanges thématiques à ses lauréats. Il y a quelques semaines, le Kfé papote " Femmes et Numérique" a été l'occasion de rencontrer 3 belles associations : En avant Toutes, Le Mouvement du Nid - antenne Martiniquaise et Moi dans 10 ans. Elles sont venues présenter leurs projets au centre desquels les femmes sont les reines !

Kfé Papote de la Fondation Afnic
Kfé Papote de la Fondation Afnic

En Avant toutes

La mission de l’association En avant toutes est d' accompagner des femmes victimes de violences sexistes et sexuelles, de sensibiliser les publics jeunesse et le grand public aux violences sexistes.

Aurélie a dressé un panorama de l’amour de nos jeunes qui peut déranger, mais toujours avec humour, bienveillance et optimisme, même quand la situation est triste.

Les associations partagent ce constat : les jeunes femmes (16-25 ans) sont surreprésentées parmi les victimes de violences conjugales (1 jeune femme sur 7 en est victime, pour 1 sur 10 tous âges confondus), mais très peu d’entre elles se saisissent des dispositifs d’aide existants (numéros nationaux, associations).

Les violences que subissent ces jeunes femmes sont génératrices de honte, de forte culpabilité et de repli sur soi ; les plus jeunes rencontrent en outre des problèmes spécifiques, comme la minimisation de leur vécu (perçues comme “moins serieuses” quand elles ont 17 ans, dans des relations de couple moins institutées), ou encore l’incapacité d’en parler à leurs parents.

Or, les associations peinent à "capter" ce public : les jeunes femmes n'osent pas décrocher leur téléphone pour appeler les numéros nationaux, elles se sentent peu représentées dans les campagnes de communication qui affichent généralement des femmes mariées, plus âgées, et le recours à la démarche administrative et judiciaire peut les effrayer et les décourager.

Pour intervenir efficacement, deux outils ont été déployé par l’association En avant toute(s) :

  • le site internet commeonsaime.fr dédié uniquement à la sensibilisation aux violences, écrit avec un ton positif et une démarche ludique, proche de leurs préoccupations, Ce site propose beaucoup de contenus, notamment autour du rapport au corps et des sexualités, avec des articles adressés spécifiquement en direction de personnes LGBTQIA+ et/ou en situation de handicap, des quizz de prévention des violences et déconstruction des stéréotypes sexistes
  • Et le tchat - outil soutenu financièrement par la Fondation Afnic - pour que les victimes puissent se confier sur les violences qu'elles vivent, ou  verbaliser les questions qu’elles se posent au sein de leurs relations. Accompagnées par des professionnel.les à l’écoute et sans jugement, elles sont écoutées, conseillées, soutenues dans leurs choix et dans leurs démarches ; elles sont redirigées si nécessaire vers des structures pouvant les aider. Ce tchat, ouvert du lundi au samedi de 10h à 21h, permet un accompagnement en toute confiance, anonyme, sécurisé et gratuit.
Le tchat en chiffres
En 2021, l’association a réalisé près de 5000 tchats, permettant d’aider des personnes victimes et les accompagnant dans leur sortie des violences. Actuellement 93 % sont des femmes, 62 % ont moins de 26 ans et 10 % sont mineur.e.s

Aujourd’hui , l’association a pour objectif l’extension de son tchat, à la fois en termes d’horaires, en ouvrant plus tard le soir pour coller aux pratiques des jeunes qui ont tendance à se connecter plus tard, quand le tchat est encore fermé, mais également en terme d'extension géographique. En effet, aujourd’hui, très peu de personnes issues des territoires d’outre-mer se connectent au tchat, alors que les besoins y sont particulièrement élevés (taux de violences 7 fois plus élevé en Polynésie et en Nouvelle Calédonie par rapport à l'hexagone).

Ici, l’objectif est d’ouvrir des antennes relais d’ici trois ans, après avoir réalisé une étude de terrain permettant de faire un état des lieux des besoins en matière d’accompagnement, et  de créer des partenariats renforcés avec des structures locales.

Parce qu’on milite pour être tou·te·s aimé·e·s et respecté·e pour qui on est !

Mouvement du nid – Antenne Martinique

Emilie, du Mouvement du Nid - Délégation de Martinique était présente pour nous parler du projet "E-Mujeres".

Pour rappel, le Mouvement du nid a pour but d’agir sur les causes et les conséquences de la prostitution en vue de sa disparition.

Emilie a dépeint la situation  sans complaisance :  les femmes victimes de prostitution font face à un grand nombre de discriminations et le monde de la prostitution en général est sujet à des fantasmes en tous genres. Ainsi, en Martinique, encore plus qu’ailleurs, très peu de programmes adaptés sont proposés à ces femmes qui paradoxalement ont le plus de besoins. Les femmes en situation de prostitution à la Martinique sont essentiellement d'origine haïtienne, vénézuélienne et dominicaine.

Elles se trompent dans leurs démarches d’accès aux droits - ne sachant pas comment s’actualiser sur Pôle Emploi ou faire leur déclaration trimestrielle pour la CAF, beaucoup ne reçoivent donc aucune aide de l’État , presque aucune ne fait de demande d’APL ou de logement social, presqu’aucune ne connait les démarches pour entamer un parcours de formation et d’insertion professionnelle.

Elles n’ont en général pas accès à un ordinateur, n’ont pas les compétences pour accompagner leurs enfants pour les devoirs sur ordinateur ; Elles ne savent pas réaliser un CV sur ordinateur et ont un usage exclusivement personnel des réseaux sociaux (et non à des fins professionnelles) et publient des images d’elles-mêmes hyper sexualisées.

Le projet E-Mujeres présenté à la Fondation Afnic en 2020 visait à faite monter en compétences et connaissances numériques, les femmes victimes de prostitution à l’aide d’ateliers numériques pour favoriser leur accès aux droits et leur insertion socio-professionnelle au sein d’un espace sécurisé et sécurisant. L’espace numérique qui accueille les apprenantes est aujourd’hui équipé de 11 ordinateurs et de quelques autres matériels internet.

Si initialement, le projet prévoyait 2 formations de 3 mois, avec 4 heures de cours hebdomadaire, le rythme et le nombre d’ateliers ont été très vite modifiés : ryhtme trop soutenu, arrivée de nouvelles apprenantes chaque semaine, capacité d’accueil du lieu  limitée,  nombre d’ordinateurs insuffisant … sans oublier que  le  niveau informatique  trop hétérogène entre les apprenantes ne permettait pas  une bonne prise en charge des femmes. Le groupe a donc été divisé en deux, par niveaux avec une session débutante d'1h30 et une seconde session avec un niveau intermédiaire/avancé d'1h30 également. 

Ainsi, au bout de plusieurs mois, elles disposaient d'une adresse mail, savaient rédiger un CV et une lettre de motivation, pouvaient se servir de Pôle emploi, utiliser Google Maps ou vérifier une source internet.

Suite à la formation, une bénéficiaire s’est inscrite en Master Sciences de l’éducation à l’Université des Antilles, les cours sont à distance et elle utilise les connaissances acquises lors de la formation pour réaliser ses devoir sur l’ordinateur et les transmettre par email. Elle est désormais presque autonome et réalise ses devoirs dans l’espace dédié à la permanence informatique.

Elles ont également appris à faire des campagnes de crowdfunding, et une d’entre elles a pu s’acheter un ordinateur grâce à ça et en découvrant Marketplace, 2 apprenantes ont ouvert une petite boutique de vêtement en ligne.

Au fil des séances, certaines ont souhaité télécharger des applications à visées pédagogiques, telles que Duolingo pour apprendre le français, ou des applications pour apprendre le code de la route.

E Mujères en chiffres
68 femmes ont participé aux cours d'informatique avec une moyenne de participation de 13 femmes par cours ; En moyenne, chaque femme a participé à 12 cours (certaines ont participé à moins de 5 cours alors que d'autres ont participé à plus  de 20 cours)

 

Un espoir ! Que les permanences numériques soient animées par une ou deux femmes ayant suivi les cours  informatique depuis le début.  Pour le moment c’est une étape trop dure à franchir alors  un service civique est venu apporter l’aide nécessaire.

La situation s’est sans nul doute améliorée, les femmes sont devenues plus autonomes gagnant en confiance… mais cela reste quand même compliqué car plupart d’entre elles ne parlent pas le français.  Aussi, le Mouvement du Nid Martinique a ouvert un nouveau projet : suivre des cours de français en ligne via l’application Babbel… car la langue est la première barrière à l’intégration.

Le nouvel objectif de l’équipe :  leur faire passer le test Français langue étrangère pour qu’elles puissent muscler leurs dossiers professionnels.

Moi dans 10 ans

L’association Moi dans 10 ans accompagne les collégien·nes de 3ème et les lycéen·nes issu·e·s de quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), de zones rurales ou scolarisé·e·s en réseau d’éducation prioritaire (REP/+) de la région Pays de Loire dans leur choix d’orientation scolaire et professionnelle.
 
En partenariat avec l’entreprise sociale Myfuture, l’association a développé une plateforme web, stagedecouverte.fr, facilitant la recherche de stages de découverte et de ministages de 1 à 5 jours pour les élèves de 14 à 20 ans, de la 3ème à Bac+3. 
 
Numérique pour toutes ! – projet déposé en 2020 auprès de la Fondation Afnic a pour but de favoriser l’accès des femmes aux métiers du numérique en permettant aux élèves de rencontrer des professionnels volontaires pour découvrir leur métier et leur donner envie de poursuivre dans cette voie.
 
La part des jeunes femmes dans les filières et les métiers techniques, scientifiques et numériques stagne voire diminue depuis quelques années. Si 33% de femmes travaillent dans le secteur du numérique, elles sont seulement 15% à occuper des fonctions techniques, davantage perçues comme des professions masculines. Cette sous-représentation des femmes dans le numérique a un impact d'une part, sur l'efficacité de ces organisations dans lesquelles les équipes techniques sont souvent exclusivement masculines, et d'autre part sur la façon dont sont conçus un certain nombre d'objets, services, applications ayant pourtant une vocation grand public, voire s'adressant uniquement à des femmes.
L’objectif de ces immersions est de montrer aux jeunes femmes le champ des possibles dans le secteur numérique, créer des vocations et dévoiler leur potentiel.
 
Les stéréotypes de genre sont des freins bien réels à une orientation choisie et ce dès le choix des études ! 
 
Il est indéniable que les immersions sur le lieu de travail sont  un levier d’action efficace à différents
points de vue :
  • C’est un excellent moyen de découvrir de façon concrète un domaine d’activité, de se projeter et ainsi de valider ou non un intérêt pour un ou plusieurs métiers ;

  • Pour des jeunes qui sont peu à l’aise à l’école, c’est une excellente façon de donner du sens au parcours scolaire, en les confrontant à des parcours variés de professionnels qui témoignent de leurs propres choix et difficultés rencontrées ;

  • C’est également un levier efficace pour développer l’employabilité et faciliter l’insertion des jeunes : à profil comparable, un candidat qui a réalisé des immersions courtes a beaucoup plus de chance ensuite de décrocher un premier contrat d’alternance ou un stage long.

Au moment de la crise sanitaire, Myfuture et Moi dans 10 ans ont proposé une diversité de stages virtuels aux collégiennes de troisième afin de palier à leurs difficultés d’immersion en présentiel. Plusieurs semaines ont été dédiées aux métiers du numérique, avec presque 50% de participantes ! 
 
Aujourd’hui, Moi dans 10 ans, soutenue par le Ministère chargé de l’Egalité entre les Femmes et les Hommes, continue son engagement en faveur de la mixité dans les métiers dans les métiers du numérique : 
  • D’une part, l’association développe et anime une séquence pédagogique - au sein des établissements scolaires - afin de sensibiliser les collégien·nes et lycéen·nes aux stéréotypes de genre dans les métiers. La séquence, découpée en quatre temps, favorise la rencontre avec des professionnel·les du secteur et permet aux élèves de visiter des entreprises du numérique.
  • D’autre part, Moi dans 10 ans organise et anime des sessions de stage collectif à destination des élèves de troisième. Certains de ces stages sont dédiées à la découverte des métiers du numérique, à l’image du partenariat mené avec le programme Amazon Future Engineer qui facilite l’accueil d’élève en immersion, en particulier les jeunes femmes. 

Cette rencontre a été riche en enseignements. Les participants inscrits à ce Kfé Papote sont repartis avec des idées plein la tête et des coordonnées utiles dans leurs poches. La Fondation Afnic poursuit ainsi la mise en réseau des lauréats : un nouveau Kfé Papote est d'ores et déjà programmé ! 

Isabel Toutaud - Déléguée de la Fondation Afnic 

 

Fermer

Cliquez pour vous inscrire à nos Newsletters

La quotidienne
L'hebdo entreprise, fondation, partenaire
L'hebdo association
L'hebdo grand public

Fermer